Voici les liens vers les trois articles sur "Les implantations israéliennes en Cisjordanie, histoire d'une colonisation :
La question des colonies israéliennes en Territoire palestinien est un sujet d’actualité. Pendant l’été 2013, le gouvernement Netanyahou a annoncé la création d’un millier de nouveaux logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.
Cependant, au-delà de l’actualité brûlante et des décisions conjoncturelles sur les colonies, il convient de se placer dans une problématique de long terme et de comprendre les enjeux structurels. Le premier volet de ce dossier sur les colonies portera sur les préalables nécessaires pour comprendre la colonisation, c’est-à-dire la présence juive en Palestine avant les premiers programmes d’implantation.
"Dans la Genèse (XII), Abraham, dans sa marche vers le pays de Canaan (territoire compris entre la Méditerranée et le Jourdain) s’arrête à Sichem (Naplouse). Yahvé lui concède les territoires alentour pour y implanter son peuple. A sa mort, Abraham est enseveli en compagnie de sa femme Sarah à Hébron. Sur la carte 1, on peut voir les grands lieux bibliques situés en Cisjordanie. Le premier d’entre eux, Jérusalem, est aux portes de la « Judée-Samarie », terme employé par de nombreux Israéliens pour désigner la Cisjordanie. (...)"
- 2 : Les implantations israéliennes en Cisjordanie (2) : histoire d’une colonisation depuis 1967
Pendant l’été 2013, le gouvernement Netanyahou a annoncé la création d’un millier de nouveaux logements à Jérusalem Est et en Cisjordanie.
Cependant, au-delà des décisions conjoncturelles sur les colonies, il convient de se placer dans une problématique de long terme et de comprendre les enjeux structurels. Après avoir étudié la présence juive en Palestine jusqu’en 1967 dans une première partie, nous nous pencherons, dans ce second volet, sur la période qui suit la Guerre des Six-Jours, marquée par de grands programmes de colonisation des territoires occupés par Israël, et notamment la Cisjordanie.
- 3 : Les colonies israéliennes en Cisjordanie (3) : approche multiscalaire des stratégies territoriales
A noter que cet article date de 2020. Il faudrait donc y ajouter tout ce qui s'est passé depuis lors en Cisjordanie.
Après avoir adopté une approche historique pour comprendre les fondements de la présence israélienne en Cisjordanie jusqu’au début des années 2000, nous nous arrêterons, dans ce troisième volet, sur la géographie actuelle des colonies.
L’utilisation de différentes échelles est essentielle pour analyser les stratégies territoriales mises en place par Israël et ses colons et pour comprendre la situation des Palestiniens dans les Territoires occupés (parties I, II et III).
La colonisation est également analysée du point de vue israélien (partie IV).
Je reprends plus loin cette partie IV.
Le rôle joué par les colonies |
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la stratégie territoriale d’Israël en Cisjordanie__________ |
un territoire palestinien fragmenté et contrôlé__________ |
Cet article s’est placé en grande partie du point de vue palestinien. Les études réalisées sur ce thème portent en effet majoritairement sur les conséquences de l’occupation israélienne sur la vie des populations arabes. Toutefois, voici le point de vue israélien.
Il faut d’abord préciser que nous avons seulement apporté ici une interprétation du résultat de la colonisation. En effet, il ne faudrait pas voir l’inscription spatiale des colonies comme le fruit d’une logique implacable, d’un plan millimétré, préparé de longue date par Israël. L’État israélien a certes joué un rôle dans la localisation de certaines d’entre-elles, mais de nombreuses autres sont le fruit d’initiatives individuelles ou guidées par des groupes sionistes, comme le Goush Emounim (voir le second volet du dossier). L’État facilite aussi l’implantation des colons en établissant des avantages fiscaux pour les nouveaux arrivants ou en décidant des plans de construction de logements dans les colonies. Mais des organisations, étrangères ou israéliennes, comme Israel Land Fund, ont été créées dans le but de récolter des fonds pour acquérir des terres pour la colonisation.
La diversité des colons et de leurs motivations
Stéphanie Valdmann (2001) apporte une contribution originale en étudiant la diversité des colonies israéliennes et les motivations des colons à s’installer en Cisjordanie. Malgré leur apparente ressemblance (localisation, morphologie, organisation spatiale) que nous traiterons en fin d’article, Stéphanie Valdmann insiste sur les différences des colons. Elle note que « Dans les représentations internationales, l’image du colon est souvent schématisée. Dans le contexte de violence de la seconde Intifada, ils sont perçus comme des fanatiques irresponsables ». Il faut distinguer les Juifs pratiquants, traditionalistes, orthodoxes, et ultra-orthodoxes, qui ont des motivations différentes à venir s’installer dans les colonies, et par conséquent, qui s’installent dans des colonies différentes. Par exemple, à Shilo, en Samarie, l’auteur explique que les colons font le choix de s’installer ici, et non à Tel-Aviv, car leur objectif est de « créer ensemble un meilleur futur, en intégrant chaque individu ». Elle ajoute toutefois que le faible coût des logements est un élément incitatif important. Au nord de la Judée, Beitar Ilit est une grande colonie ultra-orthodoxe, dont la devise est « Une ville de la Torah dans les montagnes de Judée ». Les colons qui la rejoignent cherchent un lieu spirituel où ils pourront pratiquer strictement leur religion au quotidien. A Ariel, au contraire, les populations orthodoxes et laïques se côtoient. Dans la vallée du Jourdain, les colonies répondent plus à des motivations économiques (exploitations agricoles bénéficiant de l’eau du Jourdain).
L’insécurité des colons israéliens
En prenant l’exemple de Shilo, Stéphanie Valdmann montre que les colons se sentent baignés dans un environnement hostile, surtout depuis la deuxième Intifada. Ils peuvent être escortés par l’armée dans leurs déplacements, mais sont obligés de suivre des consignes de sécurité très strictes. Toutefois, les colons de Shilo arguent que l’insécurité est la même en Cisjordanie qu’en Israël, puisque les bombes et les attentats peuvent frapper aussi bien leur colonie que l’État d’Israël. Par ailleurs, selon les colons de Shilo interrogés, les Palestiniens souhaitent voir les Juifs partir de Cisjordanie, mais aussi de l’ensemble du territoire Israélien. Par conséquent, si les Palestiniens obtiennent le départ des Israéliens de la Cisjordanie, ils s’attaqueront ensuite au reste du pays. Alors, pourquoi quitter la Cisjordanie si c’est pour être chassé d’Israël par la suite ?
Les colonies, une question qui fait débat en Israël
La question des colonies fait débat en Israël. Les gouvernements au pouvoir continuent de favoriser la colonisation sous la pression des partis et des lobbys sionistes religieux. Mais il ne faudrait pas essentialiser les Israéliens en les considérant comme tous favorables à la colonisation. Selon L’Express(22/01/2013), à l’été 2011, des Israéliens sont descendus dans les rues pour protester contre le fardeau financier que représente les colonies, fardeau accusé de renchérir le coût de la vie en Israël. En effet, les colonies coûtent cher, de par les dépenses de sécurité engagées, et de par les aides financières fournies aux colons. Hagit Ofran, directrice de l’ONG « La Paix maintenant » créée en 1978, note qu’« Israël a déclaré à son partenaire américain transférer environ 250 millions de dollars (190 millions d’euros) par an aux colonies. Mais ce chiffre paraît sous-estimé ». Par ailleurs, les critiques ne se font pas seulement sur le coût économique, mais sur la question des Droits de l’Homme. Des associations israéliennes ont été créées pour la paix entre les deux peuples. L’ONG « La Paix maintenant », se bat pour la recherche d’une solution pacifique au conflit et pour la coexistence de deux Etats. L’association « B’Tselem » (Centre d’information pour les Droits de l’Homme dans les territoires occupés), a été créée en 1989 par des chercheurs, des journalistes et des parlementaires de la Knesset, pour fournir une documentation sur la violation des Droits de l’Homme dans les territoires occupés.
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