26 octobre 2023

Le gâchis des occasions manquées (2. Editorial)

Je regarde ”l’Amérique face à l’Holocauste”, sur Arte ce mardi 17 octobre 2023.
Aveuglement de la population. Roosevelt, isolé, n’arrive pas à convaincre son pays d’accueillir les juifs qui fuient l’Allemagne nazie et l’Autriche tout juste annexée.
Aucun autre pays du monde n’accepte d’accueillir des immigrés, chacun ayant des arguments pour fermer ses frontières.
(Tiens, on est en 1937 : c’est juste comme maintenant à l’égard des réfugiés de toute origine ! Presque 85 ans plus tard…)

Devant le sort des Juifs qui ne savent où aller face à une Amérique qui refuse de voir la réalité et soutient même Hilter, grenaillée par la propagande nazie et heureuse de vendre ses produits et ses armes à l’Allemagne, je suis ébahi, renvoyé à l’actualité toute récente et je souffre de replonger dans cette vieille histoire que depuis une éternité, être Juif, porter un prénom ou un nom juif, vous rend infréquentable, voire pire, de la part du monde entier. Alors oui, sans doute que l’existence d’un pays refuge, Israël ou un autre, était indispensable, particulièrement dans les années 39-45.

Mais depuis lors, que d’occasions manquées, de part et d’autre, que d’erreurs de jugement, que de maladresses et de refus de collaborer de part et d’autre.

A l’égard des Palestiniens, le refus de reconnaître la douleur de ce peuple qui a perdu son pays, ses villages, ses maisons, juste déjà simplement de manifester de l’empathie, a manqué chez la plupart des Israéliens et des Européens.

On aurait pu simplement, au minimum, reconnaître que les Israéliens étaient établi sur la terre d’un autre peuple, qui a perdu son pays, ses villages, ses maisons, ses champs, ses oliviers, ses sources, et que cela méritait d’être reconnu, avec compassion.

C’eût été le minimum.
Mais plus aurait bien entendu été nécessaire : partager.
Partager la terre, partager la vie, accepter deux peuples sur une même terre, combien d’autres pays l’ont fait, dans la douleur ou dans la générosité.

Ou alors, accepter un Etat palestinien à côté d’Israël. Si un seul Etat multiculturel - et surtout multi-religieux - n’était pas possible, au moins accepter deux Etats voisins, vivant des échanges humains, culturels et commerciaux dans l’harmonie.

L’imbécilité des religieux de chaque bord a empêché cela.

Le délire des extrémistes nationalistes et religieux a entraîné les uns et les autres dans une spirale de haine, de violence, de massacre, de rancoeur que me faisait dire, il y a des dizaines d’années déjà, que la paix dans ce pays demanderait au moins 500 ans pour advenir.

Je n’ai pas changé d’avis. Je le crois toujours. Il m’est impossible d’imaginer que la paix ne puisse s’établir un jour. L’idée d’une guerre perpétuelle, éternelle, m’est insupportable. Oui, certes, la paix viendra. Mais il faudra sans doute 500 ans pour qu’on y arrive, les uns et les autres.
500 ans ou plus encore…

Comment ne pas entendre alors avec bonheur, ce dimanche soir, Ofer Bronchtein, Président du forum international de la Paix, dans l’émission "En société", présenté par Karim Rissouli, ce dimanche 22/10/2023 ? (1) :

"L’idéologie du Hamas ne se tue pas avec des balles, mais avec des écoles"

On me dira que je cible trop Israël et pas assez les Palestiniens. Peut-être avec raison. 

Mais le faut aussi comprendre ma déception.

Avant 1967, j’aimais bien l’esprit des kibboutz, j’avais des disques avec les musiques et les danses israéliennes (que j’ai dansées). Comme la plupart des gens de gauche des années 60, j’avais un à-priori pour le peuple juif victime du nazisme et lui aussi, exclus, dépossédé, et j’avais une sympathie naturelle pour l’existence d’Israël.

 Puis, en 1967 (j’avais 29 ans), j’étais en Algérie, travaillant au ”Secours National Algérien” auprès des ”Yaouleds Chaab” (2) les "Enfants des rues" devenus ”Enfants du Peuple”.
Arrive la guerre des 6 jours (en juin 1967). Israël attaque l’Egypte, la Jordanie et la Syrie.
J’ai vécu, solidairement avec la population algérienne, très intensément, la peur d’une attaque d’Israël contre l’Algérie, terreur fantasmée partagée par beaucoup de peuples arabes.

Pour moi, comme pour beaucoup d’autres, ce fut un grand retournement. Ma solidarité avec le peuple israélien, opprimé, est devenue une solidarité avec le peuple palestinien, dépossédé.

Une solidarité à toute épreuve, sans trop d’hostilité à l’égard des juifs d’Israël, tandis que je gardais pleine et entière ma sympathie et mon amitié pour mes amis juifs d’ici.
Puis, trente ans plus tard, je suis parti avec Marco, un ami juif, dans un voyage de solidarité avec le peuple palestinien, en Palestine et à Jérusalem.

M’a beaucoup touché et interpellé le fait que ce simple voyage a été perçu et apprécié par les Palestiniens comme une preuve de soutien. De leur existence, de leur cause, de leur culture, de leurs luttes.
Ce que j’ai vu m’a laissé des traces indélébiles, que je n’oublierai jamais : les colonies, les camps de réfugiés, le traitement des palestiniens par les colons, l’eau et les terres accaparées, les oliviers arrachés, le mur de séparation, les check-points, les appropriations des toits des maisons palestiniennes par les colons à Jérusalem…J’ai rendu compte de tout cela du mieux que j’ai pu dans des articles de mon bulletin de L’Arcenciel, devenu un site et puis ce blog larcenciel-Palestine.
Dans l’Edito du numéro spécial ”Palestine”de Larcenciel (https://larcenciel.be/9), j’écrivais :

”Si la paix n’est pas signée, nous a dit quelqu’un, d’ici quelques années tout va exploser.”

Or la paix n’arrivera ni du chef des Palestiniens, totalement réduits à l’impuissance, ni du chef d’un Israël tout puissant et assuré d’une totale impunité et du soutien indéfectible des États Unis. Seule une intervention internationale vigoureuse pourra faire avancer les choses. Mais qui le veut vraiment ?
Le peuple Palestinien se sent véritablement abandonné de tous.”
(Cétait en 2006)


En définitive, et pour boucler la boucle, j’en reviens au gâchis et aux occasions manquées.

On pourrait dire que la question palestinienne se joue à quatre : les Juifs ordinaires, croyants ou non, les Juifs religieux orthodoxes, les Arabes ordinaires, croyants ou non, et les Arabes musulmans islamistes, nébuleuse dont l’éventail est fort vaste, et intriqué.

Si j’ai tendance à mettre sur le même pied les extrémistes religieux juifs et musulmans, je n’oublie pas l’influence néfaste et perfide des extrémistes chrétiens, particulièrement évangélistes, qui rêvent d’un grand Israël débarrassé des arabes afin de faciliter le retour de Christ à Jérusalem, et soutiennent dès lors les religieux juifs qui partagent aussi le même mythe du retour au Grand Israël. (3)

Sans compter tous les autres acteurs de la communauté internationale, essentiellement occidentale, qui a créé le problème judéo-palestinien, et l’a entretenu jusqu’à présent. Et dont la responsabilité est immense. 

Les différentes lectures que je vous présente ici et dans le dossier de larceciel "Le gâchis des occasions manquées", éclairent bien les responsabilités internationales, en grande partie occidentales, dans le conflit israélo-palestinien.

Michel Simonis,
Octobre 2023

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(1) https://www.france.tv/france-5/en-societe/5320272-emission-speciale-israel-palestine-la-paix-impossible.html

Ofer Bronchtein est président du Forum international pour la paix et la réconciliation au Moyen-Orient, ONG qui promeut le dialogue entre Palestiniens et Israéliens. L'auteur est un ancien collaborateur d'Yitzhak Rabin, premier ministre travailliste de l'État d'Israël, cosignataire des accords d'Oslo avec Yasser Arafat en 1993 et assassiné en 1995. 

"Les événements récents constituent un tournant majeur dans l'histoire d'Israël. Pour la première fois de son existence, l'État hébreu est attaqué en plein cœur, avec une barbarie inexplicable, inexcusable. S'il est évident que nous allons faire face à de la violence extrême de part et d'autre, la tristesse, l'effroi et la colère devront progressivement laisser place au dialogue et à la réconciliation. Ce choix ne sera pas facile, mais il n'existe pas d'alternative militaire au conflit israélo-palestinien."

"Ce conflit ne sera jamais résolu par la violence. mais par le respect mutuel, l'humilité la générosité et pourquoi pas, un jour le pardon."

(2) https://souffleinedit.com/nouvelles/zoubida-belkacem/

(3)  Les chrétiens évangéliques, meilleurs alliés d’Israël
Le rêve d'un Etat englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza, «Eretz Israël Ha'Shlema», littéralement, la terre d'Israël complète, mythe oublié entre 1948 et 1967, a resurgi au lendemain de la guerre des Six Jours, dans l'ivresse d'une victoire éclair sur les armées arabes. Le Grand Israël désigne alors tous les territoires conquis durant la guerre. Pour de nombreux Israéliens, il ne saurait être question de se retirer de ces territoires «libérés».

Le concept d'Eretz Israël remonte à la Bible, et ses frontières ont fait l'objet d'interprétations multiples. Mais l'idée que ce territoire imaginaire revienne, dans son intégralité, au peuple juif, dans le présent, au nom de l'Histoire, de Dieu ou d'impératifs de sécurité, est tout à fait moderne. (https://www.liberation.fr/tribune/2005/01/10/le-grand-israel-fin-d-un-mythe_505597/)

”Convaincus que l'établissement d'un Etat juif en Palestine est l'accomplissement de la prophétie biblique, les 40 millions de chrétiens évangéliques, essentiellement américains, qui constituent la base électorale la plus solide du Parti républicain, sont pour la plupart de fervents sionistes. Ils  voient en nous le « peuple élu » et attribuent un rôle décisif aux Juifs et à l´Etat d´Israël dans le projet divin pour la fin des temps. Leur finalité hautement stratégique est tissée autour du Grand Israël dont l’objectif principal est d’amener les Juifs du monde entier à revenir sur la terre de leurs ancêtres... et de se convertir. Ce qui annoncerait, selon leurs Ecritures, la nouvelle venue de leur messie. 
C’est pourquoi ils soutiennent financièrement et politiquement l’Etat hébreu et se présentent comme les meilleurs amis et soutien du peuple juif.” (Noémie Grynberg, ”Les évangélistes et Israël : un ‘’amour’’ à double tranchant”)

 

 


23 octobre 2023

Conflit entre Israël et le Hamas : «Après la guerre, la négociation va repartir de zéro»

" Lorsque l'ancien ambassadeur Alon Liel, ancien directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, décroche le téléphone, il est encore bouleversé. Il revient juste des funérailles d'un de ses anciens étudiants. Bengi Trakniski avait 33 ans, il a été tué dans le kibboutz Be'eri. La cérémonie a été douloureuse. « C'est un crève-cœur. La situation est horrible. Nous pleurons tous. » Et pourtant, ce partisan infatigable de la paix enchaîne en expliquant qu'il y a beaucoup de raisons d'espérer: « Cette guerre peut être l'occasion de changer le cours des choses et de mettre fin à une longue période d'indifférence au sort des Palestiniens», affirme-t-il dans un entretien à « l'Obs ». Selon lui, le choc du 7 octobre n'a pas éloigné la perspective d'une solution de paix autour de deux Etats vivant côte à côte, au contraire : elle redevient envisageable." (Le Nouvel Obs, octobre 2023

   
Selon Alon Liel, ancien haut diplomate israélien engagé pour la paix, l’acte barbare du Hamas a rebattu entièrement les cartes, affaiblissant Israël et remettant la question palestinienne au sommet des priorités internationales.


Propos recueillis par Pascal Riché - Publié le 19 octobre 2023 · Mis à jour le 20 octobre 2023

Pour Alon Liel, ancien directeur général du ministère des Affaires étrangères et ancien ambassadeur en Afrique du Sud, la guerre en cours va changer du tout au tout la donne en Israël. La période où les Palestiniens étaient ignorés par Israël et par la communauté internationale est terminée. A condition que le Hamas soit terrassé, assure-t-il, les négociations pour une solution à deux Etats reprendront après la guerre en cours.


Les responsables des grands pays occidentaux insistent de nouveau sur la nécessité d’un processus de paix pour aboutir à deux Etats. Est-ce encore réaliste ?


Alon Liel : Je pense que la « solution à deux Etats » est moins difficile à atteindre aujourd’hui qu’avant le 7 octobre. Tout se passait comme si on avait complètement renoncé à cet objectif. Pendant dix ans, il n’y a pas eu une seule négociation. Rien.

 (la suite sur le site du Nouvel Obs)

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Voir aussi

En société - Émission spéciale du 22 octobre 2023 : Israël-Palestine, la paix impossible ?

En société, présenté par Karim Rissouli, est le nouveau rendez-vous du dimanche soir

Invité : Ofer Bronchtein, président du Forum international de la paix

Document : Gaza, la catastrophe humanitaire
La Story : Hamas, la stratégie du chaos
Reportage : Israël, l'armée du peuple
Invitées : Aïcha Béchir, professeure de philosophie et Hanna Assouline, fondatrice du mouvement "Les guerrières de la paix"

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21 octobre 2023

L'avis d'Elena Aoun sur les évènements qui se passent actuellement en Israël et en Palestine ?

 "Certains Palestiniens ne connaissent que le contrôle d’Israël"

 Comment lisez-vous les évènements qui se passent actuellement en Israël et en Palestine ?    

L’avis d’Elena Aoun, professeure et chercheuse en relations internationales à l’UCLouvain. (1)

La Libre, 10 octobre 2023

Une façon de comprendre la situation actuelle est de remonter dans le temps et de s’appuyer sur le droit international. La création d’un foyer national juif au lendemain de la Première Guerre mondiale est déjà un acte colonial. Après la Seconde Guerre mondiale, le plan de partage est refusé par les Palestiniens qui ne comprennent pas pourquoi ils doivent faire de la place à des Juifs européens alors qu’ils n’ont eux-mêmes pas joué de rôle dans la Shoah. Un État israélien est créé, mais aucun État palestinien. Depuis, les Palestiniens sont dans un entre-deux : il y a ceux qui restent dans ce qui est aujourd’hui Israël, et ceux qui fuient dans des camps en Cisjordanie et à Gaza. En 1967, ces zones tombent sous le contrôle israélien, et depuis, toute la politique menée par Israël est en violation directe avec les conventions de Genève – des traités internationaux qui dictent les règles de conduite à adopter en cas de conflits armés. 

Aujourd’hui, on a des générations de Palestiniens qui ne connaissent rien d’autre que le contrôle violent par Israël, et qui voient malgré tout la communauté internationale en rester proche. Il y a un poids symbolique, psychologique, politique et économique énorme qui pèse sur leurs épaules, et qui finit par conduire à ces éruptions de violence. Personne ne s’attendait aux attaques du 7 octobre, mais la violence de la révolte, elle, était prévisible. Humainement, rien ne justifie une violence aussi débridée, mais scientifiquement, c’est une position normative et philosophique qui se comprend. Quand on travaille sur les conflits internationaux, on se rend compte que les “solutions” qui passent par un déséquilibre des puissances vont forcément nourrir la violence. Dans l’immense majorité des cas de colonisations, il a fallu recourir à une forme de conflit violent pour aller vers l’indépendance.

Que recommandez-vous pour aborder le sujet dans toute sa complexité et sans tomber dans une polarisation peu constructive, voire dangereuse ?

Ces dernières années, on observe une difficulté de plus en plus marquée à pouvoir parler du conflit israélo-palestinien en visibilisant la position et le quotidien des Palestiniens. Il faut pouvoir aller au-delà de la dichotomie “Palestine = terroriste” et “Israël = puissance vertueuse”. Oui, on peut parler d’actes terroristes de la part du Hamas aujourd’hui. Mais pour parvenir à apaiser les tensions et tenter de résoudre le conflit, il faut aller plus loin que ce constat et se poser les bonnes questions. À mon sens, il faut tenter de comprendre le caractère structurel de la situation pour poser un bon diagnostic sur cette violence palestinienne récurrente, qui ne fait que répondre à une multiplicité de formes de violences israéliennes.
Ce conflit est compliqué, et pour pouvoir l’appréhender au mieux, je conseille de se documenter. On peut commencer en relisant les conventions de Genève, par exemple. Il y a aussi les rapports d’ONG extrêmement sérieuses, comme Human Rights Watch. Il est également intéressant de se pencher sur le travail des ONG israéliennes qui documentent elles-mêmes les exactions israéliennes dans les territoires palestiniens. L’objectif est de se faire une idée relativement précise de la situation sur le terrain.
Il faut, quoi qu’il arrive, bien garder en tête les enjeux qui entourent ce conflit. Il se greffe sur une histoire extrêmement douloureuse, pour les Juifs évidemment, mais aussi pour les Européens, qui ont été partie prenante dans le drame de la Shoah, et dans tout ce qui a mené les sionistes européens à se dire qu’ils n’avaient pas d’avenir en Europe et qu’ils devaient trouver un foyer national ailleurs. Israël, c’est l’histoire européenne avant d’être l’histoire du Moyen-Orient.

https://www.lalibre.be/debats/ripostes/2023/10/10/conflit-israelo-palestinien-la-paix-sera-possible-le-jour-ou-il-y-aura-deux-gagnants-et-deux-perdants-HFRSJCLN5BCKLFIHNPTLV35AAY/

 (1) Elena Aoun a effectué un doctorat en Sciences politiques à Sciences-Po Paris et un post-doctorat à l’Institut d’études européennes des Universités de Montréal et McGill.
Elle a enseigné à l’Université Libre de Bruxelles et à l’Université de Namur avant de passer à l’Université Catholique de Louvain. 
Ses recherches portent sur la politique étrangère de l’Europe au Moyen-Orient, notamment sur le conflit israélo-palestinien, les différentes crises du Moyen-Orient et le maintien de la paix. 
Elle est aussi membre du Centre d’étude des crises et conflits internationaux (CECRI), du Réseau de recherche francophone sur les opérations de paix (Université de Montréal), de l’International Studies Association et collaboratrice au centre de Recherche et Enseignement en Politique internationale (REPI – ULB).  

A lire aussi sur larcenciel des extraits de son article L’Union Européenne et le conflit israélo-palestinien, Elena Aoun et Mélodie Le Hay
, Les clés du Moyen-Orient - Publié le 13/12/2013 • modifié le 01/06/2016.

20 octobre 2023

OCTOBRE 2023 : Le gâchis des occasions manquées (1)

Cela fait deux ans que je n'ai plus rien publié dans ce blog.

L'actualité de ce mois d'octobre 2023 rend d'autant plus nécessaire de faire écho à ce qui se passe, avec quelques prémisses. 

Comment ne pas ressasser les mille commentaires qui nous assaillent de partout dans les médias, qui répètent à l'envi les mêmes considérations, sans véritable mise en perspective, sans approfondir avec les événements historiques qui ont précédés ?

Ne pas dissocier la tête et le ventre, disait Delphine Horvilleur. Mais on risque d'oublier qu'entre la tête et le ventre, entre la raison et les émotions, il y a le coeur, la compassion.

Dans l’Edito du numéro spécial ”Palestine”, en 2006, (https://larcenciel.be/9), j’écrivais :  

”Si la paix n’est pas signée, nous a dit quelqu’un, d’ici quelques années tout va exploser." (C'était en 2006, il y a 17 ans.)

Aujourd'hui, Avaaz nous interpelle ainsi : 

Gaza est une crèche entourée de barbelés. Une crèche sous les bombes.
La moitié des habitants de Gaza sont des enfants.
Le Hamas a perpétré des atrocités impensables. Mais les enfants de Gaza sont innocents. Nous avons la même responsabilité envers tous les enfants, de chaque côté des barbelés qui les séparent.
(Avaaz)

 Une spirale de haine, de violence, de massacre, de rancoeur me faisait dire, il y a des dizaines d’années déjà, que la paix dans ce pays demanderait au moins 500 ans pour advenir.

Je n’ai pas changé d’avis. Il m’est impossible d’imaginer que la paix ne puisse s’établir un jour. L’idée d’une guerre perpétuelle, éternelle, m’est insupportable. Oui, certes, la paix viendra. Mais il faudra sans doute 500 ans pour qu’on y arrive, les uns et les autres.
500 ans ou plus encore…

(à suivre... : voir mon EDITORIAL https://larcenciel-palestine.blogspot.com/2023/10/le-gachis-des-occasions-manquees.html

 






18 octobre 2023

Entretien avec Xavier Guignard sur l’opération du Hamas : « C’est avant tout sur la scène palestinienne que le groupe armé change la donne »


Par Ines Gil, Xavier Guignard


Publié le 10/10/2023 

https://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Xavier-Guignard-sur-l-operation-du-Hamas-C-est-avant-tout-sur-la.html
 

L’attaque du Hamas lancée depuis Gaza le samedi 7 octobre a fait au moins 700 morts côté israélien, et les bombardements en représailles plus de 560 morts côté palestinien. Pour analyser les enjeux de cette opération, Xavier Guignard répond aux questions des Clés du Moyen-Orient. Spécialiste de la Palestine, il est chercheur au centre de recherche indépendant Noria Research.

Extraits

Le Hamas bouscule les choses sur au moins trois niveaux :

D’une part, sur la scène palestinienne. Avec cette opération, il se place en position de leader national sur le plan politique. Son discours, qui porte sur la question des prisonniers palestiniens, de Jérusalem et des violences en Cisjordanie lui permet de s’imposer comme un porte-drapeau de la cause palestinienne au-delà de la bande de Gaza. Il parvient à combler un vacuum, car en parallèle, l’Autorité palestinienne est totalement délégitimée. La réaction du président Abbas suite aux événements de ce week-end n’a d’ailleurs suscité aucun intérêt. Le Hamas impose aussi son leadership sur le plan militaire. Depuis un an et demi, la Cisjordanie, principalement à Naplouse et Jénine, était le théâtre de mobilisations de type guérilla, avec des actions armées de petits groupes dont on peinait à comprendre la composition et l’idéologie. En comparaison à ces actions de portée limitée, ce samedi, le Hamas a fait une démonstration de force hors normes. C’est donc avant tout sur la scène palestinienne que le groupe armé change la donne.
 

D’autre part, avec cette opération, le Hamas a bouleversé ses relations avec Israël.(…)

Enfin, le Hamas remet la question palestinienne au centre des enjeux régionaux, à un moment où les Palestiniens étaient considérés comme effacés et relayés au second plan. (...)

Le parallèle réalisé entre l’opération de ce week-end avec la guerre du Kippour (6 octobre 1973) est-il pertinent ?

Ce parallèle s’impose du fait de la date choisie par le Hamas. C’est le cinquantième anniversaire de la guerre du Kippour (guerre du Ramadan pour les Arabes). Même au-delà du symbole, cette opération peut être comparée avec la guerre de 1973 par la surprise qu’elle a créée au sein de l’état major israélien. (…) En revanche, sur d’autres aspects, cette opération se démarque de la situation en 1973. A l’époque, la question palestinienne est alors prise en charge par les pays arabes. Aujourd’hui, c’est au contraire un groupe palestinien qui mène la confrontation. Selon moi, cela change la nature même des rapports de force.
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VOIR Analyses de l’actualité - https://www.lesclesdumoyenorient.com/-Analyses-de-l-actualite-.html

Synthèse de la guerre entre le Hamas et l’Etat d’Israël – Période du 7 au 19 octobre 2023
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Synthese-de-la-guerre-entre-le-Hamas-et-l-Etat-d-Israel-Periode-du-7-au-19.html
par Emile Bouvier, dans Analyses de l’actualité, Zones de guerre • 20/10/2023 • 6 min

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DESINFORMATION

Extrait :

Comme durant chaque conflit, la désinformation [7] et les campagnes de propagande sont allées bon train, notamment sur les réseaux sociaux, pour amplifier l’impact émotionnel et politique de ces événements. Le premier d’entre eux s’est articulé autour de la prétendue décapitation de quarante nourrissons israéliens par le Hamas ; cette affirmation, initialement communiquée par la primature israélienne [8], s’est répandue comme une traînée de poudre et a atteint, trois jours après sa diffusion, plus de 44 millions d’utilisateurs du réseau social X (ex Twitter) [9]. Des responsables israéliens finiront par admettre ne pas avoir de preuves d’une telle exaction, affirmant « qu’il y a eu des cas de militants du Hamas qui ont procédé à des décapitations et à d’autres atrocités similaires à celles de l’Etat islamique. Cependant, nous ne pouvons pas confirmer si les victimes étaient des hommes ou des femmes, des soldats ou des civils, des adultes ou des enfants » [10].

[7] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/10/19/dans-la-guerre-israel-hamas-telegram-comme-epicentre-de-la-desinformation_6195458_4408996.html

[8] https://www.nbcnews.com/tech/internet/unverified-allegations-beheaded-babies-israel-hamas-war-inflame-social-rcna119902

[9] https://twitter.com/marcowenjones/status/1712030575320576034 

10] https://edition.cnn.com/2023/10/12/middleeast/israel-hamas-beheading-claims-intl/index.html

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Bilan de la guerre entre le Hamas et l’Etat d’Israël, six mois après (2/2)

Par Emile Bouvier
Publié le 18/04/2024 • modifié le 18/04/2024  • Durée de lecture : 7 minutes Voir l'article original, dans Les clés de...