15 août 2010

Gaza-strophe

Nous pouvons soutenir d'une manière ou d'une autre (en diffusant le plus largement possible) ce documentaire qui nous renvoie à notre devoir de mémoire !

Pour plus d'informations (et plus lisibles), voir http://www.gaza-strophe.com/lefilm.htm


Commentaire publié dans Télérama (voir ci-dessous) et sur Télévision Télérama.


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Documentaire de Samir Ab­dallah et Kheridine Mabrouk (France/Palestine, 2009). 55 mn. Inédit.
Le 18 janvier 2009 prenait fin l'opération « Plomb durci », offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza, lancée le 27 décembre 2008. Le surlendemain du cessez-le-feu, alors que l'intronisation de Barack Obama faisait les gros titres dans le monde entier, les deux auteurs du documen­taire (diffusé dans le cadre d'une soirée spéciale Palestine) entraient à Gaza par l'Egypte. Suivant deux militants du Centre palestinien pour les droits de l'homme venus enquêter sur place, ils furent parmi les premiers à filmer les dégâts humains et matériels des raids aériens et ceux de l'offensive terrestre qui suivit.
Sur fond de ruines (« Où sont passés les étages ? On ne reconnaît plus rien », constate un Gazaoui devant ce qui reste de sa maison) suit une terrible série de témoignages avec des images inédites tournées sous les bombes par des cameramen palestiniens. On peut regretter l'absence d'un contrechamp israélien (on aurait aimé connaître le point de vue des responsables militaires, notamment sur les nombreuses victimes civiles et l'utilisation de certaines armes), mais malgré la proximité des réalisateurs avec ceux qu'ils rencontrent, Gaza-strophe n'est pas un simple film militant. Rendant hommage au poète Mahmoud Darwish (mort en 2008), il montre surtout la dignité d'un peuple face à l'adversité, et sa volonté de vivre, coûte que coûte.

Vincent Arquillière

Télérama n° 3130


09 août 2010

Des universitaires israéliens ripostent à la tentative de passer une loi qui les criminaliserait


Contrecoup à la menace de mettre hors la loi ceux qui soutiennent le mouvement de boycott destiné à mettre fin à la poursuite de l’occupation de la Cisjordanie.

Un contrecoup académique a surgi en Israël concernant de nouvelles propositions de loi, soutenues par le gouvernement Netanyahou, de criminaliser la poignée de professeurs israéliens qui ont soutenu ouvertement une campagne contre la poursuite de l’occupation de la Cisjordanie.

La campagne Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) a rapidement acquis un soutien international depuis que les troupes israéliennes ont assailli la Flottille de bateaux d’assistance vers Gaza en mai, tuant neuf militants. L’attention israélienne s’est focalisée sur le petit nombre de militants, en particulier dans les universités du pays, qui a ouvertement soutenu un boycott académique des institutions israéliennes.

Une pétition de protestation a été signée par 500 universitaires, y compris deux anciens ministres de l’éducation, suite aux commentaires récents du Ministre de l’éducation israélien, Gideon Saar, disant que le gouvernement a l’intention d’entrer en action contre les partisans du boycott. Une proposition de loi introduite au Parlement israélien, la Knesset, mettrait les boycotts hors la loi et pénaliserait ses partisans. Les individus qui lanceraient ou apporteraient un soutien ou des informations pour n’importe quel boycott ou désinvestissement seraient contraints de payer des dommages à la compagnie touchée. Les nationaux étrangers impliqués dans une activité de boycott seraient interdits d’entrée en Israël pendant 10 ans, et toute « entité d’un état étranger » engagée dans une telle activité s’exposerait à payer des dommages.

Saar a qualifié, la semaine dernière, la pétition d’hystérique et une tentative pour réduire au silence des opinions contraires. Bien que la grande majorité des signataires ne soient pas partisans d’un boycott académique d’Israël, ils ont uni leurs forces au sujet de ce qu’ils considèrent comme la dernière attaque contre la liberté d’expression en Israël. La pétition déclare : « Nous avons des opinions différentes et variées sur la solution des problèmes difficiles auxquels Israël est confronté, mais il y a une chose sur laquelle nous sommes d’accord « la liberté d’expression et la liberté académique sont eux-mêmes l’élément vital du système académique ».

Daniel Gutwein, un professeur d’histoire de l’université de Haïfa, qui est un des signataires, décrit l’intervention du ministre comme une tentative de « rendre les universitaires israéliens dociles, effrayés et silencieux ».

Bien que la campagne BDS – sous des formes variées – fonctionne depuis cinq ans, c’est devenu une question de plus en plus tendue à l’intérieur d’Israël, dans l’année écoulée puisque un petit nombre d’universitaires ont déclaré publiquement leur accord pour un boycott, y compris Neve Gordon*, auteur de L’occupation d’Israël et un ancien para commando  qui avait gravement été blessé en servant dans la Force de sécurité israélienne.

Parlant à l’Observer la semaine dernière, Gordon a dit :
« Il y a une quantité énorme de malentendus au sujet du Boycott, Désinvestissements et sanctions. Le BDS n’est pas un principe mais une stratégie ; ce n’est pas contre Israël mais contre la politique israélienne ; quand la politique changera, le BDS se terminera.
Le BDS n’est pas une solution particulière au conflit israélo-palestinien, mais l’exigence que Israël respecte le droit international et les résolutions de l’ONU.
C’est, par conséquent, quelque chose qu’on peut soutenir si on est pour la solution des deux états ou la solution d’un seul état. On peut même le soutenir comme sioniste.
Cela provient de la réalisation, après des années d’expériences, que l’occupation ne se terminera pas à moins que les Israéliens comprennent que cela a un prix.
En un sens, le besoin du boycott est un signe de faiblesse consécutif à la polarisation et la marginalisation de la gauche en Israël. Nous sommes témoins du développement d’un état d’esprit proto-fasciste. Je suis, par exemple, extrêmement anxieux du rétrécissement de l’étendue de l’espace pour des débats publics en Israël.
Un des moyens pour réduire la dissidence au silence est l’exigence de la loyauté, de sorte que le slogan qu’on entend beaucoup ces temps-ci est « pas de citoyenneté sans loyauté ». Ceci montre l’inversion de l’idée républicaine que l’état devrait être loyal envers les citoyens et est responsable des iniquités et des injustices. Le renversement de cette relation entre l’état et la loyauté, et l’adoption d’une logique similaire à celle qui fondait l’Italie de Mussolini, sont alarmants. Une des expressions de ces symptômes est l’attitude de plus en plus violente contre tout dissident à l’intérieur d’Israël. J’ai reçu plus de menaces de mort suite à mes critiques contre le fiasco de la flottille que jamais auparavant.
Quand je marche sur le campus, des gens me demandent en plaisantant si je porte une veste anti-balles. De telles blagues ont un sous-entendu menaçant. Ce n’est pas étonnant que seuls trois professeurs en Israël soutiennent ouvertement le boycott; beaucoup d’autres ne se montrent pas au grand jour parce que soutenir le BDS n’est pas considéré comme une critique légitime, et les personnes qui le soutiennent risquent d’être punies.
Mais il existe aussi un sentiment que les partisans pro-gouvernementaux sont allés trop loin. Ils ne visent pas seulement les gens d’extrême gauche, mais pratiquement quiconque qui critique même légèrement la politique gouvernementale. Il y a quelques mois, un directeur d’enseignement secondaire qui n’était pas d’accord avec la venue d’officiers militaires pour parler aux élèves, a été pratiquement mis au piloris.
Clairement l’indignation de tellement d’universitaires israéliens contre l’attaque de la liberté académique n’a pas grand-chose à voir avec le boycott, mais est plutôt dirigée contre la tentative de réduire au silence toute espèce de critique.
Il y a un sentiment croissant que le discours public en Israël se rétrécit dramatiquement. »

Les militants israéliens de BDS croient que l’incident de la flottille pour Gaza a touché un point de bascule en faveur du boycott. Des musiciens comme Elvis Costello, Gil Scott Heron et les Pixies ont annulé leur spectacle en Israël. Des acteurs hollywoodiens ont aussi snobé le festival international du film de Jérusalem et des écrivains internationalement reconnus ont soutenu le mouvement BDS, qui gagnent des partisans dans des dizaines de pays.
« C’est un monde différent de ce que c’était il y a seulement un mois, » dit Kobi Snitz, membre d’un groupe BDS israélien. « Soudain, toutes sortes de gens le soutiennent », des gens auxquels on ne s’attendait pas du tout. »

Ce qui est le plus intéressant, cependant, a été l’impact en Israël même. Le journaliste et bloggeur israélien Noam Sheizaf a écrit récemment que de telles actions forcent maintenant les Israéliens « à penser aux questions politiques et leurs conséquences ». Dans un pays en état de constante dénégation concernant l’occupation, ce n’est pas peu de chose. » Sheizaf ne plaide pas en faveur du boycott, mais dit : « Je ramènerai avec joie mes billets de concert si c’est le prix pour faire comprendre aux Israéliens que l’occupation ne peut pas continuer ».  

Adi Oz, éditrice culturelle de l’hebdomadaire de Tel Aviv Ha’ir est apparue à la radio nationale israélienne en expliquant son soutien à l’activité récente de boycott. « Quand les Pixies ont annulé leur concert ici, j’ai été désappointée, » a-t-elle dit. « Mais je n’ai pas critiqué les Pixies, j’ai critiqué notre gouvernement, parce qu’il est responsable de l’isolement d’Israël ». Elle a ajouté qu’après la flottille le boycott culturel est « quelque chose sur lequel tout le monde prend position – et certaines personnes réalisent qu’elles sont en sa faveur, avant d’y avoir songé avant. » Il y a aussi eu une vague de discussions liées au boycott dans la presse financière. Le quotidien des affaires, Calcalist a aussi publié un portrait peu critique des militants israéliens qui sont responsables de “Qui profite”, une base de donnée en ligne des compagnies israéliennes et internationale impliquées dans l’occupation de la Cisjordanie.
La coordinatrice du projet, Dalit Baum, de la Coalition des femmes pour la paix, a dit : « Chaque jour il y a un article sur cette question dans les médias israéliens, qui génère une discussion sur l’économie de l’occupation et soulève la question qu’il y a un problème ».   
       
*Le  Dr Neve Gordon est un universitaire important qui soutient un boycott et des sanctions contre Israël. 

Eau et conflits dans le bassin du Jourdain

 Par Hervé Amiot les clés du Moyen-Orient https://static.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du-Jourdain.html
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