01 septembre 2007

Restaurer le patrimoine palestinien

Territoires palestiniens :
Une maison à restaurer, aujourd'hui...
tout un patrimoine architectural palestinien à sauver demain : un pari !

Taybé, village chrétien de Cisjordanie, 2.000 âmes, est le berceau de la bière palestinienne qui est née du savoir-faire et du houblon belges. Ces jours-ci, un Belge y participe à un projet inédit, visant à restaurer le patrimoine architectural palestinien tout en ouvrant des perspectives de métier pour les jeunes qui quittent le village par manque d'emploi. Dès l'aube, sous la canicule, un belge de Louvain, et d'autres volontaires européens et palestiniens mettent la main à la pâte - en l'occurrence, au ciment et à la patine - pour réhabiliter une bâtisse centenaire. Remontant à l'époque ottomane, la maison restaurée servira d'école de maçonnerie et taille de pierre. Et de point de départ, espère le maire, pour la remise en valeur des 258 maisons historiques du village. Le chantier fait partie d'un projet de rénovation, protection et réactivation de l'héritage culturel palestinien, financé par l'Union européenne (UE) et mené par Riwaq, le centre palestinien de conservation architecturale. "Restaurer les vieilles pierres pour nous restaurer nous-mêmes comme êtres humains", dit-on à Riwaq, où l'on s'applique non seulement à restaurer le patrimoine, mais aussi à y sensibiliser la population et le gouvernement palestiniens.
Car les Palestiniens ont peu conscience de cet héritage. Or, lorsqu'ils auront leur Etat, le patrimoine des villes et villages jouera un rôle majeur dans la construction de l'identité nationale. Taybé, par exemple, est situé dans un magnifique paysage de collines et vallées. Mais ses maisons anciennes sont décaties ou tombent en ruines. En Europe, un tel site serait restauré et entretenu, et attirerait de nombreux visiteurs. Ici, le potentiel - tant identitaire que touristique - reste à l'état de potentiel. Et si l'on n'agit pas vite, les villageois préféreront remplacer l'ancien par du moderne, plus fonctionnel, mais moins attractif. "En rénovant ce bâtiment, nous dit le Louvaniste, nous leur montrons ce qu'il y a moyen de faire et espérons les rendre fiers de vivre dans un lieu à valeur historique."
Diplômé en Droit et relations internationales, actif dans l'équipe Israël-Palestine d'Amnesty-Vlaanderen, Pieter avait déjà fait un voyage d'information et pèlerinage dans la région l'an dernier. Cette fois, il tenait à s'impliquer et à servir directement la société palestinienne.

Une précocité politique

En réunissant Européens et Palestiniens, le chantier a aussi voulu briser les stéréotypes de violence et terrorisme, notamment auprès de jeunes Palestiniens issus de familles de réfugiés qui sont revenues de l'étranger depuis l'instauration de l'Autorité palestinienne. Ils vont au lycée américain de Ramallah, parlent anglais, ont des habitudes occidentales. "Ce sont des adolescents comme partout ailleurs, qui peuvent être mes amis comme en Belgique. Sauf qu'en Belgique, personne ne me raconte que son père a passé des années en prison, ou que son cousin a été tué par l'armée. Et personne ne craint constamment les barrages sur sa route." D'où la "frappante précocité politique" des jeunes Palestiniens, ajoute-t-il. "Ils ont une vie normale comme nous, aiment les mêmes choses, ont les mêmes ambitions. Mais ils ont une dimension supplémentaire dans leur quotidien, que ma génération si éloignée des guerres ne peut saisir."

www.riwaq.org

D'après RENÉE-ANNE GUTTER CORRESPONDANTE À JÉRUSALEM, LLB, vendredi 27 juillet 2007.

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