26 décembre 2009

Vivre Ensemble en Palestine (Behind the Walls)


Tribunal Russel pour la Palestine


Journée d’introduction à la première session Internationale du Tribune Russell pour la Palestine – Les Halles, 16 décembre 2009


Le document ci-après est un très bon compte-rendu de la première journée du comité belge du Tribunal Russel. Très complet, donc long, il donne une excellente idée de cet important projet, de ces objectifs éthiques et politiques et vous donne l’occasion de le suivre, entre-autre à Barcelone les 1, 2 et 3 mars prochains lors de sa première séance internationale.

http://taayoush.webs.com/tribrussellpalestine.htm

26 novembre 2009

L’israélienne, Amira Hass reçoit le "Prix du Courage en Journalisme 2009"

Quatre femmes journalistes, originaires du Belarus, du Cameroun, d’Iran et d’Israël, ont été récompensées à New York, pour leur courage dans l’exercice de leur profession, face aux menaces de mort et d’emprisonnement, aux attaques et aux violentes intimidations exercées à leur encontre.

La Fondation internationale des femmes dans les médias (IWMF) a remis le "Prix du Courage en Journalisme 2009" [...] à l’Israélienne Amira Hass, journaliste du quotidien Haaretz, qui décrypte l’actualité politique israélienne et palestinienne depuis 20 ans, basée à l’intérieur des
"territoires palestiniens".

Amira Hass, née en 1956 à Jérusalem.
Elle a étudié l’histoire à Jérusalem et à Tel-Aviv. Après avoir enseigné, elle a commencé à exercer la profession de journaliste en 1989 à la rédaction de Ha’aretz. Elle est une journaliste et auteur très connue pour ses colonnes dans le quotidien Ha’aretz. Elle vit en Judée Samarie après avoir habité à Gaza et elle rapporte les événements du conflit israélo-palestinien depuis ces territoires disputés. Elle a débuté sa carrière à Ha’aretz en 1989, et a commencé à informer depuis les territoires en 1991. En 2003, elle était la seule journaliste israélienne juive à vivre parmi les Palestiniens, à Gaza depuis 1993 et à Ramallah depuis 1997. Deux ouvrages ont été tirés ses expériences successives : l’essai Boire la mer à Gaza et Correspondante à Ramallah, une compilation de ses articles depuis la Judée Samarie, tous deux parus en France aux éditions La Fabrique.


***

"Qu’est-ce que je fais ? On me définit en général comme journaliste pour les questions palestiniennes. Mais en réalité, mes articles portent sur la société et la politique israéliennes, sur la Domination et ses ivresses. Mes sources ne sont pas des documents secrets ou des comptes rendus divulgués de réunions de personnalités de Pouvoir et au Pouvoir. Mes sources sont les chemins ouverts à tous par lesquels les opprimés sont dépossédés de leurs droits à l’égalité en tant qu’êtres humains.

Et quand j’écris sur le territoire palestinien de Cisjordanie, qui est petit à petit détruit et morcelé, ce n’est pas seulement sur des gens qui ont perdu leurs biens familiaux et leurs moyens de substances ; ce n’est pas seulement sur des opportunités de plus en plus rares pour un peuple coupé de tout dans des enclaves surpeuplées. J’écris en réalité sur l’habileté des architectes israéliens. C’est une manière de faire savoir comment l’urbanisme israélien sur le terrain contredit les proclamations officielles, un phénomène qui caractérise les actes de tous les gouvernements israéliens, d’autrefois comme d’aujourd’hui. Bref, il y a tant de choses pour me tenir occupée pendant une autre vie, ou au moins pendant le reste de ma vie.

Mais, comme je l’ai dit, la véritable correction est ailleurs. Ce n’est pas d’une réussite dont nous devrions parler, mais d’un échec.

C’est l’échec de ne pas avoir amené l’opinion publique israélienne et internationale à utiliser et à accepter les termes et les mots justes - ceux qui reflètent la réalité. Et non pas le nouveau langage orwélien qui prospère depuis 1993 et qui a été adroitement imposé et propagé par ceux qui y ont intérêt.

La terminologie du processus de paix, qui a dominé, brouille la perception des véritables processus en cours : un mélange particulier d’occupation militaire, de colonialisme, d’apartheid, d’autonomie palestinienne limitée dans des enclaves, et de démocratie pour les juifs.
Ce n’est pas mon rôle en tant que journaliste de faire accepter par les juifs et mes compatriotes israéliens que ces processus sont immoraux et gravement imprudents. C’est mon rôle, par contre, d’exercer le droit à la liberté de la presse afin de donner les informations et de faire que les gens sachent. Mais, comme je ne l’ai que trop découvert, le droit de savoir ne signifie pas un devoir de savoir.

Des milliers de mes articles et des millions et des millions de mes mots se sont envolés. Ils ne pouvaient rivaliser avec le langage officiel qui a été adopté volontiers par les médias de masse, et qui est utilisé afin de décrire de façon trompeuse la réalité. Un langage officiel qui encourage les gens à ne pas savoir.

En effet, un échec retentissant pour un journaliste."

Amira Hass

Traduction: Tlaxcala (JPP)
Source: CAPJPO-EuroPalestine

19 novembre 2009

“Je ne peux plus voir Jerusalem”


Mur de Berlin : anniversaire ! Et les autres murs ?

Ce 19 novembre, dans la série d'article "les autres murs", La Libre Belgique publie un REPORTAGE de BENJAMIN MORIAMÉ bien documenté qui correspond tout à fait à ce que j'ai vu en Palestine lors de mon dernier voyage là-bas.

Je vous invite à aller le lire sur le site de La Libre.

“Je ne peux plus voir Jerusalem”
REPORTAGE BENJAMIN MORIAMÉ

Mis en ligne le 18/11/2009

Au bord de l’asphyxie, la société palestienne survit entre les méandres du “mur-barrière” qu’Israël construit depuis 2003 dans les territoires occupés.
Parmi les tags que l’on peut lire sur le “mur-barrière” qu’Israël construit au sein des territoires occupés palestiniens, l’un des plus courants est celui-ci : “Le Mur de la honte !” C’est aussi, le plus souvent, en ces termes que les Palestiniens parlent de la construction. L’allusion au Mur de Berlin n’est pas toujours innocente.

Pourtant, la “barrière de séparation” – euphémisme d’usage en Israël – est sans commune mesure avec son tragique prédécesseur, le Mauer berlinois. L’hydre décapitée en 1989, ressuscitée à Jérusalem, a plus que quadruplé de volume. Ses nombreuses sections de béton – essentiellement dans les villes – sont parfois hautes de neuf mètres, avec un minimum de six. Les tronçons de grillages électroniques – en zones rurales – sont larges de cinquante à cent-cinquante mètres, puisqu’ils s’accompagnent d’une route de patrouille réservée aux soldats israéliens, d’un fossé, de pyramides de barbelés “lames de rasoirs”, etc. Pour construire cet ensemble – 703 kilomètres sont prévus – des centaines de maisons palestiniennes ont déjà été détruites.

Ce ne sont pourtant pas ses imposantes mensurations, mais plutôt son tracé sinueux, qui engendrent les lourdes conséquences (Lire la suite...)

comme illustration de ce reportage, j'y ajoute une carte très parlante.

26 octobre 2009

Des Juifs américains contre la droite israélienne

Est-il possible de contrer le lobby le plus bruyant ?

Les efforts du président Barack Obama pour relancer le processus de paix au Proche-Orient se heurtent au refus du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou d’arrêter la colonisation. Pourtant, résoudre le conflit israélo-palestinien reste au centre de la stratégie de l’administration américaine dans la région. Son succès pourrait dépendre, en partie, de l’influence d’un nouveau lobby juif opposé à la politique de la droite israélienne dont la première convention s’ouvre le 25 octobre.

Par Eric Alterman

Quand le président américain Barack Obama a reçu seize dirigeants d’organisations juives, à la Maison Blanche, en juillet 2009, la liste des invités comprenait des habitués — les présidents et présidentes de vieilles structures conservatrices telles que la Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations, l’Anti-Defamation League (ADL), l’American Jewish Committee et, bien sûr, l’âme du lobby pro-israélien, l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac). Mais on comptait aussi un nouveau venu : M. Jeremy Ben-Ami, directeur exécutif du nouveau lobby juif pacifiste J Street .

Cette présence n’était certainement pas du goût de tout le monde. Dans les publications favorables au courant dominant et néoconservateur des organisations juives, J Street suscite aussi peu de sympathie que le Hamas. Ainsi, dans les colonnes de Commentary, Noah Pollak a jugé l’association «méprisable», «malhonnête» et «anti-israélienne» ; James Kirchick, du New Republic, l’a qualifiée de «lobby de la capitulation» (surrender lobby) ; Michael Goldfarb, du Weekly Standard, l’a accusée d’être «hostile» à Israël et de «lécher les bottes» des terroristes. Ce langage trahit la panique régnant chez ceux qui craignent que l’apparition de J Street, concomitante à l’élection de M. Obama, puisse signifier le commencement de la fin de ce qui fut autrefois leur quasi-mainmise sur la formulation de la politique américaine au Proche-Orient.

S’agissant du conflit israélo-arabe, une question s’impose d’emblée : pourquoi la politique américaine diffère-t-elle tant de celle des autres nations, et particulièrement de ses alliés européens ? La relation stratégique des Etats-Unis avec Israël est plus onéreuse qu’aucune autre pour la nation américaine, autant sur le plan humain que financier. Non seulement elle coûte aux contribuables trois milliards de dollars par an en aide, mais elle attise la haine dans la plupart des pays musulmans et nourrit la violence antiaméricaine à travers le monde. Aucune autre capitale, excepté Tel-Aviv bien sûr, ne perçoit le (...)

Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique (octobre 2009)

Eric Alterman, Journaliste, auteur de What Liberal Media ? The Truth about Bias and the News, Basic Books, New York, 2003.

12 octobre 2009

Pour la paix : LES QUATRE GUERRES SELON L'ÉCRIVAIN AMOS OZ

"Deux guerres sont menées par les Palestiniens.
La première est leur lutte pour se libérer de l'occupation et pour leur droit à un État indépendant.
La seconde est menée par un islam fanatique, depuis l'Iran jusqu'à Gaza, et depuis le Liban jusqu'à Ramallah, qui rêve de détruire Israël et chasser les juifs de leur terre.
En miroir, deux guerres sont menées par les Israéliens.
La première est leur guerre pour leur droit à vivre dans un État souverain et libre sur une partie de cette terre.
Et la deuxième est celle menée par la droite nationaliste israélienne pour l'occupation totale de la Terre sainte.
Toute solution ne peut se bâtir que par la clarification des objectifs de chacune des parties."

24 septembre 2009

Des Juifs affrontent le sionisme

Extraits d'un article de
Daniel Lange/Levitsky

Juin 2009
L’une des principales conséquences du bombardement et de l’invasion par le gouvernement israélien de la bande de Gaza, l’hiver dernier, fut d’insuffler une nouvelle vitalité au sein des groupes de gauche et pacifistes solidaires avec la lutte palestinienne pour la justice et la libération.

Après le supposé cessez-le-feu, cette vague d’activité s’est poursuivie par des manifestations et des actions directes de New York à Los Angeles, Paris, Jaffa et Tel Aviv. Un fait très remarquable fut l’apparition, si l’on peut dire, d’une section de plus en plus large et bruyante du monde juif, laquelle n’est pas seulement opposée aux guerres et occupations militaires du gouvernement israélien, mais est également critique à l’égard du sionisme même.

Les blocages des consulats israéliens de Los Angeles et de San Francisco ont été entrepris en partie par des membres du Réseau antisioniste juif récemment créé. L’occupation du consulat de Toronto a été effectuée par les Femmes juives pour Gaza, un groupe comprenant des membres du réseau antisioniste canadien Not In Our Name [1]. Une manifestation de sept cents personnes à New York City a été organisée par Jews Say No [2], un groupe de militants juifs, dont beaucoup critiquent le sionisme depuis très longtemps. Le groupe Jewdas, de la diaspora londonienne, a recouru à un canular par mail pour annuler un rassemblement pour la guerre organisé par le Bureau de députation des Juifs britanniques et a reçu toute une vague de soutien. Et le groupe d’action directe antinationaliste israélien, Anarchistes contre le Mur, a bloqué une base aérienne israélienne à Tel Aviv. La quasi-totalité des événements publics les plus visibles montrant une opposition juive à la récente escalade de la guerre contre Gaza étaient organisés et menés à bien pour une bonne part par des Juifs non sionistes et antisionistes (de même que ceux qui s’opposent au sionisme mais préfèrent ne pas définir leur politique en relation avec le sionisme).

Ce n’est pas une coïncidence. Les huit années de l’actuelle Intifada ont aussi permis d’assister au développement du mouvement mondial de solidarité avec la Palestine et son actuelle stratégie de boycott, de désinvestissements et de sanctions. Dans un même temps, la critique juive à l’égard du sionisme s’est davantage répandue et fait entendre qu’à n’importe quel autre moment depuis la création d’Israël en 1948, malgré le soutien sans réserve offert depuis 1967 par le gouvernement des États-Unis à Israël. Ce soutien a été expliqué par les avocats et les défenseurs d’Israël, de même que par Washington, comme la conséquence du soutien débordant des communautés juives américaines à Israël. C’est naturellement on ne peut plus faux. Comme l’ont fait remarquer de nombreux analystes [3], les communautés juives jouent un rôle plutôt marginal dans l’encouragement du soutien du gouvernement américain à Israël. Bien plus important est le rôle de l’industrie de l’armement, qui subventionne l’aide américaine à Israël ; de l’industrie pétrolière, qui voit en Israël un contrepoids à la puissance régionale des États arabes riches en pétrole ; de la droite chrétienne, qui croit que la domination juive sur tout l’Israël biblique est une condition préalable au second avènement : et le racisme anti-arabe et antimusulman, de même que la xénophobie, particulièrement après les attentats du 11 septembre 2001 et les guerres américaines en Afghanistan et en Irak. La où l’influence juive est importante – dans les efforts de pression de la part de l’American Israel Public Affairs Committee [4], avec l’influence d’un petit nombre d’individus dont la politique ne reflète en aucun cas l’opinion publique juive américaine, même si cela se retrouve dans les données collectées par les sondages conservateurs.
La rhétorique du soutien américain à Israël comme réponse aux intérêts juifs américains de moins en moins convaincante.
Le récent accroissement de visibilité des critiques juives à l’égard du sionisme a eu lieu dans un contexte d’expression en hausse et d’acceptation de la critique à l’égard d’Israël au sein des communautés juives américaines.
(suite…)
Pourquoi des voix plus « radicales » se sont-elles fait entendre si fort cet hiver ?
Je crois que c’est en raison des glissements dans le mouvement de solidarité avec la Palestine ainsi que de l’élargissement du paysage politique de la gauche et des changements dans la façon des Juifs de penser identité et politique.
Une source réside dans un ensemble de développements au sein du mouvement de solidarité avec la Palestine qui ont poussé le mouvement dans son ensemble vers une analyse structurelle centrée sur le sionisme. Le déclenchement de l’Intifada de 2000 a provoqué au sein de la gauche (et au-delà) une conscientisation bien plus large à propos et de l’occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est (1967) et des réalités de la guerre contre les Palestiniens.
(...)
Un autre élément clé dans la recrudescence des critiques du sionisme par les Juifs – bien que des remarques sont rarement faîtes à ce propos dans la presse libérale ou progressiste – est le rôle de pivot joué dans ce développement par les mouvements féministes et homosexuels ainsi que leurs analyses[10]. Tous ces projets apportent au mouvement une orientation vers une analyse structurelle, une position centrale antinationaliste et antimilitariste et un regard sur les façons dont les structures de pouvoir raciales, nationales, économiques, hommes/femmes et sexuelles se recoupent et se soutiennent souvent mutuellement.
(...)
Un nouveau transnationalisme anticolonialiste, antinationaliste, anticapitaliste, hostile à l’autoritarisme, mais en aucun cas unifié sur le plan organisationnel.
(...)
Finalement, pour en revenir à la sphère spécifiquement juive, la montée de la critique à l’égard du sionisme en tant que tel fait partie d’un large glissement dans la culture et la pensée des Juifs sur leur identité. Après plus de cinquante ans de domination sioniste sur l’éducation et les institutions communautaires juives, des voix alternatives rompent le silence, souvent sans rapport avec la Palestine mais qui finissent par soutenir les efforts de solidarité avec la Palestine. Depuis les deux dernières décennies, il y a eu une augmentation constante de l'intérêt pour les cultures et l’histoire de la diaspora juive, surtout parmi les Juifs plus jeunes, insatisfaits de la conception herzlienne-hitlérienne de la vie et de l’histoire des Juifs telle qu’elle est présentée par les institutions « traditionnelles », ainsi que pour le fondamentalisme religieux qui est leur principal rival.
La chose a été particulièrement visible aux États-Unis sous ses formes ashkénazes : aujourd’hui, les orchestres klezmer emplissent les salles importantes et la « musique juive » est devenue un sous-genre qui rapporte...
(...)
Le projet de placer l’État d’Israël au centre de la vie juive repose sur la dévaluation et l’effacement des cultures et histoires de la diaspora, réduisant deux millénaires à une époque ponctuée de massacres et à un nationalisme rédempteur.
(...)
Les critiques des Juifs à l’encontre du sionisme – et la participation juive au mouvement de solidarité avec la Palestine plus généralement – sont significatives au-delà des liens des communautés juives mêmes, principalement aux États-Unis, et surtout en raison des privilèges donnés aux voix juives dans la discussion autour de la Palestine et d’Israël ici. Pourtant, comme l’écrivait Esther Kaplan [22], les Juifs aux États-Unis et ailleurs ont un rôle à jouer dans la lutte de libération de la Palestine et, dans certains cas, ils occupent une position stratégique, mais ils ne sont en aucun cas au centre de cette lutte. La tâche des Juifs – et de tous ceux qui sont engagés dans cette lutte – consiste à travailler en compagnie de nos amis et camarades palestiniens, arabes et autres pour partir de notre opposition commune au sionisme et aller vers des stratégies de résistance qui, à la fin, pourront libérer la Palestine.

Source: MonthlyReview
Photo: The silent majority no more

Lire l'article complet et les notes

09 septembre 2009

Naomi Klein montre qu’il est possible de boycotter Israël sans mettre fin au dialogue sur la Palestine

nterview de Klein et de son éditrice israélienne, Yaël Lerer, sur la raison pour laquelle le boycott fera pression sur Israël afin qu’il se conforme au droit international.

Peu de campagnes pour la justice dans le monde sont plus polarisantes, voire plus explosives, que le recours au boycott international, au désinvestissement et aux sanctions pour presser Israël de mettre fin à une occupation des territoires palestiniens qui dure depuis 42 ans.
Demandez donc à Neve Gordon.

Récemment, Gordon, chef du département de Sciences politiques à l’université Ben Gourion et militant de longue date en faveur de la paix, a publié un article déchirant dans le Los Angeles Times [lire ici en français] dans lequel il soutenait l’appel palestinien en faveur du boycott, du désinvestissement et de sanctions (BDS).

Après s’être initialement opposé à cette tactique, il a été convaincu, écrit-il, que les pressions extérieures sont « la seule manière de sauver Israël de lui-même ».
Il s’était préparé à un retour de bâton, mais pas du genre de ce qu’il a affronté ces dernières semaines : des membres de la Knesset israélienne, tous partis politiques confondus, ont demandé son renvoi immédiat ; le ministre de l’Éducation a qualifié son article de « répugnant » et la présidente de son université l’a voué aux gémonies en disant « des personnalités et des universitaires animés de tels sentiments devraient se chercher un foyer personnel et professionnel ailleurs ». Elle a ensuite laissé entendre que l’article en question pouvait être assimilé à un acte de trahison.
De toute évidence, pour ceux qui croient que faire pression sur Israël est nécessairement un acte anti-juif, le BDS - qui fait partie de ce que l’on appelle la stratégie sud-africaine - dépasse les limites.
Mais pour ceux qui le proposent, le BDS est une tactique non-violente qui peut faire pression sur Israël pour qu’il se conforme au droit international et qui aura un impact là où les efforts des gouvernements ont échoué, et échoué misérablement.

(Lire la suite...)

08 septembre 2009

Boycotter Israël ? Un Israélien arrive à la conclusion douloureuse que c'est le seul moyen de sauver son pays

Manifestement, il y a débat...

Cet article du professeur Neve Gordon a suscité une tempête de haine en Israël, les menaces de mort alternant avec les appels à éliminer le "traître", le "virus", le "cancer" d'une manière ou d'une autre. Le ministre de l'Éducation Gideon Sa’ar a qualifié cet article de "répugnant et lamentable". Riva Cakmi, la présidente de l'Université Ben Gourion, où Gordon enseigne, a déclaré au Jesrusalem Post que l'Université "pourrait se passer de ses services", ajoutant : “Des universitaires qui ont de tels sentiments sur leur pays, n'ont qu'à se chercher un foyer personnel et professionnel ailleurs".
Des députés de la Knesset font pression sur le ministre et la Présidente pour qu'ils licencient le professeur Gordon.

Simultanément, d'autres attaques plus "subtiles" contre Gordon sont venues du "camp pacfiste", en l'occurrence son "pape", Uri Avnery, qui, du haut de ses 81 ans, joue le rôle de chien de garde la doxa sioniste "de gauche": il faut préserver l'État juif, en le rendant plus moral. Pas question de boycotter Israël, explique-t-il dans sa dernière chronique hebdomadaire (Tutu's Prayer), car cela ne ferait que renforcer la mentalité de forteresse assiégée en Israël, où les Juifs seraient immanquablement appelés à se rappeler le boycott nazi des entreprises juives, l'Holocauste etc. et de toute façon, explique-t-il, Israël n'a rien à voir avec l'Afrique du Sud. On pourra lire ici la réponse de Kim Petersen à cette argumentation avneryenne.- FG, Tlaxcala

Extraits (Lire le texte entier) :
(...) Il est donc clair pour moi que la seule façon de contrer la tendance à l'apartheid en Israël est de le faire par une pression internationale massive. Les mots et les condamnations de l'administration Obama et de l'Union européenne n'ont donné aucun résultat, pas même un gel de la colonisation, encore moins une décision de se retirer des territoires occupés.

J'ai donc décidé de soutenir le mouvement pour le Boycott, le désinvestissement et les sanctions, qui a été lancé par des militants palestiniens en juillet 2005 et a depuis recueilli un large soutien autour du globe. L'objectif est de faire en sorte qu'Israël respecte ses obligations découlant du droit international et que les Palestiniens se voient accorder le droit à l'auto-détermination.

À Bilbao, en Espagne, en 2008, une coalition d'organisations de partout dans le monde, a formulé les 10 points de la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions destinée à faire pression sur Israël d’une «manière graduelle et durable, qui tienne compte du contexte et des capacités." Par exemple, l'effort commence par des sanctions et un désinvestissement vis-à-vis d’entreprises israéliennes opérant dans les territoires occupés, suivis par des actions contre ceux qui aident à maintenir et à renforcer l'occupation d'une manière visible. Dans le même esprit, les artistes qui viennent en Israël afin d'attirer l'attention sur l'occupation sont les bienvenus, tandis que ceux qui veulent juste donner un spectacle ne le sont pas.

Mettre une forte pression internationale sur Israël est la seule façon de garantir que la prochaine génération d'Israéliens et Palestiniens – y compris mes deux garçons - ne grandissent pas dans un régime d'apartheid.
Neve Gordon

10 août 2009

Déchirures palestiniennes

Bichara Khader

(Mis en ligne le 08/08/2009)

Le peuple palestinien doit recouvrer tous ses droits, mais il n'y a pas de justice absolue; il n'y a que la justice du possible.

Le Fatah tenait ces jours-ci, à Bethléem, en Cisjordanie, son 6 ème congrès. Depuis sa création, il y a 50 ans, en 1959, le Fatah a tenu 5 congrès hors de Palestine : le dernier en 1989. La tenue de ce Congrès en Palestine, encore occupée, relève du défi et du miracle. Des centaines de délégués foulent le sol national pour la première fois de leur vie. Ils ont reçu une autorisation spéciale d’Israël, sous pression appuyée des Etats-Unis. Des centaines d’autres délégués n’ont pas pu se déplacer de Gaza, empêchés par un Hamas qui ne décolère pas contre ce qu’il estime être les détentions arbitraires de ses militants par l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas.

Les débats, selon mes informations, sont houleux. Ils opposent les jeunes loups à la vieille garde, les Palestiniens de l’intérieur à ceux de l’extérieur, ceux qui veulent miser sur la seule négociation et ceux qui veulent maintenir ouverte l’option du retour à la résistance armée. Pour couronner le tout il y a ce combat risible des coqs, entre les pères fondateurs, encore en vie.
Fer de lance de la résistance palestinienne, le Fatah est vieilli, ridé et usé par 50 ans de pouvoir quasi absolu dans toutes les instances de l’OLP. La crise qu’il traverse est profonde. Elle s’explique par plusieurs facteurs. (...)

Lire la suite sur le site de La Libre Belgique : http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/521097/dechirures-palestiniennes.html

02 mai 2009

Boycott : une réponse légitime à l'occupation israélienne?

Le mois dernier, j'ai relayé l'appel au boycott de produits venant d'Israël (et bien souvent, indirectement, des territoires palestiniens occupés). Ce boycott fait débat.

Marc Abramowicz rappelle qu’en 2005, 174 organisations civiles palestiniennes ont lancé l’appel « BDS » (Boycott – Désinvestissement – Sanction) et que de nombreuses organisations pacifistes israéliennes l’ont relayé.

Il signale aussi que c’est suite aux difficultés de mobilisation sur ce thème qu'il a accepté d’intervenir à une conférence posant le problème du Boycott dans son aspect "dépassement d’un tabou" : "Je tenterai de cerner ce qui rend si difficile une action avec laquelle, pour nous, il est intellectuellement difficile de ne pas être d’accord : - l’exemple de l’Afrique du Sud, - la constatation que tant d’efforts militants n’ont pas fait régresser l’agression et l’occupation israélienne, ne sont pas parvenu à mobiliser l’opinion publique."

Il signale enfin qu'à titre individuel on peut déjà participer à une action de boycott des produits israélien en n’achetant pas des marchandises ayant le code barre 729.

Conférence-débat
Boycott : une réponse légitime à l'occupation israélienne ?

Suite à l'indignation provoquée par les événements meurtriers qui ont secoué Gaza en décembre dernier et dont les effets désastreux continuent de plonger la population palestinienne dans des conditions de plus en plus précaires, la responsabilité de l'Etat d'Israël est une fois de plus pointée du doigt.

Ne pas répondre à cette situation d'injustice criante constitue un fait honteux de la part de nos dirigeants politiques occidentaux, mais également une caution que nos sociétés civiles octroient à ce diktat qui dure depuis 60 ans.

Nous, citoyens belges et européens, avons un pouvoir de réflexion et le droit de nous manifester indépendamment de nos représentants pour réagir de manière responsable et consciente.

Après les nombreux échecs résultants des politiques menées antérieurement pour établir une situation de droit et de reconnaissance de l'Etat palestinien, nous posons la question du boycott de l'Etat d'Israël comme une action permettant d'exprimer notre refus de voir Israël continuer à perpétrer des violations du droit international.

Dans ce contexte de réflexion, un petit groupe de citoyens (Les Citoyens Pour la Palestine) a décidé d'organiser le 7 mai prochain, en collaboration avec le Bureau des Etudiants Administrateurs de l'ULB, une conférence-débat pour poser la question de la légitimité d'une action telle que le boycott d'Israël.

Ce débat contradictoire entre des intervenants en faveur (Michel Collon, Marc Abramowicz) et en défaveur (Pascal Fenaux) du boycott devra permettre d'explorer le sujet sous des angles de réflexion nécessaires à l'élaboration d'une stratégie d'action ultérieure.

Mais aussi, cette conférence a pour objectif de lever le tabou sur un sujet responsable de polémiques et de dissensions profondes au sein des milieux associatifs, intellectuels, et politiques... pour oser regarder autrement un moyen d'action pacifique et à la portée de tous.

Introduction donnée par Hocine Ouazraf
Modérateur: Souhail Chichah

Jeudi 7 mai à 19H00.
ULB - Auditoire Janson, 48, av. Franklin Roosevelt 1050 Bruxelles
Entrée: 1 euro


Personnes de contact:
Vinciane Cappelle – 0479 80 48 49 – vincianecappelle@gmail.com
Géraud Hougardy -

29 avril 2009

La violence n’est pas une fatalité, mais…

A propos de la guerre de Gaza...
14 janvier 2009

Voici un extrait de l'article écrit par Jean-Marie Muller, en janvier dernier. Il se réfère aussi à un texte fort qu'il a écrit il y a un peu plus d'un an :
Le meurtre est la question posée
Il me semble qu'elle garde toute son actualité. Et je vous invite à aller y faire un tour, même si c'est un peu long...

Jean-Marie MULLER *


(...)
Cette guerre n’est pas la continuation de la politique par d’autres moyens que ceux de la diplomatie, mais son interruption. L’État d’Israël invoque son droit à défendre la sécurité de son peuple. Mais, dans la mesure même où cette fin est légitime, les moyens de la violence mis en œuvre non seulement la pervertissent, mais ils l’effacent et viennent se substituer à elle. Ce renversement du rapport entre le moyen et la fin conduit à ce que le moyen tienne lieu de la fin. La violence est recherchée pour elle-même. Elle devient un mécanisme aveugle de destruction, de dévastation et de mort. Israël ne protège pas sa population, mais il agresse le peuple palestinien. Et, ce faisant, il se détruit lui-même.
Ce qui caractérise essentiellement cette guerre, c’est que non seulement elle n’ouvre aucune perspective politique vers la résolution du conflit qui oppose depuis plus de soixante ans les deux peuples adverses, mais que, pour l’heure, elle les ferme toutes. Lors de sa conférence de presse faite à Damas le 6 janvier 2009, Nicolas Sarkozy a plaidé en faveur de « l’ouverture rapide de perspectives pour reprendre le chemin des négociations de paix ». Dans un tel contexte, de tels propos manquent de tout réalisme. Ils sont véritablement surréalistes. La cause de cette guerre c’est que précisément, toutes ces dernières années, il n‘y a pas eu de réelles négociations de paix. Si le Hamas a gagné les élections parfaitement démocratiques de janvier 2006, c’est d‘abord parce que les Palestiniens ont voulu sanctionner l’échec politique du Fatah qui n’a strictement rien obtenu en prétendant négocier avec Israël. Tout, sur le terrain, apportait le plus cinglant des démentis aux prétendues avancées diplomatiques obtenues sur le papier. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, ne préside plus rien et n’a plus aucune autorité. Ses embrassades avec le Premier ministre israélien sont devenues indécentes.
Il fallait que Nicolas Sarkozy manque singulièrement de discernement politique et ignore tout de la réalité du terrain pour pouvoir affirmer le 23 juin 2008, à l’occasion de sa visite officielle dans les territoires palestiniens : « Je crois à la paix, je crois à la fin de ce conflit qui n’a que trop duré et par conséquent, je crois à l’objectif proche d’un accord sur le statut final. Cette paix est aujourd’hui à portée de main. (…) La France veut encourager les gouvernements palestinien et israélien à poursuivre résolument les négociations et à aller de l’avant en vue d’un règlement final avant la fin de l’année 2008 [6]. » Une telle langue de bois diplomatique, non seulement ne dit pas la vérité, mais elle empêche de la voir et de la comprendre. Elle est un déni de la réalité.

De même, on peut toujours répéter que la solution du conflit consiste dans la création d’un État palestinien viable et souverain dans les « frontières » de 1967 avec Jérusalem-est comme capitale. Cela finit par devenir pur psittacisme. Le fait est que la situation réelle sur le terrain rend un tel projet de plus en plus irréalisable.
Dans la même déclaration, Nicolas Sarkozy affirmait à propos du Hamas : « Il n’y a aucune relation politique, aucune négociation, aucun pourparler entre la France et le Hamas. Le gouvernement français n’entend pas se départir de sa position, qui est aussi celle de la communauté internationale, et qui veut qu’aucun dialogue ne sera possible avec le Hamas tant que celui-ci n’aura pas respecté les trois conditions du Quartet et au premier chef la renonciation à la violence et la reconnaissance d’Israël. » Et le Président français ne se rendait pas compte qu’en disant cela, il énonçait l’une des raisons majeures pour laquelle précisément il ne pouvait pas y avoir d’accord de paix. Une telle position est parfaitement intenable, totalement insensée. En définitive criminelle. S’il m’était possible de parler un langage politiquement fort incorrect, j’oserais faire remarquer que la France accepte bien de dialoguer avec l’État d’Israël sans exiger de lui qu’il renonce préalablement à la violence… Mais je n’oserai pas Il n’y aura pas de processus de paix en Palestine tant qu’on refusera de parler avec le Hamas. La faute politique majeure, qui explique aujourd’hui la guerre de Gaza, c’est précisément d’avoir refusé tout dialogue avec le Hamas après sa victoire électorale de janvier 2006. Sur cette question, l’Europe n’aurait jamais dû s’aligner sur la politique des États-Unis et, le cas échéant, la France n’aurait jamais dû s’aligner sur la politique de l’Europe. Ce refus de tout dialogue ne pouvait qu’enfermer le Hamas dans la position la plus extrémiste. C’était perdre l’occasion unique de permettre à cette organisation de renoncer à la violence et de choisir elle-même une voie politique pour approcher le conflit.

Au-delà des considérations électoralistes qui sont certainement celles des dirigeants israéliens, au-delà de la volonté de réparer l’échec de Tsahal (l’armée israélienne) lors de la guerre du Liban de 2006, le but réel de cette guerre est certainement d’éliminer définitivement le Hamas de la scène politique palestinienne. Par rapport à cet objectif, les tirs de roquettes deviennent en effet un prétexte. Mais, de ce point de vue, on peut d’ores et déjà gager qu’Israël a perdu la guerre.
J’ai l’intime conviction que seul le renoncement à la violence par les Palestiniens permettrait de créer un véritable processus de paix. J’ai conscience que, pour l’heure, ce choix n’est pas probable. Á terme, il pourrait apparaître comme le seul possible[7]. Et ce choix ouvrirait alors un espace pour la mise en œuvre des méthodes de la résistance non-violente, seules sources d’espérance et d’humanité.
L’une des conséquences probables de cette guerre est de susciter en France des réactions identitaires et communautaires au sein de la population musulmane et de la population juive qui s’expriment par des actes de violence. Seul le refus de l’engrenage des violences là-bas comme ici de la part des citoyens épris de justice permettra de sauvegarder le vivre ensemble de tous dans une France multiculturelle.

Penser la violence, c’est la reconnaître comme inhumaine, comme la négation et le reniement de l’humain dans l’homme. Ce qui se passe à Gaza n’est pas une catastrophe humanitaire, mais une catastrophe humaine. C’est une défaite de la civilisation. Les ruines des maisons de Gaza mais aussi des maisons de la ville de Sdérot en Israël sont les ruines de l’humanité de l’homme. Dans de telles circonstances, il devient dérisoire de prétendre que ce sont les principes du droit international et les lois de la guerre qui sont violés. Ce sont en réalité les lois de l’humanité qui sont niées. Les conséquences de cette guerre sont déjà incalculables. Les blessures intimes qu’elle aura provoquées au sein des deux peuples ennemis seront longtemps inguérissables. Combien de haines ravageuses à travers le monde ? Combien de rancœurs parmi les musulmans ? Combien d’amertumes parmi les arabes ? Combien d‘enfances fracassées ? Et, parmi elles, il faut com-prendre les enfances des soldats israéliens. Combien de larmes et de souffrances dans le cœur des femmes ? Combien de traumatismes profonds parmi les guerriers lorsqu’ils s’apercevront qu’ils sont couverts de honte et non de gloire ? Nul ne le saura jamais.

Le 14 janvier 2009

Pour lire l’article complet : http://www.non-violence-mp.org/muller/gaza.htm
ou bien : http://www.nonviolence.fr/spip.php?article309


* Jean-Marie Muller est le porte-parole national du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN, email : man@nonviolence.fr ; site : www.nonviolence.fr). Philosophe et écrivain, il est l’auteur du Dictionnaire de la non-violence (Le relié Poche).

[1] Simone Weil, La source grecque, Paris, Gallimard, 1953, p. 32.
[2] Ibid., p. 21.
[3] Simone Weil, Cahiers III, Paris, Plon, 1956, p. 47.
[4] Paul Valery, Regards sur le monde actuel, Paris, Gallimard, Coll. Idées, 1962, p. 86.
[5] Le Canard enchaîné, 7 janvier 2009.
[6] Entretien avec le quotidien Al-Quds, 23 juin 2008.
[7] J’ai développé longuement cette possibilité dans un texte précédent intitulé Le meurtre est la question posée, Les Palestiniens et les Israéliens face au défi de la violence (consultable sur le site du MAN)
Voir l’article sur : http://www.nonviolence.fr/spip.php?article205




Le meurtre est la question posée


par Jean Marie MULLER *

Le 26 février 2008

Je viens de lire attentivement les textes qui présentent la campagne de mobilisation en faveur du peuple palestinien décidée par la Plate-forme des ONG françaises pour la Palestine . Cette campagne devant culminer par un grand rassemblement qui se tiendra le 17 mai 2008 au Parc des expositions de la porte de Versailles. En dialogue amical avec ces ONG, je voudrais tenter d’exprimer quelle est mon analyse de la situation actuelle au Proche-Orient.
Bien sûr, je partage totalement l’affirmation selon laquelle le peuple palestinien a droit à la solidarité de tous ceux qui ont le souci de la justice. Cette affirmation est le socle sur lequel doit être construite notre analyse. Á l’évidence, le peuple palestinien est victime de l’occupation et de la colonisation mises en œuvre par l’État d’Israël avec la complicité de la communauté internationale. Mais, aujourd’hui, notre analyse doit aussi être fondée sur un autre fait non moins incontestable : aucune solution ne pourra être élaborée sans qu’il soit tenu compte de la présence sur cette même terre de Palestine du peuple israélien. Ceci, non pour des raisons de droit, mais pour des raisons de fait.
suite ...

* Philosophe français, spécialiste de Gandhi et de la non-violence, Jean-Marie Muller est directeur des études à l'Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits (IRNC).
Il est aussi le fondateur du Mouvement pour une alternative non-violente dont il est le porte parole national (Man, www.nonviolence.fr) Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Il soutient, depuis sa création en 2001, le fonds associatif Non-Violence XXI.

Un rabin à Gaza


Hommes de Parole communique :

Chers Amis,
Les deux premiers convois pour la paix à Gaza, de janvier et de février, nous ont permis de transporter et de distribuer directement, plus de trois cent tonnes de marchandises de première nécessité.

Le troisième convoi, arrivé à Sdérot, puis à Gaza les 18 et 19 mars dernier, a permis de transporter 70 tonnes de produits d'hygiène et de faire se rencontrer, sur place et contre toute attente, imams, rabbins et chrétiens. Ces convois étaient soutenus par le Congrès Mondial des Imams et Rabbins pour la Paix. Ils avaient été décidés à la suite du Congrès de l’Unesco de décembre dernier et en cohérence avec les engagements pris par les religieux à cette occasion.

J'ai le plaisir de vous transmettre en lien l'article de Marek Halter qui a accompagné ce Troisième Convoi pour la Paix. Cet article, véritable note d'espérance, vient de paraître dans le N° spécial des 60 ans de Paris Match.
Bonne lecture.
Alain Michel

Liens :
www.hommesdeparole.org/docs/60-ANS-GAZA-P1.jpg
www.hommesdeparole.org/docs/60-ANS-GAZA-P2.jpg

Vous trouverez également beaucoup de détails sur ces convois, et les liens avec la presse, sur le site Internet: www.hommesdeparole.org

15 mars 2009

Boycott de produits provenant d'Israël


ISRAËL OCCUPE LA PALESTINE ,
JE SANCTIONNE...

Ce samedi 14 mars, le boycott des produits provenant d'Israël a pris forme à Bruxelles, après Aulnay-sous-Bois, en France, le 7 mars. Au départ, l'action visait essentiellement les produits soi-disant "made in Israël" mais en fait produits par les colons sur les terres palestiniennes. Il y avait aussi, autour de la St Valentin, une action visant les fleurs cultivées dans la bande de Gaza et vendues en Hollande par une entreprise hollandaise. (1)
Cependant, il est difficile de dissocier produits cultivés par les colons en Palestine et ceux qui sont cultivés en Israël, puisque Israël ne fait pas la différence.

Voir l'affiche complète de la campagne Boycott.
A vous de voir...

(1) "Le contrôle continuel de Gaza et de ses frontières par Israël signifie que les fermiers capables de produire des légumes, des fruits ou des fleurs ne peuvent pas les exporter. La maigre concession pour le jour de la St Valentin qui leur a permis d’exporter 25.000 fleurs, rien que cela : maigre et pathétique. Ces trois dernières années, les exportations de fleurs et de fraises ont presque totalement cessé. (Pour lire tout l'article : http://www.abpliege.be)

12 mars 2009

calendrier des activités "Palestine" à Liège

Voici le calendrier des activités "Palestine" organisées à Liège par l’ASBL Aquilone :

"Voies de Palestine
Regards et témoignages sur l’identité d’un peuple."


Conférences, débats, expositiions, documentaires, concerts, théâtre...

Du 6 mars au 4 avril 2009, à l’Aquilone, asbl.

04 mars 2009

L’Egypte va accepter l’entrée du convoi VIVA PALESTINA dans Gaza

Moyen Orient - 01-03-2009

Par Farid Arada

Ils sont venus par milliers sur la place Publique Verte de Tripoli pour assister à un grand rassemblement organisé pour accueillir le convoi humanitaire pour Gaza de Viva Palestina. C’est le premier des nombreux événements prévus en Libye.
Des ambassadeurs, des dignitaires, des représentants de la Fondation Kadhafi, ainsi que les enfants de Palestine ont parlé de l'horreur et de la tragédie de la bande de Gaza.


Des sacs remplis de cadeaux contenant des casquettes, des T-Shirts, des livres ont été donnés aux membres du convoi comme geste de remerciement et d'admiration pour leurs efforts visant à apporter de l'aide aux personnes démunies dans la bande de Gaza.

Lors de la manifestation, il a été annoncé avec joie et soulagement que l’Egypte avait décidé de laisser entrer dans Gaza les membres de notre convoi.

Ce sera un souci de moins maintenant et ils n’auront plus qu’à se concentrer uniquement sur le noble objectif fixé quand les véhicules ont quitté le Royaume-Uni le 14 Février.

Plus de 100 camions libyens ont rejoint le convoi avec le contingent de Tripoli aujourd'hui - y compris des ambulances et un camion de pompiers. La Fondation Kadhafi envoie une quantité considérable d'aide médicale.

Après des sandwichs et des boissons, ils se sont dirigés vers la ville de Misrata en faisant éventuellement un arrêt à Khums.

Source : http://www.vivapalestina.org/

Traduction : MG pour ISM

02 mars 2009

DEXIA ET LES COLONIES ISRAÉLIENNES

Ces entreprises françaises et belges qui profitent de la colonisation israélienne
PAR IVAN DU ROY (11 FÉVRIER 2009)

Trois multinationales et une PME hexagonales sont impliquées économiquement dans la colonisation de la Cisjordanie par Israël. La banque franco-belge Dexia finance plusieurs colonies. Alstom et Véolia comptent transporter leurs habitants à travers Jérusalem. La PME Manitou participe à la construction du mur de séparation. Toutes font du business en totale violation du droit international.

Pour lire la suite :
http://www.bastamag.net/spip.php?article432

L’affaire commence à faire un peu de bruit en Belgique. La banque franco-belge Dexia finance plusieurs colonies israéliennes implantées en Cisjordanie. Comment l’ancien crédit local, spécialisé dans les prêts aux collectivités territoriales - régions, départements ou communes – en est-il arrivé à mener « une activité illégale au regard du droit international », comme le dénonce l’ONG belge de solidarité internationale Intal ?

Introduction :

Otzar Hashilton Hamekomi est le nom d'une caisse de dépôts fondée en 1953. Aujourd'hui, cette banque se nomme Dexia Israël Public Finance Ldt. Basée à Tel Aviv, elle accorde des prêts aux communes israéliennes, mais aussi à certaines colonies situées dans les territoires occupés palestiniens.

En novembre 1999, le groupe Dexia - et plus spécifiquement la Banque française Dexia Crédit Local [1] - acquiert 9% du capital de la banque israélienne, Otzar Hashilton Hamekomi..

En 2001, cette banque, jusqu'alors contrôlée par le pouvoir public, est privatisée. Dexia SA remporte le marché et acquiert 40% [2], puis en l'espace de deux ans, 60% de son capital. Il devient ainsi l'actionnaire largement majoritaire. [3]

En novembre 2008, le groupe d'action Dexia Out Of Israël a révélé que cette banque investissait dans les colonies israéliennes construites dans les territoires occupés palestiniens. Pourquoi cette banque fait-elle de tels investissements? Comment l'a-t-il découvert ? Est-ce condamnable au regard du droit international? Voici quelques éléments de réponse. Cet article comporte trois parties.

Partie 1 : Le rôle des territoires occupés dans l'économie israélienne

Partie 2 : Comment a-t-on découvert que Dexia Israël investissait dans les colonies israéliennes?

Partie 3 : Légalité et point de vue éthique. Conclusions

Notes

  1. Dexia : Annual report 1999.
  2. Dexia : Annual report 2001.
  3. Dexia Crédit Local : Rapport annuel 2003.
Résumé

En 2001, Dexia SA prend le contrôle de banque israélienne Otzar Hashilton Hamekomi. Aujourd’hui, il est avéré que Dexia Israël finance des colonies dans les territoires occupés palestiniens. M. David Kapah, directeur de Dexia Israël, l’a explicitement déclaré à la Knesset, lors d’une séance en commission des finances, le 19 juin 2007.

Le financement de ces colonies viole le droit international, en particulier la quatrième Convention de Genève dont l'article 49 stipule que : «la Puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d'une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle.» Cette disposition a été maintes fois confirmée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies entre autres dans sa résolution 446. Par ailleurs, l'article 1 de Convention susmentionnée précise que «les Hautes Parties contractantes s'engagent à respecter et à faire respecter la présente Convention en toutes circonstances.».
En finançant la colonisation israélienne, Dexia viole aussi son propre code d'éthique et le Pacte Mondial des Nations Unies auquel la banque a adhéré et dont les principes 1 & 2 stipulent que «Les entreprises sont invitées à promouvoir et respecter la protection du droit international relatif aux droits de l'Homme dans leur sphère d'influence(1); et à veiller à ce que leurs propres compagnies ne se rendent pas complices de violations des droits de l'Homme (2).»

Voir la plate-forme et la liste des organisations signataires :
http://www.intal.be/fr/campagne/palestine-occupee-–-dexia-implique

Extraits de la Partie 2 (Comment a-t-on découvert que Dexia...)

"La localisation géographique d'une commune, d'une colonie n'intervient pas dans le processusd'octroi d'un crédit, seule compte sa solvabilité . Face aux députés, David Kappah, PDG de Dexia Israël affirme : "Nous sommes une société commerciale et d'affaire. Pour nous la localisation géographique n'est pas pertinente. Ce qui l'est, par contre, c'est qu'une banque n'est pas obligée d'accorder un crédit au premier venu. Mais si l'on parle, concernant notre banque, de municipalités situées au-delà de la ligne verte, nous avons octroyé une aide financière ces deux dernières années et demi à Alfei Menasheh, Elkana, Beit-El, Ariel, Beit Aryeh, le Conseil régional de la Vallée du Jourdain, Givat Zeev, le Conseil régional de Har Hevron, Kedumim, Beit Aryeh (...). Cela veut donc dire que, oui, c'est nous qui les soutenons financièrement et c'est encore vers nous que l'on vient pour recevoir du crédit.»[3]."

3. Dexia Bank not granting credit to Authorities outside the green line http://www.knesset.gov.il/protocols/data/rtf/ksafim/2007-06-19-02.rtf, Document traduit de l'hébreu par Intal.





09 février 2009

Stage créatif pour la palestine « Asseoir l’espoir »

du 23 au 27 février 2009

• Le CEC (Centre d’Expression et de Créativité) Couleur Quartier ,
• Le PAC,
• les Jeunes FGTB,
• le centre jeunes Taboo asbl et
• la JOC
vous proposent un stage artistique tous publics lors de la semaine de carnaval :

" Joindre l'art à la solidarité "
Créer une chaise au profit de l'espoir....

Un rêve : créer une école de cirque en Palestine

A Ramallah, un jeune palestinien de 27 ans a décidé d'initier en 2006 un projet complètement fou : créer une école de cirque dans les territoires occupés et les camps de réfugiés. Une école de cirque qui, plus qu'un divertissement pour un public désireux d'oublier des conditions de vie insupportables, devient un réel espace dans lequel les jeunes participant-e-s peuvent se développer physiquement, exprimer leurs talents et leur personnalité, s'évader et échapper aux énormes pressions qu'ils-elles subissent quotidiennement. Véritable bouffée d'oxygène dans un environnement asphyxié, occupé et surveillé, cette école crée ainsi de nouveaux horizons, au-delà du mur, une brèche, un espoir,....

Cette opération lancée à travers la Wallonie et Bruxelles propose à des artistes professionnels, des artistes amateurs, des créateurs (-trices), des écoles d’art, des classes, des centres d’expression et de créativité, des groupes de jeunes, d’adultes, des associations… de faire don d’une ou plusieurs chaises. Mais pas n’importe lesquelles. Des chaises transformées en oeuvre d’art, oeuvres qui sont exposées et vendues au profit de cette jeune école palestinienne de cirque.

Enfin, « Asseoir l’espoir » c’est une campagne de sensibilisation du grand public à la cause palestinienne, trop souvent sous-estimée ou/ et peu connue.

Concrétement, le but de cette opération est de décorer des chaises et de passer cinq journées ensemble avec des jeunes au profit de la solidarité pour la cause palestinienne.
Les chaises-œuvres seront exposées dans le cadre de la venue de l’école de cirque de Ramallah à Charleroi les 11 et 12 mars à l’Eden.

Ce stage est gratuit. Les participants doivent simplement amener une vieille chaise à customiser.

Inscription via TABOO au 071/641.307.

Infos pratiques :
Animatrice : Isabelle Marez
Pour qui ? Tous publics (à partir de 15 ans) Maximum 12 personnes
Quand ? Semaine de carnaval (du 23 au 27 février) de 10h00 à 16h00
Où ? BPS 22 Charleroi
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Centre Jeunes Taboo asbl
Antoine Thioux - Angela Sciacchitano
071/641.307
http://www.myspace.com/centrejeunestaboo
http://fairact.skyrock.com/

08 février 2009

ISRAËL : Haine à l’Ouest et fanatisme à l’Est !

David MEYER

Le juif de la diaspora est bien seul. Et il s’interroge : le soutien à la politique d’Israël reste-t-il possible dans le cadre d’une réflexion religieuse juive honnête ?

Une opinion de David MEYER, Rabbin, écrivain, enseignant.


(Extraits d'un article paru ce W.E. dans le journal de La Libre Belgique)

Ce 10 février auront lieu les élections à la Knesset, le Parlement israélien. Dans une ambiance difficile, faisant suite au conflit contre le Hamas à Gaza, ces nièmes élections risquent d’amener au pouvoir un Likoud triomphant, partenaire politique de l’extrême droite israélienne du député Avigdor Liberman. Un vote qui pourrait bien mettre un terme aux faibles espoirs de paix entretenus depuis plusieurs années par le parti Kadima et les travaillistes. Il ne s’agirait pas, cette fois-ci, d’une victoire comme une autre. Le Likoud d’aujourd’hui, de par ses amitiés plus que douteuses, est " un parti extrémiste qui risque d’acculer Israël à l’isolement ", selon les paroles mêmes du premier ministre sortant, Olmert. Pour ces extrémistes proches du Likoud, il convient à présent de retirer toute représentation arabe à la Knesset, de lancer une politique de " transfert " et d’expulsions forcées de ces mêmes populations, de couper l’eau et l’électricité aux Palestiniens afin d’en terminer une fois pour toutes avec le problème ! La ligne du parti, qui se confond progressivement avec la politique de l’Etat, devient celle de la ségrégation, des punitions collectives, de la violence, du refus de l’existence de l’autre et du rejet pur et simple du principe du partage, du compromis et de la paix. A notre désespoir le plus total il faut bien convenir que l’heure du fanatisme juif pourrait bien avoir sonné. Espérons que les résultats réels des élections démentent ce triste pronostic !

Face à ce constat, que ressentir, que faire ? Ayant soutenu l’action israélienne à Gaza, sans remords mais avec une douleur réelle pour chaque victime civile, nous sentant totalement rejetés par une certaine Europe qui ne comprend pas qu’Israël a le droit d’exister même au prix d’injustices douloureuses, et qui se laisse aller à des regains d’antisémitisme suspects, c’est à présent à un sentiment d’écœurement que nous faisons face lorsque nous regardons du côté de Sion. Haine du Juif à l’Ouest, fanatisme juif à l’Est, le Juif de la diaspora est aujourd’hui bien seul ! La question, inimaginable il y a seulement une dizaine d’années, devient à présent incontournable : le soutien à la politique d’Israël reste-t-il possible dans le cadre d’une réflexion religieuse juive honnête ?

Certes, ce n’est pas la première fois que certains abus et dérives de la politique israélienne nous interpellent. Mais par le passé, nous voulions croire que ces incidents étaient le résultat d’une situation de guerre complexe, d’un ennemi - le Hamas - particulièrement vil et sans scrupule, de peurs, d’erreurs. Bref, des dérapages que nous pouvions tolérer car, justement, ce n’étaient que des dérapages ! Ce n’est peut-être plus le cas aujourd’hui. La réalité de 2009 est malheureusement celle d’une idéologie bien structurée, mélange de nationalisme et de pseudoreligion, portant en elle la haine et le rejet, en d’autres termes, le fanatisme. Ose-t-on imaginer un soutien juif à cet extrémisme-là ? C’est donc face à la limite morale de notre soutien au gouvernement d’Israël que nous risquons d’être confrontés suite à ces élections.
(...)

Les histoires bibliques ne se limitent pas à la révolte. Abraham et Job ne se contentent pas de critiquer et de condamner; ils luttent et proposent "autre chose". Ils finissent même, au prix de longs efforts, par faire triompher la justice et la décence. Avec eux, c’est l’image d’un Dieu juste et patient qui triomphe sur la réalité d’un Dieu vengeur et erratique. Alors, pour nous aussi, il convient de lutter et de proposer "autre chose". Refuser la réalité d’un Israël tenté par l’extrémisme c’est également essayer de faire triompher l’image d’un autre Israël, s’accrocher à l’espoir de l’existence nécessaire d’un Etat juif capable de sagesse, et motivé par le désir profond et parfois douloureux de la paix. Que faut-il faire pour cela ? Par le passé, d’autres individus, en d’autres lieux, ont dû faire face à la folie passagère de leurs propres Etats et de leurs propres peuples. Ils étaient minoritaires et considérés par beaucoup comme traîtres. Sans renier leur appartenance, ils se sont souvent exilés pour constituer, en exil, un autre gouvernement, "virtuel" dirons-nous aujourd’hui. Un "virtuel" pourtant garant bien réel des idéaux fondateurs de leurs propres nations. En ce qui concerne Israël, une démarche similaire a déjà eu lieu en l’an 2000. A l’initiative de la société civile israélienne et en partenariat avec des représentants palestiniens, des accords pour la paix et le partage sont signés à Genève. Ce petit groupe, se substituant de façon très symbolique au gouvernement officiel de l’Etat d’Israël, agit donc comme une administration "bis", montrant à la face du monde que l’intransigeance officielle, dans les deux camps, n’était pas nécessairement la seule vérité qui vaille. Faut-il aujourd’hui aller plus loin ? Faut-il, si effectivement Israël se dote d’un pouvoir tenté par l’extrémisme, poursuivre la démarche d’un gouvernement "virtuel", soutenir la société civile israélienne et non plus le gouvernement ? Comme l’écrivait très justement l’écrivain israélien Amos Oz : " Dans un sens, ne pas être fanatique revient peu ou prou à être taxé de traître par le fanatique ." Faisant face avec courage aux accusations de traîtrise qui ne risqueront pas de manquer, notre opposition à la dérive jusqu’au-boutiste de certains éveillera peut-être le sursaut éthique nécessaire à la survie d’un état d’Israël porteur de sens et juif dans son âme.
(...)
C’est bien le devoir de réserve et de soutien qui disparaît devant la nécessité éthique du moment. Aujourd’hui, la vision tragique qui se profile nous fait prendre conscience d’une réalité semblable. Le mythe de l’unité et du soutien inconditionnel au gouvernement d’Israël risque de disparaître si une coalition d’extrême droite s’empare effectivement du pouvoir. Face aux dérives de ce fanatisme, nous ne pouvons plus être tous amis. Le soutien à Israël demeure inébranlable pour chaque Juif, plus fort que jadis, mais peut-il encore passer par un soutien à son gouvernement ?

Mis en ligne le 07/02/2009 sur le site de La Libre Belgique

Note. Si je publie ce texte qui s'adresse aux juifs de Belgique, c'est que le soutien indéfectible aux agressions de Gaza m'a mis fort mal à l'aise et risquait d'entamer mon estime pour mes amis juifs. J'espère toujours une réelle prise de conscience de ce qui se passe vraiment au Moyen-Orient, étant toujours fidèle à ma conviction que seuls les intéressés eux-mêmes (Israéliens et Palestiniens) pourront réussir une vraie paix là-bas, un jour, et si possible pas dans trois siècles.

02 février 2009

L'après GAZA

Le conflit israélo-palestinien touche aux fondements de notre culture. Pour s'en rendre compte, il suffit de souligner la synchronie entre les déclarations niant le génocide d'un archevêque traditionnaliste réintégré dans le giron de l'Eglise catholique (bine gênante pour Rome), la visite de 135 jeunes de Belgique à Auschwitz (une visite dont on ne revient pas indemne), les manifestations contre les massacres de Gaza, un peu vite soupçonnées d'antisémitisme.

Cette crispation me conduit, une fois de plus, à laisser s'exprimer les juifs eux-mêmes, les seuls actuellement à l'abri d'une accusation d'antisémitisme. En cela, je reste fidèle à ma conviction que la paix ne sera possible que par un changement, un virage en profondeur de la société israélienne elle-même.

Je vais donc d'abord laisser la parole à deux voix, l'une d'un journaliste Israélien (Haaretz) (1), l'autre de Judith Stone, dont l'article à entraîné le licenciement d'une journaliste juive pour l'avoir publié.(2)
Après quoi, je donnerai un petit un écho de ce qu'on peut arriver à dire aux soldats israélien qui vont partir au front : autant savoir (3).
Puis une vidéo éclairante (4), hélas seulement en anglais.
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1. La guerre de Gaza se termine par une défaite totale pour Israël

de Gideon Levy, journaliste Israelien pour Haaretz, qui revient sur la "Guerre" de Gaza.
samedi 24 janvier 2009.
Traduction : Florent Barat

"Au lendemain du retour du dernier soldat israélien de Gaza, nous pouvons définitivement dire qu’ils y étaient tous allés pour rien. Cette guerre est une défaite totale pour Israël. Et cela s’étend au-delà de la profonde faillite morale, qui est un problème grave en soi, mais confirme l’incapacité d’Israël à atteindre ses objectifs annoncés. En d’autres mots, le chagrin n’est pas complété par la défaite. Nous n’avons rien gagné dans cette guerre, si ce n’est des centaines de tombes, certaines très petites, des milliers de personnes mutilées, beaucoup de destruction et la détérioration de l’image d’Israël. Ce qui représentait une faillite dès le départ pour une poignée de gens, va peu à peu se révéler l’être effectivement à beaucoup d’autres, une fois que les trompettes de la victoire s’essouffleront."
(Pour lire la suite : http://www.haaretz.com/hasen/spages/1057670.html)
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2. En quête de justice

Judith Stone

Cet article a été envoyé à Debbie Ducro, une journaliste juive américaine du « Kansas City Jewish Chronicle ». Elle l’a publié et a été licenciée le jour suivant.

26 janvier 2009
Traduit de l'anglais par Anne Bienfait pour Investig'Action.

"Je suis juive. J’ai participé à la Marche pour le Droit au Retour des réfugiés palestiniens. Il était juste de le faire. J’ai entendu parler de l’holocauste contre les Juifs d’Europe depuis que je suis petite. J’ai visité le Mémorial de Washington DC et celui de Jérusalem dédiés aux vies juives perdues et j’ai pleuré en réalisant jusqu’à quel niveau d’atrocité l’espèce humaine est capable de sombrer. Je me demande ce qu’est devenue la conscience juive. Il ne faut voir dans cette interrogation aucune malveillance à l’égard des survivants de l’holocauste hitlérien. Cette partie de l’humanité n’était pas en position de choisir la façon dont elle allait survivre. Toutefois, n’oublions jamais qu’avoir survécu ou être un coreligionnaire des victimes du génocide ne dispense pas de respecter certaines règles d’humanité. Le slogan « Plus jamais ça ! » sonne creux quand il veut dire « Plus jamais ça … seulement chez nous ! ». Ma génération a été élevée dans la croyance que le pays de la Bible était un vaste désert habité seulement par une poignée de Palestiniens indigents, vivant avec leurs chameaux en tentant de joindre les deux bouts et de survivre dans le sable. L’arrivée des Juifs était présentée comme un bénéfice immense pour ces habitants du désert. Golda Meir nous assurait même qu’il n’existait pas de « problème palestinien ». Nous savons maintenant que ce tableau ne correspondait pas à la réalité. La Palestine était un pays qui avait beaucoup d’habitants et qu’ils le considéraient comme leur patrie. Villes et villages, écoles et hôpitaux y prospéraient. Il y avait des juifs, des chrétiens et des musulmans. En fait, avant l’occupation, les juifs représentaient seulement 7 % de la population et possédaient 3 % des terres."
(Pour lire la suite : http://windowintopalestine.blogspot.com/2009/01/jewish-editor-sacked-for-publishing.html)
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3. Autant savoir : Offensive à Gaza : brochure ultra nationaliste du rabbinat militaire
lundi 26 janvier 2009

Dans une brochure distribuée aux militaires de l’armée israélienne :

"faire un parallèle entre les Palestiniens d’aujourd’hui et les Philistins de la Bible" et donc Israël fait face à des "envahisseurs étrangers" qui n’ont aucun droit à la Terre promise.

"La Torah nous interdit de remettre un seul millimètre (de la Terre d’Israël) à des non-juifs, que ce soient par des enclaves, des zones autonomes ou d’autres concessions manifestant notre faiblesse nationale"

"Avoir pitié envers un ennemi cruel revient à se montrer cruel envers nos justes soldats (...) Nous sommes en guerre contre des assassins. A la guerre comme à la guerre"

ET des groupes d’extrême-droite ont distribué sans entrave des tracts "appelant les soldats à ne pas tenir compte de consignes (de retenue) et d’exterminer l’ennemi".

(Lire la suite : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article78965)

Et des réactions :
Tollé autour d’une directive rabbinique

"L’aumônier principal de l’armée israélienne, le rabbin Avichaï Rontzki, a distribué aux militaires participant à l’offensive contre le Hamas à Gaza un texte les incitant se montrer sans pitié avec l’ennemi, a révélé lundi l’ONG Yesh Din.

Ce groupe de défense des droits de l’Homme dans les territoires occupés par Israël a invité le ministre de la Défense, Ehoud Barak, a démettre de ses fonctions Rontzki, qui a rang de général de brigade.


Le texte distribué par Rontzki contenait une directive du rabbin Shlomo Aviner, figure du mouvement des colons, affirmant que les soldats combattent des "meurtriers" et qu’il serait "terriblement immoral" de faire preuve de pitié envers ce "cruel ennemi".


Selon Yesh Din, cette directive pourrait avoir été interprétée par certains soldats comme les invitant à dépasser les limites fixées par le droit international en temps de guerre.

L’armée israélienne a été accusée à l’étranger de crimes de guerre durant son offensive de 22 jours à Gaza et le Premier ministre Ehoud Olmert a promis dimanche aux officiers et soldats y ayant participé l’assistance juridique de l’Etat d’Israël face à ces accusations."


http://bellaciao.org/fr/spip.php?article78965
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4. Voici un petit film tourné par CBS, que l'on ne peut pas accuser d'être spécialement engagé.
Après les quelques premières secondes qui sont sans rapport, c'est vraiment très éclairant sur un des noeuds du conflit israélo-palestinien. Hélàs, seulement en anglais (pour le moment).
(Voir : http://www.cbsnews.com/video/watch/?id=4752349n

La vidéo est communiquée via un blog que je vous recommande d'aller visiter : http://anniebannie.net/



04 janvier 2009

Déclaration d'organisations de femmes israéliennes

C'est un fait significatif en Israël que les organisations de femmes – qui ne sont pas nécessairement impliquées dans une militance au sujet du conflit – se soient réunies pour signer une déclaration contre l’utilisation de la guerre.

Alors que le discours national militariste l’emporte dans les médias et qu’il existe un grand soutien pour la guerre dans la société juive, la déclaration commune de 20 organisations de femmes en Israël suggérant une nouvelle culture politique est très importante dans notre travail en Israël.

Cette déclaration a connu une certaine couverture dans la presse et la radio.

Chers sœurs et amies,

Le mouvement des femmes pour la paix, comme la gauche, est en train de manifester contre la guerre chaque jour et tous les jours depuis qu’elle a commencé. Il n’est pas suffisamment couvert par la presse. En même temps, les organisations de femmes se sont réunies pour protester contre la guerre comme moyen légitime pour régler des conflits. Je vous envoie le message sur lequel elles se sont mises d’accord.
Vendredi nous aurons une manifestation de femmes contre la guerre. Bonne année. Puissions-nous voir l’abolition des guerres et des destructions. Puissions-nous voir une transformation vers des leaderships humains et des sociétés qui respectent la vie humaine et cherchent à entretenir la vie et la prospérité de tous.
Love and Peace,
Yvonne

From: gila svirsky [mailto:gsvirsky@013net.net] 
Sent: Wednesday, December 31, 2008 3:50 PM

Nous, organisations de paix de femmes appartenant un large spectre d’opinions politiques, exigeons la fin des bombardements et autres instruments de mort, et appelons au commencement immédiat de délibérations pour parler de paix et ne pas faire la guerre. La danse de morts et des destructions doit finir. Nous exigeons que la guerre ne soit plus une possibilité, ni la violence une stratégie, ni l’assassinat une alternative. La société que nous voulons en est une dans laquelle chaque personne peut mener une vie en sécurité – personnelle, économique et sociale.

Il est évident que le prix le plus élevé est payé par les femmes et d’autres de la périphérie – géographique, économique, ethnique, sociale et culturelle – qui maintenant, comme toujours sont exclues de la vue du public et du discours dominant.

Le temps des femmes c’est maintenant. Nous exigeons que les mots et les actes soient dirigés dans un autre langage.


Ahoti- pour Femmes en Israël
Anuar- Leadership des femmes juives et arabes
Artemis- Society Economique pour les femmes
Aswat- Femmes palestiniennes Gay Bat Shalom
Bat Shalom
Coalition des Femmes pour la paix
Empowerment économique pour les femmesfor Women
Feminancy: Collège pour l’ Empowerment des femmes
Groupe militant Féministe – Jerusalem
Groupe militant Féministe – Tel Aviv
Commission internationale des femmes: Branche israélienne
Centre Féministe Isha L’Isha- Haifa
Itach: Avocates pour le Justice sociale
Centre des femmes Kol Ha-Isha- Jérusalem
Centre Mahut - Information, Formation et Emploi des femmes
Mouvement Shin - Représentation égale pour les femmes
Communauté de Soutien - Centre de développement des affaires des femmes
TANDI – Mouvement des femmes démocratiques pour Israel
Tmura: Le centre légal antidiscriminatoire israélien
Université contre le Harcèlement – Tel Aviv
Les femmes et leur corps
Le Parlement des femmes
L’esprit des femmes - Indépendance Financière pour les femmes victims de violence

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Une opération militaire inutile ? par Tom Segev, Ha'Aretz- 29/12/08

L’erreur fondamentale de vouloir donner une leçon au Hamas
par Tom Segev

L’historien Tom Segev rappelle à quel point sont vaines les justifications israéliennes pour le recours à la violence. Non, martèle-t-il, Israël ne parviendra pas à « renverser le Hamas, » et à installer par la force des dirigeants qui lui seront complaisants. Non, les frappes visant les Palestiniens ne leur donneront pas une « leçon », et aucune opération militaire n’a jamais permis d’avancer dans le dialogue, seule solution pour apporter la paix dans la région.

Par Tom Segev, Haaretz, 29 décembre 2008

La chaîne de télévision Channel 1 a diffusé un montage intéressant ce samedi matin : ses correspondants intervenaient depuis Sderot et Ashkelon, mais les images à l’écran provenaient de la bande de Gaza. Cette émission, quoique involontairement, donnait le bon message : Un enfant de Sderot est le même qu’un enfant de la bande de Gaza, et toute personne qui nuit à autrui commet le mal.

Mais l’assaut sur la bande de Gaza n’est pas redevable avant tout d’une condamnation morale : il exige quelques rappels historiques. La justification donnée pour cet assaut, tout comme ses objectifs, sont une répétition des mêmes hypothèses de base qui se sont avérées fausses à chaque fois. Pourtant, Israël les tire toujours de son chapeau, encore et encore, une guerre après l’autre.

Israël lance des frappes sur les Palestiniens pour « leur donner une leçon ». C'est là une considération qui accompagne l'entreprise sioniste depuis sa genèse : nous sommes les représentants du Progrès et des Lumières, de la raison complexe et de la moralité, tandis que les Arabes sont une racaille primitive et violente, des gamins qui doivent être éduqués et remis dans le droit chemin en utilisant – bien entendu – la méthode de la carotte et du bâton, comme le fait le charretier avec son âne.

Le bombardement de Gaza est aussi censé "liquider le régime du Hamas", le tout enchaîné avec une de ces autres considérations qui font le sel du mouvement sioniste depuis sa fondation : il est possible d'imposer aux Palestiniens l'émergence d'une direction "modérée", c'est-à-dire une équipe qui renoncera à leurs aspirations nationales. Toujours dans cet ordre d'idées, Israël croit encore et toujours qu'en infligeant souffrance et désolation aux civils palestiniens, on les poussera à se révolter contre leurs dirigeants nationaux. L'histoire devrait pourtant nous démontrer que rien n'est plus faux. Lire la suite : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2437
ou : http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=93013

Tom Segev est journaliste et historien. Classé parmi les « nouveaux historiens, » il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont été traduits en français, dont « 1967 : Six jours qui ont changé le monde », et « Le septième million : Les Israëliens et le génocide ».

03 janvier 2009

Débat : Y aura-t-il un État palestinien ?


Certaines personnes ont du mal de se départir de la propagande dominante dans les médias occidentaux selon laquelle l'armée israélienne ne fait que se défendre contre les attaques insupportables du Hamas, reconnu dans le monde entier comme mouvement terroriste, comme chacun sait.
Comme antidote, je juge qu'un rappel n'est pas inutile. Et je trouve que celui de Leila Chahid, déléguée générale de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg, constitue aujourd'hui plus que jamais, même s'il date d'avril dernier, une bonne mise au point.

mardi 29 avril 2008 - L’Humanité

Leïla Shahid. Je reviens d’un mois en Palestine après quatre ans d’absence, et j’ai été absolument catastrophée, effondrée, de voir combien les choses ont régressé. J’ai l’impression qu’en quatre ans, c’est devenu quasiment irréversible. À commencer par Jérusalem. Jérusalem aujourd’hui n’a plus d’existence en tant que ville arabe à l’Est, israélienne à l’Ouest. L’endroit où le mur est le plus répulsif, le plus difficile à vivre, c’est Jérusalem. Parce que, là, il est tout en béton. Ailleurs, sur ses 700 kilomètres de parcours, c’est parfois un grillage avec des barbelés. Mais à Jérusalem, la Jérusalem métropolitaine qui est soixante fois plus grande qu’en 1967, il est entièrement en béton et il fait 9 mètres de haut.

Deuxièmement, c’est à Jérusalem-Est que l’agrandissement de colonies a été le plus important - toutes les informations le prouvent, en particulier celles de La paix maintenant, qui a fait un remarquable travail de « monitoring » des colonies. C’est dans la tradition sioniste classique de créer des faits accomplis. Celui-là déchargera Israël de la nécessité de négocier le statut de Jérusalem. Car si cela continue, il n’y aura plus rien à négocier.

La troisième chose qui m’a beaucoup choquée, c’est l’étendue des embranchements de routes pour relier ce qu’on appelle le « ring road », le périphérique de Jérusalem, qui va pratiquement annexer toute la ville sur le plan du transport public et de l’espace. Ces embranchements ne desservent que les colonies. Il n’y a pas une seule bretelle qui aille à Beit Hanina ou dans n’importe quelle banlieue de Jérusalem-Est. L’isolement de Jérusalem de la Cisjordanie et des territoires occupés est un fait accompli : on ne peut déjà plus parler de Jérusalem-Est comme capitale de l’État de Palestine. Finalement, et ceci concerne particulièrement les Français, à cause des entreprises impliquées (Veolia et Alstom), le tramway reliera les colonies à l’est de Jérusalem à Israël, en violant toutes les règles du droit international.

Dans le reste de la Cisjordanie, l’extension des colonies autour d’Ariel, celle de Maale Adumin pratiquement jusqu’à la mer Morte, l’extension du bloc du Gush Etzion font qu’il ne reste plus que trois entités complètement séparées : le bantoustan du Nord, celui du centre et celui du Sud, qui ne sont pas viables comme territoire d’un État.

Lorsque vous dites cela aux responsables israéliens, le plus sérieusement du monde, ils vous répondent qu’ils vont faire des tunnels sous les colonies et des ponts par-dessus, pour respecter la lettre de ce qui est inscrit dans les accords : la continuité territoriale. C’est littéralement kafkaïen, mais ils le disent sérieusement !

Les premiers à constater cet état de fait, ce sont les habitants de la Palestine, qui ne reconnaissent plus visuellement le paysage dans lequel ils habitent. Tous les jours il y a soit une nouvelle colonie, une « sauvage » qui devient officielle, une autre qui obtient le statut de ville, comme Ariel ou Modiin. Ce constat, vous le trouvez dans la bouche de la plupart des citoyens, je ne dis pas des responsables de l’Autorité palestinienne. Car si les responsables devaient admettre qu’il n’y a plus les fondements territoriaux d’un État, ils devraient arrêter de négocier. Ou alors adopter une autre stratégie.

L'état des lieux que j'ai constaté de mes propres yeux en Palestine en 2006, notamment autour de Jérusalem, a donc encore empiré. Je suis admiratif devant le calme des Palestiniens de Jérusalem. Jusqu'à quand garderont-ils la maîtrise de leurs émotions ? La poursuite de la colonisation par Israël arrivera-t-elle à les pousser à bout ?
Ceux qui parlent aujourd'hui de Paix me paraissent ou bien très naïfs ou bien très hypocrite.
Mais peut-être convient-il de rappeler ici cette phrase qui résonne dans mes oreilles, elle est d'un chauffeur de taxi, à propos du réchauffement climatique, et elle est citée par Anne Gouyon dans un de ses interview : "c'est vraiment horrible, et si on ne peut rien faire, je préfère ne pas savoir."

Eau et conflits dans le bassin du Jourdain

 Par Hervé Amiot les clés du Moyen-Orient https://static.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du-Jourdain.html
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