24 septembre 2018

La démolition de Khan al Ahmar, le transfert de ses habitants. En attendant l’annexion pure et simple ?

Dossier

“Israël : La démolition de Khan al Ahmar et le transfert de ses habitants sont des crimes de guerre.”

En attendant l’annexion pure et simple ?


1. 


RFI les voix du monde, le 28 décembre 2016


Une colonie à l'est de Jérusalem pourrait bientôt être annexée par Israël.
Presque un mois après l'adoption de la résolution de l'ONU 2334, condamnant la colonisation dans les Territoires Palestiniens, la droite religieuse affiche clairement sa volonté d'annexer Maale Adumim.
La colonie pourrait alors être régie par la loi israélienne.
Une première et un nouveau tour de force vivement critiqué par les Palestiniens.


Un projet de loi portant sur l'annexion de Ma'ale Adumim vise à appliquer la souveraineté de la loi sioniste déjà existante dans la zone E1.
Cette zone qui s'étend sur une superficie de 12 kilomètres carrés, a été incluse dans la zone d'influence la colonie Maale Adumim, qui s'étend au nord et à l'ouest de la Cisjordanie, et l'annexion signifie la séparation du nord de la Cisjordanie du sud, ce qui, par conséquent rend difficile l'établissement d'un Etat palestinien avec une continuité géographique.

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2. 

Plantées sur des collines à l'est de Jérusalem et fondée en 1975, Maale Adumim est l'une des plus grosses colonies de Cisjordanie. Et le projet de loi présenté, entre autres par le parti nationaliste religieux, Le foyer juif, viserait à y faire appliquer la loi israélienne.
D'interminables rangées de maisons aux toits rouges plantées sur des collines à l'est de Jérusalem. Fondée en 1975, Maale Adumim est l'une des plus grosses colonies de Cisjordanie. Et le projet de loi présenté, entre autres par le parti nationaliste religieux, Le foyer juif, viserait à y faire appliquer la loi israélienne.
Une annexion pure et simple, dénoncent les Palestiniens.
Ce chantier qui pourrait relier Maale Adumim à Jérusalem validerait l'annexion et menacerait ainsi la continuité territoriale de la Cisjordanie.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a lui-même pris ses distances avec ce projet de loi controversé.
Située sur un axe stratégique, à l'est de Jérusalem, la colonie de Maale Adumim, qui possède plus de 40 000 habitants, est devenue le nouveau cheval de bataille de la droite israélienne qui plaide pour l'annexion pure et simple de pans entiers de la Cisjordanie.

Avec notre correspondante à Ramallah,  Marine Vlahovic

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3.

 VOIR la Carte interactive : https://www.btselem.org/map
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4.  

CNCD

L’expansion des colonies fait dire à de nombreux acteurs, dont le Secrétaire général des Nations Unies, qu’Israël mène aujourd’hui non plus une occupation, mais bien une annexion « de facto » du territoire palestinien. (…)
Ainsi la récente « loi de régularisation » légalise rétroactivement l’établissement de colons sur les terres privées palestiniennes, laissant aux propriétaires palestiniens un droit à une compensation, mais aucun droit d’appel. La Knesset, le parlement israélien, a par ailleurs voté ici une loi anti-démocratique puisqu’elle s’applique à la Cisjordanie, donc hors du territoire israélien, sans que les Palestiniens n‘y soient représentés. Fin décembre 2017, le Comité central du parti a par ailleurs voté en faveur de l’annexion définitive de la zone C par Israël afin de permettre la construction sans entraves de nouvelles colonies. Le vote en juillet 2018 de la loi fondamentale israélienne sur l’Etat nation juif a enfin érigé la colonisation en « valeur nationale », obligeant l’Etat à l’encourager, la promouvoir et la consolider.
Parallèlement, l’armée israélienne détruit régulièrement les infrastructures palestiniennes situées en zone C, prétextant une absence de permis, alors même que l’octroi de permis pour ces infrastructures est quasiment inexistant. L’objectif est simple et rappelle à nouveau le plan Allon : regrouper les Palestiniens dans les zones peuplées, afin d’annexer des terres sans annexer des Palestiniens. C’est le sort vécu aujourd’hui par la communauté bédouine de Khan al Ahmar. Située entre Jérusalem-Est et la colonie israélienne de Maale Adumim, sur le site appelé « E1 », elle empêche la construction d’une nouvelle colonie. Or la construction sur le site de E1 couperait la Cisjordanie en deux parties et mettrait définitivement fin à la solution à deux Etats. Le 5 septembre dernier, la Cour Suprême israélienne a approuvé la démolition des infrastructures et le transfert forcé de la communauté de Khan al Ahmar. Pour rappel, le transfert forcé de population constitue un crime de guerre en vertu de l’article 8 du Statut de Rome.
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Articles AMNESTY INTERNATIONAL :

5.

Israël : La Cour suprême statue en faveur de la démolition du village de Khan al Ahmar

Le 5 septembre 2018

La Cour suprême israélienne, a décidé pour la deuxième fois en moins de deux mois, de donner son feu vert à la démolition de Khan al Ahmar, après avoir rejeté les dernières requêtes désespérées des habitants de ce village de Cisjordanie.


« Avec cette décision honteuse et manifestement illégale, la Cour suprême confirme une forme de complicité dans le transfert forcé des communautés palestiniennes pour l’expansion de colonies réservées aux seuls juifs. Elle prive les requérants de toute protection que leur fournit le droit international humanitaire, tout en validant la politique discriminatoire des autorités israéliennes,
a déclaré Saleh Higazi, responsable du bureau d’Amnesty International à Jérusalem.

Voir aussi (ci-dessous) : Israël : La démolition de Khan al Ahmar et le transfert de ses habitants sont des crimes de guerre

«  Si la communauté internationale ne prend pas immédiatement les mesures nécessaires pour empêcher ce crime d’avoir lieu, des milliers d’autres Palestiniens autour de Jérusalem et dans la vallée du Jourdain risquent d’être déplacés de force de manière imminente.  »


Complément d’information

Khan al Ahmar se trouve à l’est de Jérusalem, près des colonies illégales israéliennes de Maale Adumim et Kfar Adumim. Le transfert par Israël de ses citoyens, et de plus de 200 autres personnes, pour les installer dans ces colonies bafoue le droit international et constitue un crime de guerre.

Khan al Ahmar est l’une des 46 communautés palestiniennes en Cisjordanie centrale qu’Israël veut transférer de force pour laisser place à des colonies illégales réservées aux juifs. Le 24 mai, la Cour suprême israélienne a statué en faveur de la démolition du village.

Le 4 juillet, l’armée israélienne a tenté d’expulser de force les habitants de Khan al Ahmar, attaquant violemment ces habitants et des militants solidaires. Les habitants ont alors engagé de nouvelles actions juridiques dans l’espoir de protéger leur village.


Ces 10 dernières années, à Khan al Ahmar, plus de 25 logements ont été démolis par les autorités israéliennes. Le village compte plus de 160 bâtiments, dont une école, une mosquée et un centre de soins, pour la plupart faits de tôle ondulée et de bois.

Le transfert forcé de personnes vivant sous occupation est une grave violation de la Quatrième Convention de Genève. Au titre de l’article 8 du Statut de Rome, la déportation ou le transfert à l’intérieur ou hors du territoire occupé de la totalité ou d’une partie de la population de ce territoire constitue un crime de guerre.
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6.

Israël : La démolition de Khan al Ahmar et le transfert de ses habitants sont des crimes de guerre

Le 5 juillet 2018 

https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/israel-la-demolition-de-khan-al-ahmar-et-le-transfert-de-ses-habitants

La politique d’Israël consistant à transférer de force des Palestiniens hors de chez eux et à implanter des civils israéliens dans les territoires palestiniens occupés viole la Quatrième Convention de Genève et est considérée comme un crime de guerre. 

Dans la matinée du 5 juillet, les forces de sécurité ont bouclé les zones entourant le village de Khan al Ahmar, afin de préparer la démolition du village tout entier, dont des écoles, des terres agricoles, une mosquée et les maisons de toutes les familles qui y vivent.

«  Poursuivre la démolition de Khan al Ahmar témoigne d’une profonde cruauté et équivaut à un transfert forcé, ce qui constitue un crime de guerre. L’État d’Israël doit rendre des comptes pour ces graves violations de la Quatrième Convention de Genève, une norme qu’il s’est lui-même fixée et qu’il demande aux autres nations de respecter. La communauté internationale a la responsabilité de veiller au respect des Conventions de Genève. Il faut stopper la démolition de Khan al Ahmar," a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice par intérim du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« La décision de la Cour suprême est extrêmement dangereuse et elle risque d’établir un précédent pour les autres communautés qui s’opposent aux projets des autorités israéliennes visant à les réinstaller dans des centres urbains. Les autorités israéliennes doivent respecter leurs obligations juridiques internationales, et abandonner tout projet de transfert forcé des habitants de Khan al-Ahmar et de toute autre communauté.  »


Complément d’information

Khan al Ahmar se situe à environ deux kilomètres au sud de la colonie de Kfar Adumin, en Cisjordanie occupée. Les Bédouins qui y vivent souffrent des violences commises régulièrement par des colons, y compris contre les enfants, et des attaques visant leurs habitations. Les autorités israéliennes ont refusé d’amener l’eau et l’électricité jusqu’à ce village, et restreint les pâtures pour les bêtes des villageois.

Les habitants de Khan al Ahmar se battent depuis 2009 contre les décisions prises par les autorités de détruire leurs bâtiments et installations, y compris l’« école en pneus ». Cette année-là, des habitants des colonies israéliennes de Kfar Adumin, d’Alon et de Nofei Prat, situées non loin de ce village, ont demandé à la Cour suprême israélienne de permettre à l’armée israélienne d’appliquer les décisions de destruction en suspens.

Le village de Khan al Ahmar fait partie des 46 communautés palestiniennes de Cisjordanie dont les habitants risquent d’être transférés de force en raison des projets israéliens de réinstallation et des pressions exercées sur eux pour qu’ils partent. Ces villages sont situés dans le secteur appelé « Zone C » aux termes des accords d’Oslo signés en 1993 par Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Dans ces zones, qui couvrent plus de 60 % de la Cisjordanie occupée, l’armée israélienne continue d’exercer un contrôle total sur la sécurité. L’administration civile israélienne, une instance militaire, supervise quant à elle l’aménagement du territoire.

L’armée israélienne a récemment annoncé de nouveaux projets de destruction des villages d’Aïn el Héloué et Umm Jamal (situés dans la vallée du Jourdain), de Jabal al Baba (à l’est de Jérusalem) et d’un cinquième des bâtiments du village palestinien de Susiya (dans les collines du sud d’Hébron).
La politique d’Israël consistant à implanter ses civils dans les territoires palestiniens occupés, à détruire gratuitement des biens et à transférer de force des Palestiniens vivant sous occupation viole la Quatrième Convention de Genève, et ces agissements constituent des crimes de guerre énumérés dans le Statut de la Cour pénale internationale.

Depuis 1967, Israël a procédé à l’expulsion et au déplacement forcés de communautés entières et détruit plus de 50 000 habitations et structures palestiniennes.

21 septembre 2018

Ahed Tamimi libérée

Ahed Tamimi a été libérée. Cette adolescente palestinienne a passé huit mois en prison pour avoir giflé deux soldats israéliens, un épisode qui avait fait d’elle une icône pour les Palestiniens.

 



À l’époque âgée de 16 ans, Ahed Tamimi avait été arrêtée le 19 décembre 2017, quelques jours après avoir été filmée dans une vidéo devenue virale sur internet. Les images la montraient en train de s’approcher avec sa cousine Nour Tamimi de deux soldats israéliens appuyés sur un muret, dans la cour de sa maison à Nabi Saleh, un village du territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans. Les deux jeunes filles leur demandent de quitter les lieux puis leur donnent des coups de pied et de poing et des gifles.

A lire : Ahed Tamimi, visage viral. (https://www.liberation.fr/planete/2018/01/07/palestine-ahed-tamimi-visage-viral_1620892)

Issue d’une famille connue pour sa lutte contre l’occupation israélienne, elle avait déjà été impliquée dans une série d’incidents avec des soldats, dont les images avaient fait le tour du monde. Les Palestiniens louent en Ahed Tamimi un exemple de courage face aux abus israéliens dans les territoires palestiniens occupés. Nombre d’Israéliens considèrent pour leur part qu’elle est un exemple de la façon dont les Palestiniens encouragent leurs enfants à la haine.

Le procès de l’adolescente devant un tribunal militaire a bénéficié d’une importante couverture médiatique. Le président Mahmoud Abbas a salué personnellement son courage. «Il y a eu cette image symbolique d’une enfant se confrontant à un soldat israélien hyper-armé juste devant sa maison. Et le fait qu’elle ait été condamnée à une si lourde peine a suscité l’attention», explique à Yara Hawari, une militante palestinienne amie de la famille Tamimi. L’adolescente s’est vu infliger une peine presque aussi lourde – huit mois de prison – que le soldat israélien Elor Azaria condamné à neuf mois pour avoir abattu un assaillant palestinien blessé qui ne posait plus aucun danger.

À lire : "En plaidant coupable, la Palestinienne Ahed Tamimi écope de huit mois de prison"

Pour les défenseurs des droits de l’Homme, l’affaire Tamimi a permis de mettre en lumière les pratiques des tribunaux militaires israéliens et leur taux de condamnation très élevé -99%- de Palestiniens. La Cisjordanie étant un territoire occupé militairement par Israël, les Palestiniens qui y résident sont jugés devant des tribunaux de l’armée.

«La résistance continue»


La libération d’Ahed Tamimi a été annoncée par le porte-parole de la prison israélienne où elle était détenue a annoncé qu’Ahed Tamimi, et sa mère, également incarcérée à la suite de l’incident, ont été transférées par les autorités israéliennes jusqu’à un point de contrôle menant à la Cisjordanie, où toutes deux résident. Elles ont été conduites par des soldats israéliens jusqu’à leur village de Nabi Saleh. En larmes, l’adolescente a embrassé les membres de sa famille et les soutiens venus l’accueillir, sur un petit chemin menant à la bourgade. Puis, le père, Bassem, encadré de sa fille et de son épouse, les a accompagnées jusqu’à la maison familiale, sous les cris de la foule scandant : «Nous voulons vivre libres !» Face à un mur de caméras, les épaules recouvertes d’un keffieh, châle blanc et noir symbole de la résistance palestinienne, Ahed Tamimi a adressé des remerciements à la foule venue l’accueillir. «La résistance continue jusqu’à ce que l’occupation prenne fin», a-t-elle clamé, sa voix recouverte par les cris de ses soutiens.

L’adolescente a rendu visite à des proches qui ont perdu l’un des leurs, tué en juin dernier lors d’affrontements avec des soldats israéliens. Elle a ensuite déposé des fleurs sur la tombe du dirigeant palestinien Yasser Arafat, à Ramallah et s’est rendue au siège de l’Autorité palestinienne, sans qu’il soit confirmé si une rencontre avec le président palestinien aurait lieu. Elle donnera une conférence de presse dans l’après-midi.

Les autorités israéliennes ont tenu à limiter la médiatisation autour de la libération de Ahed Tamimi et sa mère, notamment en diffusant des informations contradictoires sur l’endroit par lequel elles étaient censées rentrer en Cisjordanie occupée.Samedi, deux Italiens et un Palestinien ont été arrêtés après avoir peint le visage désormais célèbre de l’adolescente aux longues boucles blondes sur le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie occupée.

Voir http://www.lefigaro.fr/international/2018/01/02/01003-20180102ARTFIG00264-ahed-tamimi-le-nouveau-visage-de-la-resistance-palestinienne.php


L'histoire d'Ahed Tamimi est intrinsèquement liée à Nabi Saleh, petit village de Cisjordanie, situé entre Tel Aviv et Jérusalem. Cette bourgade arabe de quelques centaines d'habitants fait face à la colonie israélienne de Halamish, qui s'est appropriée des terres et une source d'eau appartenant au village. Un acte qui révolte les habitants de Nabi Saleh. Dès 2009, une marche hebdomadaire de protestation est organisée et tourne régulièrement à la confrontation avec les forces israéliennes. La famille Tamimi est en pointe de la contestation.


Arrêté de nombreuses fois, le père d'Ahed, Bassem Tamimi, 50 ans, en est un des leaders. Bassem rêve de créer «un modèle de résistance civile, qui prouverait que nous ne sommes pas des terroristes et que nous sommes les propriétaires de ces terres, explique-t-il au journal israélien Haaretz, en 2010. Nous voulons envoyer aux Palestiniens et Israéliens le message qu'il existe cet autre modèle de résistance, non-violent.» En 2012, son activisme le conduit une nouvelle fois en prison, Amnesty international mènera une campagne pour faire libérer celui que l'ONG qualifie de «prisonnier de conscience».

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Selon l’ONG palestinienne Addameer, 274 mineurs palestiniens ont été arrêtés depuis le début de l’année 2018, et attendent à leur tour d’être jugés par un tribunal militaire israélien, où le taux de condamnation dépasse les 99%.

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Un symbole mondial

 

Le 15 décembre, à l’issue d’une journée tendue de manifestations dans son village de Nabi Saleh, et quelques heures après que son cousin Mohammed a été gravement blessé à la tête par un tir israélien, (https://www.liberation.fr/planete/2018/02/27/balle-israelienne-dans-la-tete-ou-accident-de-velo-polemique-sur-la-blessure-d-un-palestinien_1632694) Ahed Tamimi avait malmené deux soldats postés dans la cour de la maison familiale. Figure déjà bien connue du public israélien et palestinien habitué aux happenings résistants de la famille Tamimi, adepte de la non-violence qui documente en images toutes ses altercations avec les forces israéliennes en Cisjordanie occupée, Ahed Tamimi est devenue après son incarcération un symbole mondial, soutenue par l’écrasante majorité des associations de défense des droits de l’homme ainsi que de nombreux pays et institutions, dont l’Union européenne, qui ont appelé à sa libération. La décision des autorités israéliennes, après une première audience ouverte au public et aux journalistes, de la juger à huis clos avait été aussi sévèrement condamnée. Selon le collectif «Free Tamimi», la jeune palestinienne a choisi de garder le silence durant toute la procédure.
À lire aussi Procès d’Ahed Tamimi, entre postures et défense de rupture (https://www.liberation.fr/planete/2018/01/16/proces-de-la-palestinienne-ahed-tamimi-entre-postures-et-defense-de-rupture_1622646)

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La famille Tamimi

Ahed Tamimi âgée de 9 ans, en 2010

Depuis une décennie, le clan Tamimi irrite au plus haut point les autorités et l’opinion publique israéliennes, qui voient dans cette famille d’activistes une bande d’«agitateurs» aux convictions radicales. Les Tamimi ont théorisé une forme de «résistance populaire» consistant en des manifestations hebdomadaires, durant lesquelles ils filment et documentent toutes leurs altercations avec les militaires israéliens. Une lutte par l’image extrêmement efficace, encouragée par le raïs palestinien Mahmoud Abbas et le président turc Recep Tayyip Erdogan, et dénigrée sous le terme de propagande «pallywoodienne» jusqu’au sommet de l’Etat hébreu.

Fin janvier, les médias israéliens ont révélé que Michael Oren, le secrétaire d’Etat à la diplomatie, avait dirigé, en 2015, une commission d’enquête parlementaire secrète cherchant à prouver que les Tamimi étaient une troupe d’acteurs payés par des «organisations terroristes» étrangères «pour donner le mauvais rôle à Israël». Alors député, Oren s’interrogeait ainsi sur les vêtements «américains et non traditionnels, comme des casquettes de baseball» des enfants Tamimi, ainsi que sur «leur teint clair, yeux bleus et cheveux blonds».

Pour Gaby Lasky, «l’énergie que met l’armée pour discréditer la famille Tamimi est assez exceptionnelle. Je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà vu une chose pareille.» (…) La détention de l’adolescente, condamnée par la communauté internationale, de l’ONU à l’Union européenne, n’a fait qu’ériger encore plus haut les Tamimi au rang de symboles de la cause palestinienne. «Ce qui a commencé comme une tentative bizarre de "prouver" que nous n’étions même pas une vraie famille a dégénéré en déni de réalité», a ainsi réagi mardi la famille palestinienne.

Une annexion dans les faits

Extraits de l’article “Oslo : un cadre pour la stratégie d’annexion israélienne” paru le 19 septembre 2018 dans le bulletin de lAPB (Association belgo-palestinienne - Wallonie- Bruxelles asbl)

(…)
La colonisation va par ailleurs de pair avec la destruction d’infrastructures palestiniennes en zone C et à Jérusalem-Est. Ces destructions ont atteint un maximum de 1094 structures détruites en 2016. Cet été, l’attention internationale s’est portée sur les villages palestiniens de Khan al Ahmar et Abu Nuwar, en bordure du territoire E1 (situé entre Jérusalem-Est et la colonie de Ma’ale Adumim), et menacés de démolition parce qu‘Israël projette d’y établir une nouvelle colonie. Le projet de construction de cette colonie a toujours été particulièrement sensible étant donné qu’elle séparerait définitivement Jérusalem-Est de la Cisjordanie, tout en coupant cette dernière en deux parties, nord et sud.

Le Mur a lui aussi permis à Israël d’annexer les grands blocs de colonies au territoire israélien, coupant de nombreux villages palestiniens de leurs terres. C’est ainsi que 9,4 % supplémentaires de la Cisjordanie, situés entre la Ligne verte et le Mur, se retrouvent de facto annexés à Israël.
A Jérusalem même, le Mur expulse ainsi certains quartiers du territoire de la ville. Jusqu’ici ces quartiers appartiennent en théorie à la municipalité de Jérusalem, même si en pratique, ils n’en reçoivent que peu d’attention. Mais un projet de loi en discussion à la Knesset menace aujourd’hui d’exclure de la municipalité les quartiers de Kufr’Aqab, du camp de réfugiés de Shu’fat et d’Anata. Quelque 140 000 Palestiniens perdront par conséquent leur droit de résidence. Parallèlement, les colonies de Ma’ale Adumim, Gush Etzion, Efrat, Beitar Illit et Giv’at Ze’ev, qui entourent Jérusalem-Est et sont entourées par le Mur, feront partie intégrante du Grand Jérusalem. Dès lors, 150 000 nouveaux électeurs juifs participeront aux scrutins municipaux à Jérusalem. Cette perspective ne serait qu’une étape de plus dans la judaïsation de la ville, ou autrement dit la normalisation de l’annexion de Jérusalem-Est par Israël.

Un apartheid dans les lois


Outre les « faits sur le terrain » qui ancrent la présence israélienne toujours plus profondément en Palestine occupée, la droite israélienne au pouvoir s’emploie à étendre l’application des lois israéliennes au territoire palestinien. La Knesset discute pour le moment une douzaine de ces « lois d’annexion ». La plus connue d’entre elles, la « loi de régularisation », adoptée en février 2017, permet de régulariser la présence des colons sur des terres privées palestiniennes, accordant au propriétaire palestinien le droit de demander des compensations mais lui refusant tout recours en vue de récupérer sa terre. Cette loi est la première loi votée par la Knesset applicable à un territoire pour lequel elle n’est pas juridiquement compétente.



Le mouvement vers l’annexion se poursuit ainsi toujours un peu plus sous l’impulsion du mouvement des colons. La stratégie de ce dernier visant à infiltrer le Likoud porte aujourd’hui ses fruits. Fin décembre 2017, le Comité central du parti a en effet voté, contrairement à l’avis du Premier ministre Netanyahou, en faveur de l’annexion définitive de la zone C par Israël afin de permettre la construction sans entraves de nouvelles colonies. L’adoption le 19 juillet dernier de la très controversée loi définissant Israël comme « l’Etat nation du peuple juif » montre également la surenchère à laquelle Benjamin Netanyahou est contraint pour ne pas se faire dépasser sur sa droite par le parti pro-colons de Naftali Bennett. Parmi les principes qu’elle édicte, la loi sur l’Etat nation stipule également que “l’État encouragera la colonisation juive”.

Que ce soit en Cisjordanie ou en Israël, les lois israéliennes instituent chaque jour un peu plus un véritable système d’apartheid. En Israël avec la loi sur l’Etat nation juif, les citoyens non juifs sont désormais officiellement des citoyens de seconde zone. En Cisjordanie, les colons juifs relèvent de plus en plus du droit civil israélien tandis que les Palestiniens continuent à vivre sous la juridiction d’ordres militaires et doivent dès lors comparaitre le cas échéant devant les tribunaux militaires israéliens.

Les deux options de l’UE


Face à ces développements, l’UE reste attachée au cadre des accords d’Oslo. Elle continue de répéter qu’il est nécessaire de sauvegarder la solution à deux Etats, mais échoue à adopter une politique cohérente avec ce leitmotiv. Or les relations économiques que l’UE et ses Etats membres entretiennent avec Israël contribuent à alimenter l’économie de la colonisation.

Il est pourtant nécessaire que l’UE réalise que rien n’arrêtera le glissement progressif vers une annexion israélienne du territoire palestinien
. Le statu quo est en effet bien trop confortable pour qu’Israël y préfère un désengagement des colonies. Il est donc urgent que l’Union européenne renforce sa politique de différenciation. En effet, en distinguant dans ses relations avec Israël le territoire israélien et ses colonies, tel que le prescrit la résolution 2334 du Conseil de Sécurité de l’ONU, l’UE augmenterait le coût de la colonisation et rendrait le statu quo moins commode pour les Israéliens. Si, au contraire, l’UE s’obstine à défendre le « business as usual » avec Israël, elle se retrouvera inévitablement confrontée à la nécessité d’un changement de paradigme face à l’avènement d’une réalité à un seul Etat, dans lequel prévaudra un système d’apartheid.

Par Nathalie Janne d’ Othée
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Article du prochain bulletin  Palestine N°77  : ”Tout Palestinien résiste à l’occupation dès sa naissance”
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ISRAËL COULE SON IDENTITE JUIVE DANS LE MARBRE

Le parlement a adopté un texte définissant le pays comme « l’État-nation du peuple juif ». Dépourvu de référence à la minorité arabe et à la nature démocratique de l’État, il suscite de vives critiques.

Destiné à rejoindre le corpus de « lois fondamentales » tenant lieu de Constitution au pays, qui n’en a pas à proprement parler, le texte fixe des éléments de l’identité de l’État hébreu, qui en ressort comme un État exclusivement juif.
Signe des divisions qu’il suscite, il n’a été adopté qu’à une courte majorité, le jeudi 19 juillet, à la Knesset – 62 votes pour, 55 contre, sur 120 sièges.
Dépourvue de référence à la minorité arabe, la loi définit ainsi Israël comme « l’État-nation du peuple juif, où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique ainsi que son droit à l’autodétermination ».
La colère des uns et le contentement des autres s’expliquent davantage par les silences du texte. Comme, par exemple, l’absence de mention de la minorité arabe et de ses droits, indirectement évoquée dans la déclaration d’indépendance par des références aux aspirations à l’égalité « sans distinction de croyance, de race ou de sexe ». « On peut reprocher à ce texte de ne jamais citer la dimension démocratique d’Israël, analyse Alain Dieckhoff. Ses auteurs auraient pu inclure que cette définition de l’État ne remettait pas en cause les droits des citoyens non juifs. »
 « Les juifs qui s’inquiètent pour la démocratie israélienne sont mal à l’aise face à ce lien de plus en plus fort avec l’identité juive, explique le père jésuite israélien David Neuhaus, professeur de Bible à l’université de Bethléem. Avec cette loi, l’abîme se renforce entre l’État juif et l’État démocratique. » Une référence à la notion d’« État juif et démocratique », ainsi qu’Israël est défini par deux lois fondamentales.
Le texte, évoqué de longue date, promet d’entretenir la popularité du parti de Benyamin Netanyahou, le Likoud. « C’est l’atmosphère autour de son adoption qui est importante, analyse David Neuhaus. Nous sommes dans une époque d’inquiétude de perte d’identité et de très fort populisme, qui dit “ceci est à nous”, signifiant implicitement “ceci n’est pas à vous”. »

Marianne Meunier , le 19/07/2018 à 17h51
La Croix

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LLB :

ISRAËL COULE SON IDENTITE JUIVE DANS LE MARBRE


Israël. Le Parlement a adopté jeudi la loi qui fait du pays "l'Etat nation du peuple juif".
Controverse.


Depuis sa création, Israël est présenté comme l'Etat hébreu ou l'Etat juif. Comme si sa population n'était composée que de citoyens de confession juive et d'ascendance hébraïque. Avec la loi "Israël. Etat-nation du peuple juif", adoptée jeudi par la Knesset (Parlement) grâce à 62 voix pour (et 55 voix contre), ces formulations apparaîtront un peu plus consistantes, du moins juridiquement parlant.
Ce texte, qui a le statut de loi fondamentale (comme une dizaine d'autres se présentant comme les chapitres d'une Constitution virtuelle), présente "l'Etat d'Israël comme l'Etat national du peuple juif où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique"
Elle précise que "le droit d'exercer l'auto-détermination au sein de l'Etat d’Israël est réservé uniquement au peuple juif.
Outre son drapeau et son hymne national, Israël y définit aussi l'hébreu comme sa seule langue officielle. L'arabe, qui en l'absence de législation, jouissait d'un statut identique, se voit réserver un statut "spécial", non précisé. La loi confirme Jérusalem comme capitale d'Israël "complète et unifiée".

Une loi qui institue un racisme anti-arabe 


la loi charrie la controverse, certains considérant qu'elle institue un racisme anti-arabe. Le texte, qui a tous les traits d'un cadeau d'anniversaire tardif pour les septante ans d'existence d'Israël, se révèle un cadeau empoisonné pour la minorité arabe du pays, à savoir la quelque 17,5 % d'israéliens qui descendent des Palestiniens qui sont restés sur les terres devenues le territoire d'Israël lors de la création de l’Etat.
la loi coule en effet dans le marbre la distinction entre les citoyens juifs et d'autres religions. Au grand dam des Israéliens arabes, qui se disent déjà victimes de diverses discriminations. Et au risque de mettre en danger la démocratie, dont Israël se targue de porter seul l'étendard dans la région. Le député Ayman Odeh, l'un des chefs de file des Israéliens arabes, n'a d'ailleurs pas manqué d'annoncer, drapeau noir déployé à l'appui, "la mort de notre démocratie".

Des fondements remis en question 


Fer de lance de la droite ultranationaliste et religieuse, cette loi était en préparation depuis de nombreuses années, sous des formes diverses. C'est d'ailleurs en raison de l'opposition de deux ministres à cette idée d'Etat-nation du peuple juif que le gouvernement Netanyahou III était tombé
en décembre 2014, provoquant des élections anticipées.

“Ce projet remet en question les fondements mêmes de la création de l'Etat d'Israël puisqu'il préconisait l'égalité des droits entre tous les citoyens", nous disait alors Ofer Bronchtein, le président du Forum international pour la paix. “Il remet en question la démocratie israélienne puisqu'il préconise que la population juive aurait certains droits que la population arabe israélienne n'aurait pas.” Il précisait qu'une telle loi revenait à “privilégier le religieux et l'identitaire sur la démocratie.”, en correspondance avec une tendance de fond tant à l'intérieur du gouvernement qu'à l'intérieur du Parlement. “Le fort d'une démocratie, œ n'est pas seulement qu'elle représente une majorité, mais qu'elle protège aussi le droit des minorités.

Le respect du droit des minorités est aussi ce qui préoccupe l'Union européenne, qui dit s'en être ouverte au gouvernement Netanyahou, "Nous respectons la souveraineté d'Israël, mais les principes de base, y compris le droit des minorités, doivent être respectés", a souligné la Commission.

Vincent Braun, LLB, 20-21-22 juillet 2018
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Le communiqué de l’AFP

Adoption d'une loi controversée définissant Israël comme "l'Etat-nation juif"


AFP,  Publié le jeudi 19 juillet 2018

Le Parlement israélien a adopté jeudi un projet de loi définissant Israël comme "l'Etat-nation du peuple juif", dont un article controversé qui prévoyait de réserver de nouvelles localités à des juifs a été amendé. Ce texte adopté par 62 voix contre 55 stipule notamment que l'hébreu devient la seule langue officielle d'Israël, alors que l'arabe avait auparavant un statut identique à celui de l'hébreu, et déclare que les "implantations juives (en Israël) relèvent de l'intérêt national".

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est félicité de ce vote. "C'est un moment décisif dans l'histoire de l'Etat d'Israël qui inscrit dans le marbre notre langue, notre hymne et notre drapeau", a-t-il proclamé à l'issue du vote.

Le texte amendé affirme que "l'Etat considère que le développement des implantations juives relève de l'intérêt national et que l'Etat prendra les mesures pour encourager, faire avancer et servir cet intérêt".

Dans la précédente version, le projet de loi évoquait la possibilité de créer des localités exclusivement réservées aux juifs, ce qui en excluait les citoyens arabes israéliens qui constituent 17,5% de la population totale israélienne, très majoritairement juive.

Cette formulation avait suscité une vague de critiques, notamment du président Reuven Rivlin, du procureur général Avishai Mandelblit et de la délégation de l'Union européenne en Israël en raison de son caractère jugé discriminatoire.

La nouvelle formule plus vague a toutefois été dénoncée par l'opposition notamment par le député arabe Ayman Odeh qui a brandi durant le débat un drapeau noir à la tribune pour marquer "la mort de notre démocratie".

Le texte voté entre dans la catégorie des lois fondamentales qui font office de constitution en Israël.

A propos de la langue officielle, aucune loi n'ayant été votée à ce sujet depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, l'hébreu et l'arabe étaient jusqu'à présent tous les deux considérées comme des langues quasi-officielles, utilisées dans tous les documents étatiques.

AFP

Eau et conflits dans le bassin du Jourdain

 Par Hervé Amiot les clés du Moyen-Orient https://static.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du-Jourdain.html
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