21 septembre 2018

ISRAËL COULE SON IDENTITE JUIVE DANS LE MARBRE

Le parlement a adopté un texte définissant le pays comme « l’État-nation du peuple juif ». Dépourvu de référence à la minorité arabe et à la nature démocratique de l’État, il suscite de vives critiques.

Destiné à rejoindre le corpus de « lois fondamentales » tenant lieu de Constitution au pays, qui n’en a pas à proprement parler, le texte fixe des éléments de l’identité de l’État hébreu, qui en ressort comme un État exclusivement juif.
Signe des divisions qu’il suscite, il n’a été adopté qu’à une courte majorité, le jeudi 19 juillet, à la Knesset – 62 votes pour, 55 contre, sur 120 sièges.
Dépourvue de référence à la minorité arabe, la loi définit ainsi Israël comme « l’État-nation du peuple juif, où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique ainsi que son droit à l’autodétermination ».
La colère des uns et le contentement des autres s’expliquent davantage par les silences du texte. Comme, par exemple, l’absence de mention de la minorité arabe et de ses droits, indirectement évoquée dans la déclaration d’indépendance par des références aux aspirations à l’égalité « sans distinction de croyance, de race ou de sexe ». « On peut reprocher à ce texte de ne jamais citer la dimension démocratique d’Israël, analyse Alain Dieckhoff. Ses auteurs auraient pu inclure que cette définition de l’État ne remettait pas en cause les droits des citoyens non juifs. »
 « Les juifs qui s’inquiètent pour la démocratie israélienne sont mal à l’aise face à ce lien de plus en plus fort avec l’identité juive, explique le père jésuite israélien David Neuhaus, professeur de Bible à l’université de Bethléem. Avec cette loi, l’abîme se renforce entre l’État juif et l’État démocratique. » Une référence à la notion d’« État juif et démocratique », ainsi qu’Israël est défini par deux lois fondamentales.
Le texte, évoqué de longue date, promet d’entretenir la popularité du parti de Benyamin Netanyahou, le Likoud. « C’est l’atmosphère autour de son adoption qui est importante, analyse David Neuhaus. Nous sommes dans une époque d’inquiétude de perte d’identité et de très fort populisme, qui dit “ceci est à nous”, signifiant implicitement “ceci n’est pas à vous”. »

Marianne Meunier , le 19/07/2018 à 17h51
La Croix

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LLB :

ISRAËL COULE SON IDENTITE JUIVE DANS LE MARBRE


Israël. Le Parlement a adopté jeudi la loi qui fait du pays "l'Etat nation du peuple juif".
Controverse.


Depuis sa création, Israël est présenté comme l'Etat hébreu ou l'Etat juif. Comme si sa population n'était composée que de citoyens de confession juive et d'ascendance hébraïque. Avec la loi "Israël. Etat-nation du peuple juif", adoptée jeudi par la Knesset (Parlement) grâce à 62 voix pour (et 55 voix contre), ces formulations apparaîtront un peu plus consistantes, du moins juridiquement parlant.
Ce texte, qui a le statut de loi fondamentale (comme une dizaine d'autres se présentant comme les chapitres d'une Constitution virtuelle), présente "l'Etat d'Israël comme l'Etat national du peuple juif où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique"
Elle précise que "le droit d'exercer l'auto-détermination au sein de l'Etat d’Israël est réservé uniquement au peuple juif.
Outre son drapeau et son hymne national, Israël y définit aussi l'hébreu comme sa seule langue officielle. L'arabe, qui en l'absence de législation, jouissait d'un statut identique, se voit réserver un statut "spécial", non précisé. La loi confirme Jérusalem comme capitale d'Israël "complète et unifiée".

Une loi qui institue un racisme anti-arabe 


la loi charrie la controverse, certains considérant qu'elle institue un racisme anti-arabe. Le texte, qui a tous les traits d'un cadeau d'anniversaire tardif pour les septante ans d'existence d'Israël, se révèle un cadeau empoisonné pour la minorité arabe du pays, à savoir la quelque 17,5 % d'israéliens qui descendent des Palestiniens qui sont restés sur les terres devenues le territoire d'Israël lors de la création de l’Etat.
la loi coule en effet dans le marbre la distinction entre les citoyens juifs et d'autres religions. Au grand dam des Israéliens arabes, qui se disent déjà victimes de diverses discriminations. Et au risque de mettre en danger la démocratie, dont Israël se targue de porter seul l'étendard dans la région. Le député Ayman Odeh, l'un des chefs de file des Israéliens arabes, n'a d'ailleurs pas manqué d'annoncer, drapeau noir déployé à l'appui, "la mort de notre démocratie".

Des fondements remis en question 


Fer de lance de la droite ultranationaliste et religieuse, cette loi était en préparation depuis de nombreuses années, sous des formes diverses. C'est d'ailleurs en raison de l'opposition de deux ministres à cette idée d'Etat-nation du peuple juif que le gouvernement Netanyahou III était tombé
en décembre 2014, provoquant des élections anticipées.

“Ce projet remet en question les fondements mêmes de la création de l'Etat d'Israël puisqu'il préconisait l'égalité des droits entre tous les citoyens", nous disait alors Ofer Bronchtein, le président du Forum international pour la paix. “Il remet en question la démocratie israélienne puisqu'il préconise que la population juive aurait certains droits que la population arabe israélienne n'aurait pas.” Il précisait qu'une telle loi revenait à “privilégier le religieux et l'identitaire sur la démocratie.”, en correspondance avec une tendance de fond tant à l'intérieur du gouvernement qu'à l'intérieur du Parlement. “Le fort d'une démocratie, œ n'est pas seulement qu'elle représente une majorité, mais qu'elle protège aussi le droit des minorités.

Le respect du droit des minorités est aussi ce qui préoccupe l'Union européenne, qui dit s'en être ouverte au gouvernement Netanyahou, "Nous respectons la souveraineté d'Israël, mais les principes de base, y compris le droit des minorités, doivent être respectés", a souligné la Commission.

Vincent Braun, LLB, 20-21-22 juillet 2018
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Le communiqué de l’AFP

Adoption d'une loi controversée définissant Israël comme "l'Etat-nation juif"


AFP,  Publié le jeudi 19 juillet 2018

Le Parlement israélien a adopté jeudi un projet de loi définissant Israël comme "l'Etat-nation du peuple juif", dont un article controversé qui prévoyait de réserver de nouvelles localités à des juifs a été amendé. Ce texte adopté par 62 voix contre 55 stipule notamment que l'hébreu devient la seule langue officielle d'Israël, alors que l'arabe avait auparavant un statut identique à celui de l'hébreu, et déclare que les "implantations juives (en Israël) relèvent de l'intérêt national".

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est félicité de ce vote. "C'est un moment décisif dans l'histoire de l'Etat d'Israël qui inscrit dans le marbre notre langue, notre hymne et notre drapeau", a-t-il proclamé à l'issue du vote.

Le texte amendé affirme que "l'Etat considère que le développement des implantations juives relève de l'intérêt national et que l'Etat prendra les mesures pour encourager, faire avancer et servir cet intérêt".

Dans la précédente version, le projet de loi évoquait la possibilité de créer des localités exclusivement réservées aux juifs, ce qui en excluait les citoyens arabes israéliens qui constituent 17,5% de la population totale israélienne, très majoritairement juive.

Cette formulation avait suscité une vague de critiques, notamment du président Reuven Rivlin, du procureur général Avishai Mandelblit et de la délégation de l'Union européenne en Israël en raison de son caractère jugé discriminatoire.

La nouvelle formule plus vague a toutefois été dénoncée par l'opposition notamment par le député arabe Ayman Odeh qui a brandi durant le débat un drapeau noir à la tribune pour marquer "la mort de notre démocratie".

Le texte voté entre dans la catégorie des lois fondamentales qui font office de constitution en Israël.

A propos de la langue officielle, aucune loi n'ayant été votée à ce sujet depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, l'hébreu et l'arabe étaient jusqu'à présent tous les deux considérées comme des langues quasi-officielles, utilisées dans tous les documents étatiques.

AFP

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