02 février 2009

L'après GAZA

Le conflit israélo-palestinien touche aux fondements de notre culture. Pour s'en rendre compte, il suffit de souligner la synchronie entre les déclarations niant le génocide d'un archevêque traditionnaliste réintégré dans le giron de l'Eglise catholique (bine gênante pour Rome), la visite de 135 jeunes de Belgique à Auschwitz (une visite dont on ne revient pas indemne), les manifestations contre les massacres de Gaza, un peu vite soupçonnées d'antisémitisme.

Cette crispation me conduit, une fois de plus, à laisser s'exprimer les juifs eux-mêmes, les seuls actuellement à l'abri d'une accusation d'antisémitisme. En cela, je reste fidèle à ma conviction que la paix ne sera possible que par un changement, un virage en profondeur de la société israélienne elle-même.

Je vais donc d'abord laisser la parole à deux voix, l'une d'un journaliste Israélien (Haaretz) (1), l'autre de Judith Stone, dont l'article à entraîné le licenciement d'une journaliste juive pour l'avoir publié.(2)
Après quoi, je donnerai un petit un écho de ce qu'on peut arriver à dire aux soldats israélien qui vont partir au front : autant savoir (3).
Puis une vidéo éclairante (4), hélas seulement en anglais.
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1. La guerre de Gaza se termine par une défaite totale pour Israël

de Gideon Levy, journaliste Israelien pour Haaretz, qui revient sur la "Guerre" de Gaza.
samedi 24 janvier 2009.
Traduction : Florent Barat

"Au lendemain du retour du dernier soldat israélien de Gaza, nous pouvons définitivement dire qu’ils y étaient tous allés pour rien. Cette guerre est une défaite totale pour Israël. Et cela s’étend au-delà de la profonde faillite morale, qui est un problème grave en soi, mais confirme l’incapacité d’Israël à atteindre ses objectifs annoncés. En d’autres mots, le chagrin n’est pas complété par la défaite. Nous n’avons rien gagné dans cette guerre, si ce n’est des centaines de tombes, certaines très petites, des milliers de personnes mutilées, beaucoup de destruction et la détérioration de l’image d’Israël. Ce qui représentait une faillite dès le départ pour une poignée de gens, va peu à peu se révéler l’être effectivement à beaucoup d’autres, une fois que les trompettes de la victoire s’essouffleront."
(Pour lire la suite : http://www.haaretz.com/hasen/spages/1057670.html)
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2. En quête de justice

Judith Stone

Cet article a été envoyé à Debbie Ducro, une journaliste juive américaine du « Kansas City Jewish Chronicle ». Elle l’a publié et a été licenciée le jour suivant.

26 janvier 2009
Traduit de l'anglais par Anne Bienfait pour Investig'Action.

"Je suis juive. J’ai participé à la Marche pour le Droit au Retour des réfugiés palestiniens. Il était juste de le faire. J’ai entendu parler de l’holocauste contre les Juifs d’Europe depuis que je suis petite. J’ai visité le Mémorial de Washington DC et celui de Jérusalem dédiés aux vies juives perdues et j’ai pleuré en réalisant jusqu’à quel niveau d’atrocité l’espèce humaine est capable de sombrer. Je me demande ce qu’est devenue la conscience juive. Il ne faut voir dans cette interrogation aucune malveillance à l’égard des survivants de l’holocauste hitlérien. Cette partie de l’humanité n’était pas en position de choisir la façon dont elle allait survivre. Toutefois, n’oublions jamais qu’avoir survécu ou être un coreligionnaire des victimes du génocide ne dispense pas de respecter certaines règles d’humanité. Le slogan « Plus jamais ça ! » sonne creux quand il veut dire « Plus jamais ça … seulement chez nous ! ». Ma génération a été élevée dans la croyance que le pays de la Bible était un vaste désert habité seulement par une poignée de Palestiniens indigents, vivant avec leurs chameaux en tentant de joindre les deux bouts et de survivre dans le sable. L’arrivée des Juifs était présentée comme un bénéfice immense pour ces habitants du désert. Golda Meir nous assurait même qu’il n’existait pas de « problème palestinien ». Nous savons maintenant que ce tableau ne correspondait pas à la réalité. La Palestine était un pays qui avait beaucoup d’habitants et qu’ils le considéraient comme leur patrie. Villes et villages, écoles et hôpitaux y prospéraient. Il y avait des juifs, des chrétiens et des musulmans. En fait, avant l’occupation, les juifs représentaient seulement 7 % de la population et possédaient 3 % des terres."
(Pour lire la suite : http://windowintopalestine.blogspot.com/2009/01/jewish-editor-sacked-for-publishing.html)
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3. Autant savoir : Offensive à Gaza : brochure ultra nationaliste du rabbinat militaire
lundi 26 janvier 2009

Dans une brochure distribuée aux militaires de l’armée israélienne :

"faire un parallèle entre les Palestiniens d’aujourd’hui et les Philistins de la Bible" et donc Israël fait face à des "envahisseurs étrangers" qui n’ont aucun droit à la Terre promise.

"La Torah nous interdit de remettre un seul millimètre (de la Terre d’Israël) à des non-juifs, que ce soient par des enclaves, des zones autonomes ou d’autres concessions manifestant notre faiblesse nationale"

"Avoir pitié envers un ennemi cruel revient à se montrer cruel envers nos justes soldats (...) Nous sommes en guerre contre des assassins. A la guerre comme à la guerre"

ET des groupes d’extrême-droite ont distribué sans entrave des tracts "appelant les soldats à ne pas tenir compte de consignes (de retenue) et d’exterminer l’ennemi".

(Lire la suite : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article78965)

Et des réactions :
Tollé autour d’une directive rabbinique

"L’aumônier principal de l’armée israélienne, le rabbin Avichaï Rontzki, a distribué aux militaires participant à l’offensive contre le Hamas à Gaza un texte les incitant se montrer sans pitié avec l’ennemi, a révélé lundi l’ONG Yesh Din.

Ce groupe de défense des droits de l’Homme dans les territoires occupés par Israël a invité le ministre de la Défense, Ehoud Barak, a démettre de ses fonctions Rontzki, qui a rang de général de brigade.


Le texte distribué par Rontzki contenait une directive du rabbin Shlomo Aviner, figure du mouvement des colons, affirmant que les soldats combattent des "meurtriers" et qu’il serait "terriblement immoral" de faire preuve de pitié envers ce "cruel ennemi".


Selon Yesh Din, cette directive pourrait avoir été interprétée par certains soldats comme les invitant à dépasser les limites fixées par le droit international en temps de guerre.

L’armée israélienne a été accusée à l’étranger de crimes de guerre durant son offensive de 22 jours à Gaza et le Premier ministre Ehoud Olmert a promis dimanche aux officiers et soldats y ayant participé l’assistance juridique de l’Etat d’Israël face à ces accusations."


http://bellaciao.org/fr/spip.php?article78965
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4. Voici un petit film tourné par CBS, que l'on ne peut pas accuser d'être spécialement engagé.
Après les quelques premières secondes qui sont sans rapport, c'est vraiment très éclairant sur un des noeuds du conflit israélo-palestinien. Hélàs, seulement en anglais (pour le moment).
(Voir : http://www.cbsnews.com/video/watch/?id=4752349n

La vidéo est communiquée via un blog que je vous recommande d'aller visiter : http://anniebannie.net/



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