04 janvier 2009

Déclaration d'organisations de femmes israéliennes

C'est un fait significatif en Israël que les organisations de femmes – qui ne sont pas nécessairement impliquées dans une militance au sujet du conflit – se soient réunies pour signer une déclaration contre l’utilisation de la guerre.

Alors que le discours national militariste l’emporte dans les médias et qu’il existe un grand soutien pour la guerre dans la société juive, la déclaration commune de 20 organisations de femmes en Israël suggérant une nouvelle culture politique est très importante dans notre travail en Israël.

Cette déclaration a connu une certaine couverture dans la presse et la radio.

Chers sœurs et amies,

Le mouvement des femmes pour la paix, comme la gauche, est en train de manifester contre la guerre chaque jour et tous les jours depuis qu’elle a commencé. Il n’est pas suffisamment couvert par la presse. En même temps, les organisations de femmes se sont réunies pour protester contre la guerre comme moyen légitime pour régler des conflits. Je vous envoie le message sur lequel elles se sont mises d’accord.
Vendredi nous aurons une manifestation de femmes contre la guerre. Bonne année. Puissions-nous voir l’abolition des guerres et des destructions. Puissions-nous voir une transformation vers des leaderships humains et des sociétés qui respectent la vie humaine et cherchent à entretenir la vie et la prospérité de tous.
Love and Peace,
Yvonne

From: gila svirsky [mailto:gsvirsky@013net.net] 
Sent: Wednesday, December 31, 2008 3:50 PM

Nous, organisations de paix de femmes appartenant un large spectre d’opinions politiques, exigeons la fin des bombardements et autres instruments de mort, et appelons au commencement immédiat de délibérations pour parler de paix et ne pas faire la guerre. La danse de morts et des destructions doit finir. Nous exigeons que la guerre ne soit plus une possibilité, ni la violence une stratégie, ni l’assassinat une alternative. La société que nous voulons en est une dans laquelle chaque personne peut mener une vie en sécurité – personnelle, économique et sociale.

Il est évident que le prix le plus élevé est payé par les femmes et d’autres de la périphérie – géographique, économique, ethnique, sociale et culturelle – qui maintenant, comme toujours sont exclues de la vue du public et du discours dominant.

Le temps des femmes c’est maintenant. Nous exigeons que les mots et les actes soient dirigés dans un autre langage.


Ahoti- pour Femmes en Israël
Anuar- Leadership des femmes juives et arabes
Artemis- Society Economique pour les femmes
Aswat- Femmes palestiniennes Gay Bat Shalom
Bat Shalom
Coalition des Femmes pour la paix
Empowerment économique pour les femmesfor Women
Feminancy: Collège pour l’ Empowerment des femmes
Groupe militant Féministe – Jerusalem
Groupe militant Féministe – Tel Aviv
Commission internationale des femmes: Branche israélienne
Centre Féministe Isha L’Isha- Haifa
Itach: Avocates pour le Justice sociale
Centre des femmes Kol Ha-Isha- Jérusalem
Centre Mahut - Information, Formation et Emploi des femmes
Mouvement Shin - Représentation égale pour les femmes
Communauté de Soutien - Centre de développement des affaires des femmes
TANDI – Mouvement des femmes démocratiques pour Israel
Tmura: Le centre légal antidiscriminatoire israélien
Université contre le Harcèlement – Tel Aviv
Les femmes et leur corps
Le Parlement des femmes
L’esprit des femmes - Indépendance Financière pour les femmes victims de violence

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Une opération militaire inutile ? par Tom Segev, Ha'Aretz- 29/12/08

L’erreur fondamentale de vouloir donner une leçon au Hamas
par Tom Segev

L’historien Tom Segev rappelle à quel point sont vaines les justifications israéliennes pour le recours à la violence. Non, martèle-t-il, Israël ne parviendra pas à « renverser le Hamas, » et à installer par la force des dirigeants qui lui seront complaisants. Non, les frappes visant les Palestiniens ne leur donneront pas une « leçon », et aucune opération militaire n’a jamais permis d’avancer dans le dialogue, seule solution pour apporter la paix dans la région.

Par Tom Segev, Haaretz, 29 décembre 2008

La chaîne de télévision Channel 1 a diffusé un montage intéressant ce samedi matin : ses correspondants intervenaient depuis Sderot et Ashkelon, mais les images à l’écran provenaient de la bande de Gaza. Cette émission, quoique involontairement, donnait le bon message : Un enfant de Sderot est le même qu’un enfant de la bande de Gaza, et toute personne qui nuit à autrui commet le mal.

Mais l’assaut sur la bande de Gaza n’est pas redevable avant tout d’une condamnation morale : il exige quelques rappels historiques. La justification donnée pour cet assaut, tout comme ses objectifs, sont une répétition des mêmes hypothèses de base qui se sont avérées fausses à chaque fois. Pourtant, Israël les tire toujours de son chapeau, encore et encore, une guerre après l’autre.

Israël lance des frappes sur les Palestiniens pour « leur donner une leçon ». C'est là une considération qui accompagne l'entreprise sioniste depuis sa genèse : nous sommes les représentants du Progrès et des Lumières, de la raison complexe et de la moralité, tandis que les Arabes sont une racaille primitive et violente, des gamins qui doivent être éduqués et remis dans le droit chemin en utilisant – bien entendu – la méthode de la carotte et du bâton, comme le fait le charretier avec son âne.

Le bombardement de Gaza est aussi censé "liquider le régime du Hamas", le tout enchaîné avec une de ces autres considérations qui font le sel du mouvement sioniste depuis sa fondation : il est possible d'imposer aux Palestiniens l'émergence d'une direction "modérée", c'est-à-dire une équipe qui renoncera à leurs aspirations nationales. Toujours dans cet ordre d'idées, Israël croit encore et toujours qu'en infligeant souffrance et désolation aux civils palestiniens, on les poussera à se révolter contre leurs dirigeants nationaux. L'histoire devrait pourtant nous démontrer que rien n'est plus faux. Lire la suite : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2437
ou : http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=93013

Tom Segev est journaliste et historien. Classé parmi les « nouveaux historiens, » il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont été traduits en français, dont « 1967 : Six jours qui ont changé le monde », et « Le septième million : Les Israëliens et le génocide ».

03 janvier 2009

Débat : Y aura-t-il un État palestinien ?


Certaines personnes ont du mal de se départir de la propagande dominante dans les médias occidentaux selon laquelle l'armée israélienne ne fait que se défendre contre les attaques insupportables du Hamas, reconnu dans le monde entier comme mouvement terroriste, comme chacun sait.
Comme antidote, je juge qu'un rappel n'est pas inutile. Et je trouve que celui de Leila Chahid, déléguée générale de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg, constitue aujourd'hui plus que jamais, même s'il date d'avril dernier, une bonne mise au point.

mardi 29 avril 2008 - L’Humanité

Leïla Shahid. Je reviens d’un mois en Palestine après quatre ans d’absence, et j’ai été absolument catastrophée, effondrée, de voir combien les choses ont régressé. J’ai l’impression qu’en quatre ans, c’est devenu quasiment irréversible. À commencer par Jérusalem. Jérusalem aujourd’hui n’a plus d’existence en tant que ville arabe à l’Est, israélienne à l’Ouest. L’endroit où le mur est le plus répulsif, le plus difficile à vivre, c’est Jérusalem. Parce que, là, il est tout en béton. Ailleurs, sur ses 700 kilomètres de parcours, c’est parfois un grillage avec des barbelés. Mais à Jérusalem, la Jérusalem métropolitaine qui est soixante fois plus grande qu’en 1967, il est entièrement en béton et il fait 9 mètres de haut.

Deuxièmement, c’est à Jérusalem-Est que l’agrandissement de colonies a été le plus important - toutes les informations le prouvent, en particulier celles de La paix maintenant, qui a fait un remarquable travail de « monitoring » des colonies. C’est dans la tradition sioniste classique de créer des faits accomplis. Celui-là déchargera Israël de la nécessité de négocier le statut de Jérusalem. Car si cela continue, il n’y aura plus rien à négocier.

La troisième chose qui m’a beaucoup choquée, c’est l’étendue des embranchements de routes pour relier ce qu’on appelle le « ring road », le périphérique de Jérusalem, qui va pratiquement annexer toute la ville sur le plan du transport public et de l’espace. Ces embranchements ne desservent que les colonies. Il n’y a pas une seule bretelle qui aille à Beit Hanina ou dans n’importe quelle banlieue de Jérusalem-Est. L’isolement de Jérusalem de la Cisjordanie et des territoires occupés est un fait accompli : on ne peut déjà plus parler de Jérusalem-Est comme capitale de l’État de Palestine. Finalement, et ceci concerne particulièrement les Français, à cause des entreprises impliquées (Veolia et Alstom), le tramway reliera les colonies à l’est de Jérusalem à Israël, en violant toutes les règles du droit international.

Dans le reste de la Cisjordanie, l’extension des colonies autour d’Ariel, celle de Maale Adumin pratiquement jusqu’à la mer Morte, l’extension du bloc du Gush Etzion font qu’il ne reste plus que trois entités complètement séparées : le bantoustan du Nord, celui du centre et celui du Sud, qui ne sont pas viables comme territoire d’un État.

Lorsque vous dites cela aux responsables israéliens, le plus sérieusement du monde, ils vous répondent qu’ils vont faire des tunnels sous les colonies et des ponts par-dessus, pour respecter la lettre de ce qui est inscrit dans les accords : la continuité territoriale. C’est littéralement kafkaïen, mais ils le disent sérieusement !

Les premiers à constater cet état de fait, ce sont les habitants de la Palestine, qui ne reconnaissent plus visuellement le paysage dans lequel ils habitent. Tous les jours il y a soit une nouvelle colonie, une « sauvage » qui devient officielle, une autre qui obtient le statut de ville, comme Ariel ou Modiin. Ce constat, vous le trouvez dans la bouche de la plupart des citoyens, je ne dis pas des responsables de l’Autorité palestinienne. Car si les responsables devaient admettre qu’il n’y a plus les fondements territoriaux d’un État, ils devraient arrêter de négocier. Ou alors adopter une autre stratégie.

L'état des lieux que j'ai constaté de mes propres yeux en Palestine en 2006, notamment autour de Jérusalem, a donc encore empiré. Je suis admiratif devant le calme des Palestiniens de Jérusalem. Jusqu'à quand garderont-ils la maîtrise de leurs émotions ? La poursuite de la colonisation par Israël arrivera-t-elle à les pousser à bout ?
Ceux qui parlent aujourd'hui de Paix me paraissent ou bien très naïfs ou bien très hypocrite.
Mais peut-être convient-il de rappeler ici cette phrase qui résonne dans mes oreilles, elle est d'un chauffeur de taxi, à propos du réchauffement climatique, et elle est citée par Anne Gouyon dans un de ses interview : "c'est vraiment horrible, et si on ne peut rien faire, je préfère ne pas savoir."

02 janvier 2009

Gaza: controverse autour du silence de Barack Obama



02.01.09 - 16:44
"Yes we can" ? La gauche britannique et des blogueurs du monde entier se demandent plutôt "Where is he?" Barack Obama observe un silence sur la situation que beaucoup condamnent.
Le mutisme n'est pas absolu. Son principal conseiller, David Axelrod, a expliqué sur le plateau de "Face The Nation", l'émission politique de CBS, qu'il "n'y a qu'un président à la fois. Et ce président, c'est George Bush." Le juif américain Richard Silverstein, qui tient le blog Tikum Olam (pour faire de la Terre un endroit meilleur), a réagi avec vigueur: "Je suis conscient que le massacre de Gaza n'a de loin pas la même importance pour les Américains que l'effondrement de Wall Street. Mais quand l'économie a implosé, on n'a pas vu les gens d'Obama s'en remettre à Bush. Il a travaillé avec Bush. Ils ont élaboré une stratégie commune. Ils ont essayé chacun de paraître énergique, travailleur et sérieux."

En visite en Israël en juillet dernier, Barack Obama avait évoqué les roquettes lancées par les Palestiniens et la réaction israélienne: "Si quelqu'un envoyait des roquettes sur ma maison, où dorment mes filles, je ferais tout en mon pouvoir pour l'empêcher. Je ne suis pas surpris que les Israéliens en fassent de même." Terry Scott, contributeur au blog AmPal - American Palestinian, a repris la rhétorique d'Obama à la lettre, la qualifiant de stupide: "Si quelqu'un affamait ma famille, bombardait mes installations d'assainissement et d'électricité, traumatisait mes enfants en franchissant quotidiennement le mur du son, empêchait mes enfants malades de voir un médecin, privait mes enfants en âge d'étudier des bourses qu'ils méritent, rendaient anémiques la moitié de la population d'enfants, alors je lancerais sur eux tout ce qui me tomberait sous la main y compris le WC et le lavabo. Allons, Mr. Obama, montrez un peu plus de compréhension que l'administration actuelle."

VivirLatino n'y pas de main morte, lui aussi. "J'ai honte et je suis dégoûté, surtout si c'est ça le changement dans lequel croyaient et croient les électeurs américains. Je suis hanté par les mots et les images des hommes, femmes et enfants, et par la façon dont mes dollars de contribuable sont utilisés pour opprimer et rendre invisibles des gens que certains ne considèrent même pas dignes d'être des personnes, d'avoir une terre, un foyer." En Angleterre, c'est de la gauche, pourtant si favorable à Barack Obama, qui déplore l'attitude du "président-élu" américain. Ken Livigstone, l'ancien maire de Londres, Bianca Jagger et Annie Lennox, célèbre chanteuse, se sont émus de la situation à Gaza et la passivité de Barack Obama.
"Je voudrais appeler le président élu (Barack) Obama à s'exprimer", a déclaré Bianca Jagger lors d'une conférence de presse. "Les gens du monde entier avaient de l'espoir quand il a été élu, et nous en appelons à lui pour qu'il demande un arrêt immédiat des bombardements de civils dans la bande de Gaza."
Annie Lennox, ancienne chanteuse d'Eurythmics, a expliqué avoir, quand elle a pris connaissance de la situation à Gaza, "pensé en tant que mère et être humain: comment cela va-t-il être la solution pour la paix? ".

(H.M. avec globalvoicesonlince et Belga)

Notre dossier sur la situation à Gaza

27 décembre 2008

L’Union Juive Française pour la Paix réagit au bombardement de Gaza

Israël bombarde Gaza : près de 200 morts
( Samedi, 27 décembre 2008 )

Communiqué du
Bureau National De l'Union Juive Française pour la Paix

Gaza : la responsabilité directe de la France et de l'Union Européenne

Du blocus à l'assassinat collectif

L'armée israélienne a attaqué Gaza cette nuit avec des moyens militaires énormes. Le premier bilan fait état de 150 morts, civils pour la plupart. Ce massacre était annoncé, envisagé et commenté ces derniers jours dans la presse israélienne, après la fin de la trêve respectée par le Hamas et rompue sans arrêt par l'armée israélienne. Ce crime a été rendu possible par l'impunité totale accordée à Israël depuis bientôt 9 ans et le soutien actif dont il bénéficie au sein de l'Union Européenne. Il est le résultat direct du «rehaussement de la coopération avec l'UE» imposée par la présidence française contre le vote de report du Parlement Européen.

Depuis maintenant des années, la bande de Gaza subit, avec le soutien complice de l'Union Européenne un siège criminel qui viole délibérément toutes les lois internationales : un million et demi de civils sont prisonniers de l'armée israélienne et privés de tout : de nourriture, de carburant, d'électricité, de médicaments, de matériel scolaire … Moins d'un dixième des camions nécessaires au ravitaillement normal de la population parviennent à passer. L'aéroport et le port ont été détruits avant même d'avoir jamais pu fonctionner. Il est interdit de pêcher. Seuls quelques bateaux affrétés par des militants ont pu forcer le blocus. La population subit une «punition» collective impitoyable pour avoir «mal» voté. La communauté internationale laisse faire, voire encourage ce siège. L'occupant a expulsé Robert Falk, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme de l'ONU.

Il n'y a aucun statu quo possible, aucune perpétuation envisageable de ce siège impitoyable et criminel. Tout peuple assiégé a le droit de résister à l'oppression.

Aucune symétrie ne peut être établie avec les quelques missiles qui sont tombées sur des villes israéliennes. Il n'y aura pas de sécurité pour les Israéliens sans sécurité pour la population de Gaza. Les politiques européenne et américaine depuis Annapolis, en évitant d'affronter la réalité de l'occupation, aboutissent à l'impasse attendue dont encore une fois le peuple palestinien paie tout le prix.

L'Union Juive Française pour la Paix dénonce le crime qui se déroule contre la population de Gaza. Elle appelle à manifester partout contre cette nouvelle agression. L'UJFP exige une réaction immédiate du gouvernement français, de la Communauté Européenne et de l'ONU pour faire cesser l'agression et pour mettre un terme au blocus de Gaza.

BN de l'UJFP le 27 décembre 2008

Al-Oufok

Le site sur
http://www.aloufok. net/
Voir l'article sur http://www.aloufok. net/article. php3?id_article= 5238

28 octobre 2008

MASARAT

D’AUTRES IMAGES, D’AUTRES REGARDS
OCTOBRE-NOVEMBRE 2008
BRUXELLES, MONS, CHARLEROI, LIEGE, NAMUR…

ET PARTOUT EN COMMUNAUTE FRANÇAISE

"J’ai trouvé que la terre était fragile, et la mer, légère ; j’ai appris que la langue et la métaphore ne suffisent point pour fournir un lieu au lieu. La part géographique de l’Histoire est plus forte que la part historique de la géographie. N’ayant pu trouver ma place sur la terre, j’ai tenté de la trouver dans l’Histoire. Et l’Histoire ne peut se réduire à une compensation de la géographie perdue. C’est également un point d’observation des ombres, de soi et de l’Autre, saisis dans un cheminement humain plus complexe. L’Histoire a éveillé en moi le sens de l’ironie. Ce qui allège le poids du souci national. On s’engage ainsi dans un voyage absurde. Est-ce là simple ruse artistique, simple emprunt ? Est-ce, au contraire, le désespoir qui prend corps ? La réponse n’a aucune importance. L’essentiel est que j’ai trouvé ainsi une plus grande capacité lyrique, et un passage du relatif vers l’absolu. Une ouverture, pour que j’inscrive le national dans l’universel, pour que la Palestine ne se limite pas à la Palestine, mais qu’elle fonde sa légitimité esthétique dans un espace humain plus vaste."
Mahmoud Darwish (1941-2008)

A l’occasion de la saison artistique et culturelle MASARAT Palestine, d’autres voix, des images nouvelles, des sons inédits nous viennent de Palestine. Ils appellent un autre regard, une autre écoute.
La Palestine qui sera présentée en octobre et novembre 2008 à Bruxelles, Mons, Charleroi, Liège, Namur… et partout en Communauté française est un pays méconnu, mal connu, voire inconnu ! Un pays à découvrir et à parcourir de manière inattendue à travers le prisme de ses artistes.
Pour la première fois en Communauté française, une ouverture s’opère vers des mondes artistiques issus d’un ailleurs pas si lointain, même tout proche, le Proche-Orient. Vaste invitation à découvrir des esthétiques multiples, expérimentales mais toujours politiques, et qui dégagent une incroyable vitalité. Présenter les dynamiques artistiques palestiniennes contemporaines, c’est aussi entrer dans l’histoire : car, que s’est-il passé, là-bas, dans les Territoires mais aussi dans la diaspora ou pour les « Palestiniens de ‘48 » qui vivent en Israël, au tournant des années ’90, depuis les Accords d’Oslo, premier pas vers le « pays à venir »?

Comment l’activité artistique s’est-elle alors structurée et organisée ? Quels artistes ont émergé, se sont affirmés et dans quels lieux ? MASARAT Palestine se veut comme un premier arrêt sur image pour cette histoire toute récente. Et où en est-on aujourd’hui, en 2008, alors que les Territoires sont toujours occupés, que la colonisation de la Cisjordanie progresse inéluctablement, que le mur ajoute aux divisions, coupe le paysage, oblitère le regard et que les check-points entravent toujours plus la mobilité quotidienne des habitants et … des artistes ?

Qu’est-ce qui, pourtant, dans cette situation d’occupation, émerge là maintenant ? MASARAT Palestine invite une toute nouvelle génération d’artistes urbains, des collectifs de jeunes graphistes (Zan Studio) ; des photographes et vidéastes (Idioms film) ; de musiciens (Watar, DAM…); des cinéastes et des écrivains, qui tous partagent engagement politique, humour et impertinence des formes… MASARAT Palestine défait et déconstruit les clichés qui nous habitent (télévisuels, journalistiques), voire même nos représentations les plus familières venues de la militance. Avec nos amis de Ramallah, les artistes, intellectuels et producteurs culturels du Comité Palestinien avec qui, tout au long de ces deux années, nous avons élaboré la saison, nous avons voulu en quelque sorte « sauter » par-delà le mur, motif omniprésent dans les œuvres d’aujourd’hui, qui se donne et s’impose comme l’image même de la réalité palestinienne, mais qui occulte tant d’autres réalités artistiques. MASARAT Palestine se veut parcours et chemins pluriels, vaste processus d’échanges entre ici et là-bas : workshops, résidences, échanges d’artistes, formations jalonnent les chemins de cette saison durant deux ans. L’idée était simple : relier, mettre en relation, permettre les rencontres, les échanges et les collaborations, dans l’idée que le processus nous échappe et perdure bien au-delà de l’automne 2008. Tout en opérant un focus sur la production visuelle et plastique à travers la présentation de quelques grandes expositions, il s’agit également de franchir les frontières disciplinaires, de chercher dans tous les coins et recoins des pratiques artistiques palestiniennes les plus contemporaines et de mixer allègrement arts visuels, cinéma, littérature, débats et conférences, musiques, performances théâtrales et danse, dans des dispositifs multiples. De joindre, aussi souvent que possible, à la présentation des œuvres, le dialogue avec le public. Car MASARAT Palestine nous entraîne plus que jamais aux frontières, aux croisements féconds de l’art et du politique, de la création et de la pensée…

Arts visuels, cinéma, littérature, musique, arts de la scène, conférences, débats et tables rondes seront au programme aux Halles, à Bozar, au Musée de la Photographie de Charleroi, à la Maison Folie de Mons, au Théâtre de Namur et dans bien d’autres lieux !

MASARAT Palestine entend présenter et promouvoir les divers aspects du champ artistique palestinien d’aujourd’hui, qui témoignent d’un réel dynamisme et d’approches très actuelles. Les arts plastiques et visuels, pratiques plus récentes dans la culture palestinienne, dégagent une grande énergie en contact avec le monde extérieur. De même que le design, l’architecture et l’intérêt pour le patrimoine artistique et naturel… Cette vitalité imposait la mise en place de diverses expositions.

En littérature, un grand nombre de jeunes auteurs palestiniens sont à découvrir et à traduire. Des éditions de nouvelles et de poésie sont prévues par la Promotion des lettres en Communauté française, en partenariat avec les éditions Actes Sud, ainsi que des résidences d’écriture (à Passa Porta) et de traduction (à Seneffe). Également au programme : des lectures et mises en voix et des temps forts, comme la venue du poète Mahmoud Darwich.

En musique, divers concerts seront programmés à Bruxelles et en Communauté française. On pourra y entendre de grands interprètes et spécialistes de la musique arabe mais aussi les formes de musiques les plus actuelles : rap, hip hop, electro…

Le cinéma est riche en productions de films. Une série d’entre eux seront donc présentés à Bruxelles et en Wallonie. Des cinéastes palestiniens de cette « jeune école documentaire » seront également invités. Durant toute la saison, la Grande Halle des Halles de Schaerbeek, se transformera en « Bureau permanent de la Palestine» : espace de vie, de rencontres, d’informations, de visionnement, ouvert en permanence au public de passage. En complément de cette programmation, des conférences, des débats et des tables rondes accueilleront des intellectuels palestiniens aux Halles mais aussi dans d’autres lieux de la Communauté française.


MASARAT – Palestine 2008: saison artistique et culturelle en Communauté française Wallonie-Bruxelles, à l’initiative du Commissariat général aux Relations internationales et de la Délégation générale de la Palestine auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg, sous le haut patronage de la Ministre des Relations Internationales de la Communauté française et de Mahmoud Darwich, avec le soutien de la Ministre de la Culture.
Conception et réalisation : Les Halles.

04 janvier 2008

IL Y A 60 ans – La NAKBA ou Catastrophe


Israël fêtera en 2008 ses 60 ans d’existence en tant qu’Etat.
Il a fallu, pour la plupart d’entre-nous et du monde occidental, attendre (fin des années 80) que ceux qui ont été nommés ‘les nouveaux historiens israéliens’ donnent à cet évènement tout son vrai caractère : l’expulsion forcée de plus de 700.000 Palestiniens de leurs villes, villages, maisons.

Pour les Palestiniens et les Arabes en général cet évènement fondateur de l’Etat sioniste s’appelle : Nakba (catastrophe).

Il est important de ne pas rater l’occasion de faire de 2008 une année d’information et de mobilisation sur la situation actuelle, cruciale et dramatique du peuple palestinien et particulièrement sur le drame de plus de 4 millions de réfugiés toujours interdits de reconnaissance du droit au retour ; sans doute la situation de non droit la plus longue de l’histoire.

Les groupes Paix Juste au Proche-Orient du Brabant Wallon (PJPO) solidaires de la Palestine, vous convient à passer ensemble une journée conviviale et studieuse.

Marco Abramowicz


INVITATION

En vue de sensibiliser tous ses membres et sympathisants à cet évènement, le Comité de Coordination des Groupes du Brabant Wallon pour une Paix Juste au Proche-Orient

Avec le soutien du Foyer Culturel de la Nethen organise

dimanche 20 janvier 2008
10 H. à 17 H.

Maison du Village de Hamme-Mille
7, rue A. Goemans
1320 Hamme-Mille (à gauche de l’église)

Une journée d’information et de sensibilisation

Au programme :

10h à 11 h :
Deux exposés, suivis de débats :
Paul Delmotte, Chargé de Cours de politique internationale à l’IHECS. Circonstances historiques de la Nakba.
Michel Staszewki, professeur d’Histoire et membre de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique : L’expulsion des palestiniens.

11h à 12 h. :
Témoignages de diverses personnalités palestiniennes.
Participations promises : Chawki Armali, Leila Shahid, Adel Athieh, et d’autres

12h30 à 13h30 :
Déjeuner + visite de l’exposition de photos sur la NAKBA (notamment celles très émouvantes du camp de Aïda).

14 h à 16 h :
Trois ateliers
1) Pour enseignants : réflexions et documentation sur les cours d’Histoire, de Géographie et de Sciences Humaines.

2) Information sur la culture : cinéma, Michel Khlefi présentera son film « Maloul, fête sa destruction » (1985, 35’) ; théâtres, PhilippeDumoulin parlera de Terres Promise ; littérature, documentation…

3) Projets d'actions pour 2008 aussi bien pour les groupes, le Comité de coordination du Brabant Wallon dans le cadre de nos relations avec l’Association Belgo-Palestinienne.

16h30 à 17h :
Assemblée finale, mise en commun

Participation par personne aux frais comprenant café de bienvenue et déjeuner (hors boissons) : 7 €

Veuillez réserver dès maintenant cette date dans votre agenda et confirmer votre présence à Lilian Catelin – Tél. 067/63 86 16 – GSM 0475/69 92 76 - lilianecatelin@scarlet.be

20 septembre 2007

Terre et Paix JODOIGNE : quinzaine Palestine

Je vous transmets les informations concernant l’Action citoyenne organisée par le Centre Culturel de JODOIGNE « Terre et Paix » à laquelle le groupe Paix en Palestine participe. Cette action aura lieu entre le 21 septembre et le 12 octobre en différents endroits de la ville.
Vendredi 21 septembre :
• 13h30
Programmation de « Terres promises » Théâtre du public, séance scolaire
Côté cours, Chée de Hannut, 1370 Jodoigne

• 18h Vernissage de l’exposition photos-témoins sur la Palestine
Musée Géradin, Chée de Charleroi,1, 1370 Jodoigne

• 20h Conférence de Marianne Blum et Philippe Dumoulin
« Culture et Résistance palestinienne ; vers un chemin de paix ? »
Musée Géradin, Chée de Charleroi,1, 1370 Jodoigne
Entrée 5€

Samedi 22 septembre : de 14h à 22h
Village des associations avec comme thème la paix, les relations internationales. Animations proposées par les associations jodoignoises : le yoga comme instrument de non-violence, actions de Philantros, artisanat palestinien, danses burundaises, programme agricole d’échanges entre pays du Nord et du Sud, Oxfam, regard sur l’accueil des réfugiés, Amnesty International…
Entrée gratuite.
Côté cours, Chée de Hannut, 1370 Jodoigne

Samedi 22 septembre : 20h
conférence du GRIP « Europe, puissance tranquille » le rôle de l’Europe dans le monde en tant qu’élément stabilisateur, médiateur et pacificateur. Intervention de Bernard Adam.
Entrée 2.50€
Côté cours, Chée de Hannut, 1370 Jodoigne

Samedi 22 et dimanche 23 septembre : de 14h à 18h
ouverture de l’exposition sur la Palestine
Musée Géradin, Chée de Charleroi,1, 1370 Jodoigne
Entrée gratuite

Samedi 29 septembre : dès 14h
Portes ouvertes de FEDASIL
+ 2 représentations de « La traversée de la mort » par la Cie des nouveaux disparus (15h et 20h) ;
Entrée gratuite.
Fedasil, Chée de Hannut, 141, 1370 Jodoigne.

Lundi 1er et/ou 8 : Cinéma l’Etoile, coups de cœur du lundi, sélection de films sur la mondialisation et ses effets.

Vendredi 12 octobre : 20h
clôture de l’opération Terre et paix : concert de Mastaki et Ya ’Kongo dans le cadre de Yambi ! Congo-Wallonie-Bruxelles
Entrée 20/15/12 €
Côté cours, Chée de Hannut, 1370 Jodoigne

04 septembre 2007

A voir : le film "In working progress" à Bruxelles



Vendredi 14 septembre à 20 heures,
à l’UPJB
61, rue de la victoire, 1060 Bruxelles
Projection du documentaire
“In working progress”
de Guy Davidi et
Alexandre Goetschmann

ou la situation douloureuse de travailleurs palestiniens contraints de participer à la construction de colonies juives bâties sur leurs propres terres confisquées

La projection sera suivie d’un débat en présence de Guy Davidi

A l’ombre du désengagement de Gaza, à l’ouest de Ramallah, une nouvelle ville s’étend : Modi’in Ilit. A l’aube, des travailleurs palestiniens, venus du village de Bil’in, entament une nouvelle journée de travail. Sans emploi depuis les premiers jours de la seconde Intifada, confronté à de graves problèmes financiers, Maher Hatib, est contraint de travailler, la mort dans l’âme, à la construction de cette nouvelle colonie bâtie sur les terres confisquées de son village derrière une “barrière de séparation”. Le documentaire s’attache essentiellement aux sentiments douloureux qui accablent ces travailleurs et au paradoxe de leur situation.
“In working progress” (sous-titré en français) a été filmé à l’intérieur de Modi’in Ilit. Cette colonie ultra-religieuse ne cesse de s’étendre et est aujourd’hui la plus importante de Cisjordanie.
Guy Davidi est un documentariste israélien qui compte déjà de nombreuses réalisations à son actif. Il parle français.
Alexandre Goetschmann est Suisse, ancien étudiant en mythologie et philologie du Moyen-Orient à l’université de tel-Aviv.
Une soirée à ne pas manquer.


PAF : 6 € (4 € pour les membres, les jeunes et les chômeurs)

01 septembre 2007

Un orchestre israélo-palestinien à Bruxelles


• En provenance de Salzbourg, l'orchestre israélo-arabe jouait au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, ce jeudi 23 août.
• Rencontre avec Daniel Barenboïm qui dirige le West-Eastern Diwan orchestra, "orchestre témoin" comme il aime à le définir.


Faire jouer, ensemble des jeunes talents juifs et arabes, les inciter à se rencontrer dans la saine émulation de "master classes", puis leur donner l'occasion de présenter au monde leur harmonie: tel est l'ambitieux projet imaginé, en 1999, par Daniel Barenboïm et feu l'intellectuel palestinien Edward Saïd. Il concourt à renouer le dialogue entre les frères ennemis, qui répètent en Andalousie, autrefois creuset fertile de l'Islam, du Christianisme et du Judaïsme.

C'est une claire définition. de l'orchestre avec lequel, pour la deuxième fois, Daniel Barenboïm se produit à Bruxelles.

Daniel Barenboïm est très fier de ses jeunes collègues, par exemple la Libanaise Reem Khoury, premier violon, le Palestinien Ramzi Aburedwan, par ailleurs engagé dans un grand projet culturel dans son pays, l'Israélien Daniel Cohen, qui parlera de ses peurs dépassées… Il souligne leur courage, "mais il ne s'agit pas d'un orchestre "pour la paix" mais d'un orchestre témoin, un lieu exclusif où chacun s'exprime à fond, de toutes ses forces, tout en étant "obligatoirement" - si l'on parle de faire de la musique ensemble - à l'écoute de l'autre. Etre soi mais écouter l'autre, vaincre l'ignorance, accepter que les situations ne sont pas symétriques."

L'orchestre israélo-palestino-arabe (voire aussi persan) n'est pas comme les autres : symbole de jeunesse, d'audace et de paix, il est aussi un tel mélange visiblement disparate qu'on aimerait connaître l'histoire et le destin de chacun de ses musiciens, leurs drames, leurs renoncements, ce qui les a amené là. Certains sont là sans qu'on puisse connaître même leur nom, sécurité oblige – "toute colombe est une cible"

"Le conflit israélo-arabe est très particulier et très complexe, il est à la fois local - deux peuples se battent pour la même terre - et concerne le monde entier, la création de l'orchestre est liée à ce paradoxe."

Partout où l'orchestre se présente, le succès est immense, mais pourrait-il jouer dans tous les pays ? "Il n'est pas sûr que nous puissions jouer demain en Syrie ou à Jérusalem. Je pense que nous aurons atteint notre but, quand nous pourrons jouer dans tous les pays représentés dans l'orchestre! Et cette année, deux Iraniens nous ont rejoints..." .

"La dualité orient et occident fait profondément partie de la musique, à la fois sensuelle et savante, c'est ce qui lui permet d'exprimer ce qui serait impossible à tout autre langage, y compris la mort, et aimer la chanter."

En guise de conclusion, selon les participants, il y a une bonne et une mauvaise nouvelles : "la bonne est que le WB Diwan orchestra existe, la mauvaise est qu'il soit le seul du genre..."

D'après la LLB, 23 août et 24 août.

Restaurer le patrimoine palestinien

Territoires palestiniens :
Une maison à restaurer, aujourd'hui...
tout un patrimoine architectural palestinien à sauver demain : un pari !

Taybé, village chrétien de Cisjordanie, 2.000 âmes, est le berceau de la bière palestinienne qui est née du savoir-faire et du houblon belges. Ces jours-ci, un Belge y participe à un projet inédit, visant à restaurer le patrimoine architectural palestinien tout en ouvrant des perspectives de métier pour les jeunes qui quittent le village par manque d'emploi. Dès l'aube, sous la canicule, un belge de Louvain, et d'autres volontaires européens et palestiniens mettent la main à la pâte - en l'occurrence, au ciment et à la patine - pour réhabiliter une bâtisse centenaire. Remontant à l'époque ottomane, la maison restaurée servira d'école de maçonnerie et taille de pierre. Et de point de départ, espère le maire, pour la remise en valeur des 258 maisons historiques du village. Le chantier fait partie d'un projet de rénovation, protection et réactivation de l'héritage culturel palestinien, financé par l'Union européenne (UE) et mené par Riwaq, le centre palestinien de conservation architecturale. "Restaurer les vieilles pierres pour nous restaurer nous-mêmes comme êtres humains", dit-on à Riwaq, où l'on s'applique non seulement à restaurer le patrimoine, mais aussi à y sensibiliser la population et le gouvernement palestiniens.
Car les Palestiniens ont peu conscience de cet héritage. Or, lorsqu'ils auront leur Etat, le patrimoine des villes et villages jouera un rôle majeur dans la construction de l'identité nationale. Taybé, par exemple, est situé dans un magnifique paysage de collines et vallées. Mais ses maisons anciennes sont décaties ou tombent en ruines. En Europe, un tel site serait restauré et entretenu, et attirerait de nombreux visiteurs. Ici, le potentiel - tant identitaire que touristique - reste à l'état de potentiel. Et si l'on n'agit pas vite, les villageois préféreront remplacer l'ancien par du moderne, plus fonctionnel, mais moins attractif. "En rénovant ce bâtiment, nous dit le Louvaniste, nous leur montrons ce qu'il y a moyen de faire et espérons les rendre fiers de vivre dans un lieu à valeur historique."
Diplômé en Droit et relations internationales, actif dans l'équipe Israël-Palestine d'Amnesty-Vlaanderen, Pieter avait déjà fait un voyage d'information et pèlerinage dans la région l'an dernier. Cette fois, il tenait à s'impliquer et à servir directement la société palestinienne.

Une précocité politique

En réunissant Européens et Palestiniens, le chantier a aussi voulu briser les stéréotypes de violence et terrorisme, notamment auprès de jeunes Palestiniens issus de familles de réfugiés qui sont revenues de l'étranger depuis l'instauration de l'Autorité palestinienne. Ils vont au lycée américain de Ramallah, parlent anglais, ont des habitudes occidentales. "Ce sont des adolescents comme partout ailleurs, qui peuvent être mes amis comme en Belgique. Sauf qu'en Belgique, personne ne me raconte que son père a passé des années en prison, ou que son cousin a été tué par l'armée. Et personne ne craint constamment les barrages sur sa route." D'où la "frappante précocité politique" des jeunes Palestiniens, ajoute-t-il. "Ils ont une vie normale comme nous, aiment les mêmes choses, ont les mêmes ambitions. Mais ils ont une dimension supplémentaire dans leur quotidien, que ma génération si éloignée des guerres ne peut saisir."

www.riwaq.org

D'après RENÉE-ANNE GUTTER CORRESPONDANTE À JÉRUSALEM, LLB, vendredi 27 juillet 2007.

17 juin 2007

Les Arabes d’Israël. Extraits de l'article de Suha SIBANY

Voici un article qui donne un aperçu objectif et psychologique sur une problématique pas suffisamment connue mais qui pourra dans le futur jouer un rôle de plus en plus important dans le conflit du Proche-Orient.
Madame SUHA SIBANY m'a autorisé à publier les extraits qui vont suivre de son article, analyse et témoignage personnel de la situation des arabes israéliens dans leur propre pays. Je l'en remercie, ce texte-ci sera à mon avis plus facile d'accès que l'original, assez long et fouillé, que chacun pourra néanmoins aller lire sur les sites qui l'ont publié in extenso.

Les Arabes d’Israël,
une minorité nationale palestinienne ?


Extraits
d'un article de
SUHA SIBANY
publié le dimanche 10 juin 2007

En tant que membre de ce groupe appelé « Arabes israéliens », je vais tenter, à travers ma propre expérience, que je qualifie désormais de « palestinienne » et non plus d’« arabe israélienne », d’expliquer les raisons de ce changement. Mon identité actuelle et ma conscience socio-politique de minoritaire dans l’État d’Israël sont constituées de plusieurs éléments dans lesquels l’injustice et les humiliations quotidiennes que subissent les Arabes israéliens jouent un grand rôle. Au cours de la guerre du Liban en juillet2006, les Arabes d’Israël ont manifesté leur solidarité avec le peuple et la résistance libanais et leur hostilité à la politique israélienne. Les Israéliens juifs y ont vu la preuve irréfutable de la déloyauté des Arabes israéliens, tandis que ces derniers considèrent l’attitude des Juifs israéliens envers eux comme la manifestation la plus éclatante de l’incapacité d’Israël à accepter leur présence.

SUHA SIBANY est Doctorante, à l'Institut français de géopolitique, université Paris-VIII.
Son article est publié dans la revue Hérodote, Revue de géographie et de géopolitique • n° 124 - Proche-Orient, géopolitique de la crise (1er trimestre 2007)


Je suis née et j’ai grandi à Nazareth, la plus grande ville arabe dans le nord d’Israël, dans une famille chrétienne maronite bénéficiant d’un statut socio-économique aisé. Bien que Nazareth soit une ville comprenant aussi bien des musulmans que des chrétiens, j’ai essentiellement grandi dans un environnement chrétien catholique. (...) Cette majorité chrétienne a disparu pour moi dans le secondaire car de nombreux élèves musulmans, originaires des villages environnants, fréquentent les collèges et lycées de Nazareth puisqu’il n’existe pas d’établissements scolaires en dehors de la ville. (...) La politique ne jouait pas un grand rôle dans ma vie quotidienne et je fus élevée en tant qu’Arabe israélienne mais surtout en tant que chrétienne et maronite.

De l’identité arabe israélienne à l’identité palestinienne

Le terme « palestinien » m’était relativement « étranger », même après la création du Mouvement de libération pour la Palestine. Je savais que j’étais arabe mais je m’identifiais en tant qu’Arabe d’Israël. Je n’utilisais le terme « palestinienne » ni pour me définir, ni pour désigner la majorité des Arabes vivant en Israël. D’ailleurs, on appelait les gens vivant en Cisjordanie Dafawi, et dans la Bande de Gaza Gazaoui,et non pas Palestiniens.
Mon identité actuelle et ma conscience socio-politique de minoritaire dans l’État d’Israël sont constituées de plusieurs éléments. Ce processus identitaire a débuté lors de mon adolescence, lorsque j’ai commencé à m’interroger sur les déterminants religieux chrétiens et plus précisément maronites de mon identité. Les massacres de Sabra et Chatila - deux camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth-Ouest au Liban -, perpétrés les 16 et 17 septembre 1982 par les phalangistes, milice chrétienne libanaise dirigée par Élie Hobeika, dans un secteur occupé par l’armée israélienne depuis l’opération Paix en Galilée, et le sentiment d’injustice et de révolte que j’ai ressenti, ont fortement influencé cette remise en question identitaire. Je ne pouvais pas « appartenir » à la communauté maronite dont sont issus certains des membres du groupe des phalanges qui ont participé au massacre. Bien que ce fût la première fois que je rejetais fermement une part de mon identité, je me suis néanmoins toujours interrogée sur mes origines. (...) Mes parents ne m’ont jamais fourni les réponses que j’attendais, bien au contraire, ils me disaient : « Il faut rester en dehors de la politique. » (...)

À l’école, on nous a appris au cours de nos leçons d’histoire que, sous le mandat britannique, la Palestine a été promise au peuple juif pour qu’ils y établissent un État après les terribles discriminations qu’ils ont subies en Europe et surtout à cause de l’Holocauste. On m’a enseigné qu’après un tel désastre il était tout à fait « humain » de promettre aux Juifs la terre de Palestine afin qu’ils aient un endroit dans le monde pour se protéger. La Palestine n’était-elle pas « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » ? Quand j’interrogeais mon professeur d’histoire au sujet des Arabes vivant aujourd’hui en Israël, il répondait vaguement qu’il existait bien des Arabes vivant en Palestine mandataire mais qu’ils avaient perdu la guerre de 1948, gagnée par les Juifs qui avaient dès lors établi l’État d’Israël. Il n’était jamais fait mention de Palestiniens mais d’Arabes.
(...)
J’ai toujours su que je vivais en Israël, un État juif avec pour langue l’hébreu, mais je n’ai jamais compris pourquoi les Arabes étaient plus pauvres que les Juifs et pourquoi Nazareth Ilit (une ville juive voisine de Nazareth) était plus propre et développée que Nazareth. « Cela doit être une question de mentalité, me disais-je, les Juifs ont une mentalité occidentale alors que nous avons une mentalité orientale. »
Bien que la langue officielle d’Israël soit l’hébreu, j’ai principalement parlé arabe jusqu’à ce que je quitte à dix-huit ans Nazareth pour Jérusalem où j’ai poursuivi mes études à l’Université hébraïque. Auparavant, l’hébreu n’était à mes yeux qu’une langue étrangère que l’on étudie à l’école au même titre que l’anglais ou le français. (...) Cette langue ne nous était pas propre et nous ne l’utilisions que pour communiquer avec les Juifs. L’arabe était l’unique langue utilisée au sein de ma famille, à l’école et dans le voisinage. (...)

J’ai débuté mes études à l’Université hébraïque de Jérusalem en 1994, un an avant les accords d’Oslo. La vie que j’ai menée à Jérusalem m’a rapprochée des Palestiniens et m’a éloignée des Israéliens. L’atmosphère à l’époque était relativement calme à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ce qui m’a donné l’occasion de les visiter et permis de rencontrer les Palestiniens des Territoires. Ces rencontres et les liens que j’ai développés avec des habitants de Cisjordanie et de Gaza ont joué un rôle certain dans l’évolution de mon identité, et ce principalement de deux manières. L’interaction quotidienne avec plusieurs personnes a renforcé mon sentiment d’appartenir à leur groupe et d’en être un membre à part entière, par le biais de la culture et de la langue. Être assise dans un café, lire le menu en arabe et non en hébreu, parler arabe avec tous les gens et partager le même attachement à la tradition locale était, pour moi, quelque chose de vraiment dynamisant. Je me suis souvent trouvée dans des situations où il fallait que je m’explique sur mon statut de citoyenne d’Israël, particulièrement lorsque j’étais introduite auprès de gens qui nous appellent les « Arabes juifs » ou qui nous accusent de trahison du simple fait que nous possédons la citoyenneté israélienne.

La rencontre avec les « Palestiniens des Territoires » a directement et indirectement participé au processus constitutif de ma propre identité : face à l’injustice et aux humiliations quotidiennes qu’ils subissaient, j’ai ressenti le sentiment pressant qu’il fallait que je m’engage politiquement dans le mouvement des étudiants arabes et que je participe aux manifestations contre l’occupation, d’autant plus que l’échec de la mise en œuvre des accords d’Oslo était patent et que la situation ne cessait de se détériorer dans les Territoires palestiniens (ce qui allait conduire bientôt au déclenchement de la seconde Intifada). Enfin, mes relations avec les Juifs vivant à Jérusalem, et particulièrement avec ceux qui étudiaient avec moi, constituent un facteur supplémentaire de mon identification aux Palestiniens. J’étais perçue par les Juifs israéliens de manière négative pour le simple fait Que j’étais arabe. (...)

Le tournant du 28 septembre 2000

La présence d’Ariel Sharon sur l’esplanade d’Al-Aqsa le 28 septembre 2000 fut vécue comme une provocation par le peuple palestinien et le monde arabe en général, et cela en raison de son passé, de sa responsabilité dans les massacres de Sabra et Chatila, et des représentations qu’il suscite dans l’esprit des Palestiniens et des Arabes d’Israël. Ce fut le déclencheur de la seconde Intifada. Le fait que Sharon ait choisi cette place hautement symbolique, tant sur le plan religieux que sur le plan national, joua un grand rôle dans le déclenchement de la seconde Intifada, également appelée Intifada Al-Aqsa. Pour la première fois dans leur histoire, les Arabes d’Israël, qui ont ressenti l’acte de Sharon comme une offense envers l’islam mais plus généralement envers l’ensemble des Arabes, se sont révoltés et ont exprimé leur solidarité envers les Palestiniens. (...)

Les Arabes israéliens

Israël compte aujourd’hui près de 20% de citoyens arabes, soit 1.200.000 personnes descendant des Arabes restés dans les frontières d’Israël après 1948. Entre 1947 et 1949, la guerre qui oppose Juifs et Arabes pour le contrôle du territoire a quasiment vidé de sa population arabe le territoire de l’État israélien tel qu’il est proclamé le 14 mai 1948 : des 800.000 Arabes qui le peuplaient durant les dernières années du mandat britannique, seuls 20% demeurent en 1949, soit environ 160.000 personnes qui constituent 12% de la population arabe qui résidait en Palestine avant la guerre, c’est-à-dire environ 1.300.000 personnes selon le chiffre avancé par Benny Morris (1987). La majorité des Arabes israéliens sont en Galilée (60%). Dans cette région, où les Arabes sont encore majoritaires, on compte de nombreux Arabes chrétiens, descendant des propriétaires terriens des grands domaines qui s’étendaient sur les collines qui dominaient la plaine. Ils n’ont pas voulu abandonner leurs terres en 1948, à la fois par attachement et sans doute parce qu’ils pensaient que cette Occupation israélienne ne durerait pas grâce à l’aide que leur apporteraient les États arabes voisins. Environ 20% vivent dans le Triangle, région entre la ligne verte et la côte entre Haïfa et Tel-Aviv. (...) Nazareth est la ville d’Israël qui compte le plus d’Arabes (61.700 habitants dont 67% de musulmans et 33% de chrétiens), la deuxième est Um al-Fahem dans le district d’Haïfa (38.000, tous musulmans) et la troisième est Rahat dans le district sud (34.100 Bédouins arabes musulmans). Il faut rappeler que la majorité des Arabes qui habitent Jérusalem ne sont pas des citoyens israéliens. La citoyenneté leur a été proposée en 1967 lors de l’annexion de la partie est de la ville par Israël, mais ils l’ont refusée afin de marquer leur opposition à l’annexion.

Des citoyens de seconde zone.

Discrimination juridique

La politique israélienne à l’égard des Arabes israéliens a toujours été marquée par une « hésitation » entre méfiance et aspiration à une société véritablement démocratique. En théorie, l’État d’Israël considère les Arabes israéliens comme des citoyens « non juifs » égaux en droit. Une égalité devant la loi qui est ancrée dans la déclaration d’indépendance. Or, les Palestiniens d’Israël (ils ne se définissent plus comme Arabes israéliens) ont appris à leurs dépens, tout de suite après la création de l’État, ce que signifiaient ces déclarations d’intention puisqu’on les plaça sans ambages sous administration militaire pendant dix-huit ans (1948 - 1966), limitant leurs droits civiques, à part celui de voter, au minimum. Si les conditions de sécurité difficiles qu’a dû affronter l’État israélien ont influé sur le sort pour le moins inconfortable fait aux citoyens arabes d’Israël, elles ne sauraient toutefois le justifier. Une autre décision, prise en 1949 (et restée en vigueur jusqu’à récemment), l’illustre de manière significative.

Dans l’état civil israélien, les Juifs inscrivent la mention « juif » à la rubrique « communauté », tandis que les Arabes musulmans ou chrétiens y portent la mention « arabe », mais pas les druzes, qui portent la mention « druze ». Or, en Israël, l’« ennemi », c’est l’Arabe. Qu’il réside sur le territoire de l’État ou de l’autre côté de la frontière n’y change rien(...)On distinguera quatre catégories de discrimination par la loi à l’encontre des Arabes israéliens des lois en leur défaveur parce que servant directement les intérêts de la majorité juive : loi du retour ou droit à l’immigration, loi de la nationalité ou droit à la naturalisation, droit à l’implantation, loi sur l’expropriation des terres. (...) Des lois avantagent directement les organisations nationales et non gouvernementales juives puisqu’elles excluent Les Palestiniens, comme le Fonds national juif et l’Administration des terres d’Israël.
Il n’est pas rare qu’un village entier soit dépendant des bonnes grâces d’un seul et unique fonctionnaire. Et il n’est pas non plus rare que des groupes ou des localités fassent l’objet d’un chantage s’ils veulent ne serait-ce que bénéficier de leurs ressources.
Durant les premières décennies qui suivirent la fondation de l’État, la plupart des Palestiniens n’avaient pas une conscience claire de ces discriminations. Ils étaient faibles et isolés, encore sous le choc, et ne pouvaient percevoir rapidement les différences de statut à travers les méandres de la vie quotidienne. L’administration militaire, qui plus est, allait promouvoir un clientélisme reposant sur la collaboration et une activité réduite des partis d’opposition. Les élites palestiniennes ont encore aujourd’hui à combattre les séquelles de cette période de collaboration.
La prise de conscience vint par la suite et cela reste aujourd’hui encore une affaire de travail politique. Il y a maintenant une majorité des Arabes israéliens qui se revendiquent Palestiniens et qui réclament le statut de minorité nationale.

Désintégration économique : de la société agraire à la réserve de travailleurs Jusqu’en 1949, 85% des Palestiniens vivaient de la terre, une petite partie d’entre eux travaillant dans la construction, le commerce ou la pêche. Ils étaient jusque-là dépendants des rapports sociaux et de production villageois. Le réaménagement des structures de propriété entraîné par le processus d’implantation israélien fit s’écrouler le système économique et social des Palestiniens. La subordination de l’espace palestinien à l’autorité juive et sa transformation en territoire judéo-israélien constituaient pour la minorité arabe un point de départ défavorable. D’abord en raison de la concurrence des Juifs techniquement plus avancés, déjà, en agriculture et dans l’industrie ; ensuite à cause du manque de sol et de ressources, du fait de la politique d’expropriation, sous couvert de mesures d’urgence, par les Israéliens [Saker, 1981, p.207-208].
La minorité palestinienne a plus souffert que tous les autres groupes de la population du centralisme strict en vigueur dans le pays, en particulier du point de vue économique. Le gouvernement place presque tous les secteurs, y compris l’import-export, sous son contrôle immédiat. Une politique sur laquelle pesait largement des facteurs très imbriqués comme la sécurité, l’accueil des immigrants, les implantations et les prestations sociales. Le centralisme économique des Israéliens lia tous les groupes sociaux et tous les individus au pouvoir central et les rendit ainsi très dépendants de celui-ci. Le programme économique était élaboré en fonction d’une hiérarchie précise des couches de la population dont on influençait énormément, de la sorte, le niveau et le style de vie [Eisenstadt, 1985, p. 332-333]. Or, semblable influence continue de peser sur les Palestiniens, qui ne sont pas en mesure d’exercer des pressions d’ordre politique et économique. Le gouvernement répartit les ressources en fonction de l’influence de lobbies économiques ou politico-idéologiques. Les plus puissants d’entre ces lobbies ignorent les Palestiniens. On peut les citer : la Histadrut (confédération syndicale), les fédérations patronales, les associations commerciales, les organisations kibboutziques, celles des Moshav (collectifs d’« implantations » indépendantes), fédérations agricoles, partis politiques et organisations confessionnelles [Yashai, 1987].
En Israël, il faut faire partie des collectivités judéo-sionistes pour prendre part équitablement à l’utilisation des ressources. Or, les Palestiniens ne peuvent, indépendamment de leur loyauté envers l’État, faire partie de ces collectifs. Principaux aspects de la discrimination : expropriation de la terre et du patrimoine.

Les nouveaux immigrants devaient disposer de l’espace où s’implanter et édifier leur indépendance économique. Les autorités israéliennes se réclamèrent donc du code foncier ottoman de 1858 et exproprièrent la terre qui restait aux Palestiniens. Ce fut la confiscation d’environ 93% de tout l’espace [Granott, 1956, p. 110]. Après le Jour de la Terre de 1976, les autorités israéliennes changèrent de méthode et ne confisquèrent plus qu’indirectement la terre. On enleva la compétence sur la terre aux communes palestiniennes et on la transféra aux implantations juives voisines. C’était la « restructuration » des communes au profit des régions au début des années 1990. Ce transfert délibéré autorisa les nouvelles instances compétentes à confisquer jusqu’à 40% de la terre pour des projets public et à refuser d’accorder aux municipalités des budgets suffisants en matière d’infrastructures. Les « régions de développement » laissent de côté presque tout le secteur palestinien. (...) Selon les chiffres officiels, les petites entreprises auraient reçu de 1990 à 1994 environ 600 millions de shekels (1shekel =0,18 €) ; celles qui sont palestiniennes, 2,5% de ce montant ( Israel Statistical Yearbook 1994, tableau n°2014(...) Les ministères de l’Éducation et du Travail n’ont pas attaché le moindre intérêt à la formation dans le secteur arabe [Services d’inspection de l’État, 1993]. Celle-ci est demeurée pour l’essentiel théorique et académique. La plupart des diplômés ne peuvent en rien contribuer au développement économique, en particulier dans l’industrie.
Les rares Palestiniens qui ont fait des études scientifiques sont le plus souvent employés dans l’enseignement, ce qui correspond à un gaspillage des compétences et relève d’une mesure délibérée afin de maintenir l’économie arabe en l’état [ 3] ; la destruction de leur agriculture et une industrie primitive ont contribué à ce que les travailleurs palestiniens soient forcés d’aller se faire employer comme journaliers dans des localités juives éloignées. En 1961 déjà, quelque 54% des employés palestiniens devaient se déplacer quotidiennement sur de longues distances [Ben-Porat, 1996], environ 82% en 1986 [Statistical Abstract of Israel, 1987]. Nombre de secteurs leur restent fermés pour raisons de sécurité, un prétexte communément avancé. En somme, le régime ne souhaite pas l’intégration ou l’absorption de la population arabe dans la communauté juive et n’a pas fait d’efforts en ce sens.

Israël, l’État des Juifs ?

L'impossible nettoyage ethnique

Tandis que certains soulignent que la seule solution à long terme consisterait à mieux intégrer les citoyens arabes en mettant fin aux « discriminations dont ils souffrent », le terme « nettoyage ethnique », utilisé par certains Juifs, permettant de transférer tout ou partie de cette population hors des frontières d’Israël, fait aussi rapidement son chemin. Selon un sondage réalisé par l’institut Jaffee pour les études stratégiques, publié dans le quotidien Haaretz du 12 mars 2002, 31% des Juifs israéliens se déclaraient favorables à un transfert autoritaire des citoyens arabes, tandis que 60% approuvaient un transfert moins explicite, sous la forme de mesures d’encouragement à quitter le pays. Les autorités, quant à elles, réfléchissent activement aux moyens de réduire le nombre des citoyens arabes sans provoquer une nouvelle Nakba, une « catastrophe » semblable à celle qui a touché le peuple palestinien en 1948. (...)
Dans un sondage mené quelques jours après les émeutes du 8 octobre 2000, 60% des Juifs interrogés ont déclaré vouloir que les Arabes israéliens soient « transférés » à l’extérieur des frontières israéliennes et près de 78% ont approuvé les interventions musclées de la police israélienne à l’égard des Arabes israéliens lors des troubles [Sultany, 2003 ; Zureik, 2001]. Concrètement, cela est révélateur des profonds conflits identitaires en Israël. La majorité juive n’entend pas vivre avec la minorité arabe, sentiment qui se renforce à mesure que la situation géopolitique se détériore. Cela pose le difficile problème de la coexistence entre les groupes socio-religieux en Israël (...)

Un sondage de 2005 mené pour le compte du Centre de combat contre le racisme en Israël a démontré que 68% des Juifs israéliens n’accepteraient pas de vivre dans un immeuble avec des Arabes(...) Cette radicalisation parmi les deux communautés (les Arabes se définissent de plus en plus comme des Palestiniens et les Juifs refusent l’existence des Arabes dans les frontières d’Israël) exprime les difficultés à trouver des solutions, non seulement à l’échelle du conflit israélo-arabe mais aussi au niveau interne, entre les Arabes et les Juifs d’Israël.

Dès lors, pour les Israéliens, c’est bien la question du caractère juif de l’État qui est en question. Comment Israël peut-il demeurer l’État des Juifs si 20% de sa population est arabe ? La question se pose avec une acuité sans précédent depuis que les citoyens arabes ont acquis un poids politique inédit. Le gouvernement d’Itzhak Rabin, qui venait de signer les accords d’Oslo en 1993, ne s’est maintenu au pouvoir que grâce à l’appui des députés arabes.
Or, les partis auxquels ils appartenaient, proclamaient l’appartenance consciente et active des citoyens arabes d’Israël au peuple palestinien jusque dans l’enceinte du Parlement, la Knesset. Ceci avait pour effet de susciter chez des Israéliens juifs une grande inquiétude. La question pour ces Israéliens se posait alors ainsi : le sort d’Israël doit-il dépendre d’« extrémistes » arabes qui ne participent aux institutions démocratiques de l’État juif que pour mieux en saper les fondements ? Un temps l’apanage de la droite israélienne, ce soupçon transcende aujourd’hui les appartenances partisanes pour toucher une très large partie de la population juive. Une chose est sûre : Israël se trouve là confronté à l’un des défis majeurs des années à venir. Car les Arabes d’Israël continueront de peupler son territoire, quand bien même une solution au conflit israélo-palestinien serait trouvée. Leur avenir, en effet, n’a jamais été inclus dans les négociations, et l’Autorité palestinienne ne revendique sur eux aucune souveraineté.

Bibliographie
• AWAWDI B. et HAYDAR Ala’ (dir.), Racisme contre les Arabes palestiniens citoyens d’Israël, Centre de combat contre le racisme en Israël, 2005.
• BEN-PORAT Y.,Arab Labour Force in Israel, Jérusalem, 1996.
• EISENSTADT S. N., The Transformation of Israeli Society. An Essay in Interpretation, Boulder, Westview Press, Colorado, 1985.
• EL-ASMAR F., To Be An Arab in Israel, The Institute for Palestine Studies, Beyrouth, 1978.
• GRANOTT A., Agrarian Reform and the Record of Israel, Londres, 1956. -, Israel Statistical Yearbook , 1994.
• HAIDAR A., Les Obstacles au développement dans le secteur arabe (hébreu), Institut pour le développement économique, Tel-Aviv, 1993.
• MORRIS B., The Birth of the Palestinian Refugee Problem , 1947-1949, Cambridge University Press, Cambridge, 1987.
• SAKER A., Le Mouvement ouvrier en Palestine. Du mandat britannique à 1980, Damas, 1981.
Services d’inspection de l’État, Rapport pour l’année 1992, n° 42, Jérusalem, 1993 (hébreu).
• SULTANY N., Citizens without Citizenship : Mada’s First Annual Political Monitoring Report : Israel and the Palestinian Minority 2000-2002 , Mada-Arab Center for Applied Social Research, Haifa, 2003.
• YASHAI Y., Les Lobbyistes d’Israël (hébreu), Tel-Aviv, 1987.
• ZUREIK E. T. « Review essay : being Palestinian in Israel », Journal of Palestine Studies, 30 (3), 2001, p.88-96.

SUHA SIBANY

[1] Bureau central des statistiques : http://www.cbs.gov.il
[2] Association of Forty, disponible sur http://www.assoc40.org
[3] Cf.° N. LEWIN-EPSTEIN, The Arab Economy in Israel : Growing Population-Jobs, Mismatch, Pinas Sapir Center for Development, Tel-Aviv, 1990. De même J. HOFMAN, « L’identité ethnique des Arabes en Israël et en Cisjordanie » (hébreu), Megamot, n°20, 1974, p. 319-320 et Aziz HAIDAR, « Les Arabes en Israël et leur formation universitaire » (arabe), Journal of Palestinian Studies,n°15, été 1993, p.38-58.
[4] Halaby MOE’EN, « Mua’da al Bahth : al-Mujtama’ al-Yehudi al-Israeli Yadrug al-Wada’ al-Dimuqrati ka-’Amil Thanawi fi Hayatihi » (Recherche qui dit que la société juive israélienne considère la démocratie comme un facteur secondaire dans sa vie) (en arabe), Kul al-Arab, 6 avril 2001, p.10. Hérodote, Revue de géographie et de géopolitique n°124 - Proche-Orient, géopolitique de la crise (1er trimestre 2007)

Voir l'article original, publié sur le site de la revue Hérodote : http://www.herodote.org/article.php3?id_article=267 par SUHA SIBANY,
et sur le site d'Info Palestine : http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=1804

15 juin 2007

Communiqué de presse de Véronique De Keyser

L'Union européenne a une très lourde responsabilité dans la détérioration dramatique de la situation à Gaza

déclare l'eurodéputée Véronique De Keyser (PS)


Bruxelles, le 14 juin 2007

"Il y a des mois qu'à chaque séance plénière les députés européens interpellent Xavier Solana et Benita Ferrero Waldner pour leur demander de reprendre l'aide directe à la Palestine, de reconnaître enfin le gouvernement d'unité nationale, de ne pas exclure du jeu le Hamas et de cesser jouer un ministre contre un autre, en vain! Nous les avons pressés, d'agir, car nous savions que le temps était compté, qu'avec ce gouvernement, Mahmoud Abbas jouait sa dernière carte, qu'il fallait faire vite. Il fallait dialoguer avec les modérés, sous peine de n'avoir plus en face de nous que des extrémistes", déclare l'eurodéputée Véronique De Keyser, qui fut chef de la mission électorale de l'U.E en Palestine en 2OO6, et est l'une des signataires de l'appel des "quarante cinq" au Parlement européen. Cet appel, qui demandait il y a quelques semaines, la reprise de l'aide directe à la Palestine et la reconnaissance du gouvernement d'unité nationale, amenait également quarante cinq eurodéputés signataires à parrainer les quarante cinq parlementaires du Conseil législatif palestinien emprisonnés par Israël. Des eurodéputés n'avaient d'ailleurs pas hésité à rencontrer de Ismaïl Haniyeh.
Mais les appels du Parlement européen n'ont jamais été entendus. Pas plus que le réquisitoire accablant de la Banque mondiale ou le rapport de Soto, Représentant spécial des Nations Unies, qui vient d'être rendu public. En ne s'écartant jamais du carcan du Quartet, dominé par les Etats-Unis, l'Union européenne rendait inéluctable la faillite du gouvernement d'unité nationale. Ce gouvernement répondait aux exigences du Quartet, mais il ne pouvait se passer ni de l'aide ni de la légitimité internationales. Aux Etats-Unis, comme en Israël, comme dans les bancs des extrémistes en Palestine, on guettait sa chute et nous le savions parfaitement. Mais nous avons fait le jeu des extrémistes et précipité la guerre civile. déclare encore la députée qui a appris avec consternation l'annonce du Président Abbas d'une dissolution du gouvernement.

"Si l'avenir de la Palestine est sombre, la crédibilité de l'Europe dans la région l'est encore davantage. Comment pourrons-nous nous placer encore comme les chantres de la démocratie, si nous n'avons respecté ni les résultats sortis des urnes en 2OO6, ni l'autorité d'un gouvernement d'unité nationale qui représentait 98% de l'opinion publique palestinienne et dont nous avons étroitement parrainé la composition? Louis Michel a décidé de suspendre l'aide humanitaire à Gaza. C'est tout aussi dramatique qu'inacceptable. Je réclame le déploiement immédiat d'une force d'interposition internationale." a conclu Véronique de Keyser.

Véronique de Keyser
Députée européenne (PS)
Coordinatrice PSE aux Affaires étrangères
tel: 0475.690.461

veronique.dekeyser@europarl.europa.eu

06 juin 2007

SIX JOURS SANS FIN...

40 ans !

Juin 1967. J’étais en Algérie. Il y a 40 ans, basculement pour moi, comme pour Bichara Kader, comme pour Israël, comme pour tous les Palestiniens...

Bichara Kader rappelle ce qui s’est passé pour lui il y a tout juste 40 ans :
"Avant 1967, j’étais un jeune Palestinien, c’est tout. Je n’avais pas à le prouver : la première fois que le soleil a brillé sur mon enfance c’était en Palestine. Après 1967, la Palestine n’est plus seulement le berceau de mon enfance, elle devient la cause de ma jeunesse, une idée, un symbole, une obsession qui va me coller à la peau toute ma vie. Elle ne me quitte plus tant elle hante mes jours et mes nuits. Je deviens naturellement, comme beaucoup d’étudiants palestiniens et arabes, un militant de cette cause." (Lire tout le texte, La libre, 5 juin 2007)

Basculement pour Israël, basculement pour les Palestiniens.
"Ce fut un véritable moment national : rien ne caractérise davantage les Israéliens que ces passages soudains de la déprime paralysante au bonheur enivrant, des abîmes de détresse aux réjouissances de délivrance. Telle est l’histoire de 1967" écrit Tom Segev, "nouvel historien" israélien, dans "1967". Mais si victoire il y eut, à la clé la gestion de l’après-guerre fut un désastre. "Les débats d’aujourd’hui [...] sont la reproduction exacte, au mot près, de ceux de 1967. [...] Comme si, quarante ans plus tard, nous restions figés dans les choix et les erreurs de l’époque, qui conditionnent toujours nos rapports avec les Palestiniens".

(Voir l’article complet, La Libre, 6 juin 2007)

(voir aussi l’article de Tom Segev, Les cicatrices de la guerre de Six Jours, Le Monde, lundi 4 juin 2007) Extraits [1]

Il y a 40 ans, basculement pour moi aussi !

J’étais en Algérie. Juin 1967 : le président Boumedienne venait de reprendre à son compte la sollicitude de Ben Bella pour les enfants des rues, les "petits cireurs" d’Alger, dont je m’occupais depuis 1964 au "Secours National Algérien" avec Abderahmane Kherbouche et quelques éducateurs dans le "village d’enfants" de Téféschoun. Je m’en souviens comme hier : l’annonce de l’attaque israélienne sur les avions égyptiens au sol a été profondément ressentie autour de moi comme une attaque contre tous les arabes indistinctement. Devant la toute puissance israélienne, les algériens de la rue avaient peur d’une attaque de l’aviation sur l’Algérie, socialiste et amie de Nasser. Bref un vrai traumatisme, dont j’ai ressenti les prolongements personnellement. En effet, jusque là, pour moi comme pour la plupart des occidentaux, Israël était un petit pays fragile, à soutenir face aux pays arabes menaçants. Les Kibboutz avaient nourris nos rêves et nos solidarités. Il n’était pas contradictoire de se sentir solidaire d’Israël et dans le même temps d’avoir choisi de consacrer trois ans de sa vie à aider l’Algérie socialiste tout juste indépendante à se reconstruire. Et voilà qu’en quelques jours, de petit David ayant terrassé Goliath, Israël passait tout d’un coup dans la peau de l’agresseur. Et n’a plus cessé depuis lors de jouer ce rôle vis-à-vis du peuple palestinien, en contradiction avec toutes les règles internationales, et en totale impunité. On peut comprendre la peur viscérale du peuple juif de disparaître à nouveau, mais cela ne justifie en rien ce qui se passe pour les Palestiniens. Aujourd’hui, plus que jamais, on parle, non de génocide, mais d’ethnocide, la volonté d’éradiquer une culture, d’étouffer un peuple et sa culture. Certains ne s’en cachent pas : "Rendez-leur (aux Palestiniens) la vie tellement impossible qu’ils partiront d’eux-mêmes." (Benny Alon, ministre du tourisme dans le gouvernement Sharon). Comment résumer mieux ce qui se passe actuellement en Palestine ?

Alors 40 ans, ça suffit ! clame-t-on aujourd’hui,
tant en Israël d’ailleurs,
que chez nous.

Et dans les territoires occupés ?

Dans les Territoires, plusieurs manifestations seront également organisées pour commémorer l’exil de 200.000 Palestiniens qui ont, entre les 8 et 10 juin 1967, fui l’avance militaire israélienne en Cisjordanie. Mais ces évènements se dérouleront sur un mode mineur. "Nous n’avons pas la tête à commémorer quoi que ce soit", affirme l’intellectuel palestinien Ala Hahloul qui participait vendredi à un colloque sur les conséquences de la guerre des Six-Jours organisé à Tel-Aviv. "Cet anniversaire ne signifie pas grand-chose pour moi qui suis né bien après la conclusion du cessez-le-feu (le 10 juin 1967, ndlr). Il me rappelle simplement que je n’ai jamais eu la chance de voir un paysage de Cisjordanie sans jeeps militaires israéliennes en patrouilles et sans barrages sur les routes." (un article de Serge Dumont - Le Temps, lundi 4 juin 2007 : "La guerre a provoqué une déchirure qui ne s’est jamais refermée.")

Alors voici un petit tour des réactions internes à Israël [2] , ce sont celles-là qui me paraissent les plus utiles, car c’est surtout de l’intérieur de la société israélienne que proviendront les forces qui à terme, parviendront un jour, je pense, à rendre leur dignité aux Palestiniens. Ce n’est pas l’énorme force d’immobilisme nord-américaine ni l’effarante impuissance de l’Europe qui parviendront à changer quoi que ce soit à la situation, ni les Palestiniens eux-mêmes, actuellement trop écrasés pour avoir les moyens de réagir. Un jour, (dans 5 ans, 50 ans ou 500 ans... ?), la population israélienne aura choisi elle-même de reprendre en main son destin et ses valeurs. C’est ma conviction.

"Peu connu en Europe mais jouissant d’une grande aura au Proche-Orient, l’écrivant israélien d’origine irakienne Samy Michaël estime, lui, qu’Israël "a perdu son âme en poursuivant l’occupation". "Au fil du temps, le message de tolérance délivré par le judaïsme s’est transformé en une sorte de nationalisme cocardier et agressif avec lequel des gens de plume comme moi ont du mal à s’identifier", affirme-t-il. Et d’ajouter : "Avant 1967, la société israélienne était plus solidaire, son tissu social était plus solide. Mais depuis la victoire de juin 1967, notre esprit collectif s’est transformé. Je devrais plutôt dire qu’il s’est détérioré, car le fait de devoir servir en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza a poussé beaucoup de nos jeunes soldats à adopter des comportements négatifs qu’ils n’auraient sans doute jamais eus autrement. Tout cela a fini par rejaillir sur la société civile israélienne, qui est elle aussi devenue plus individualiste et plus brutale."

Ma conviction et que cette évolution n’est pas irréversible. La population palestinienne peut contribuer à ce "retour", en développant une force de résistance tranquille et pacifique... et les femmes palestiniennes, en particuliers, sont aux premières loges. (Voir à ce propos "Gaza City : libérez les femmes")

Michel Simonis, 7 juin 07

Post scriptum
• Je vous invite à visiter mon site de L’arc-en-ciel ,
• et aussi, directement à la source, l’excellent site Info-Palestine.net.
• Et peut-être d’aller rouler quelques heures de vélo dans le Brabant Wallon, ce samedi 9 juin. Une bonne manière de se mettre en forme pour les élections...

Voir aussi
Quarante ans d’ambiguïté, Akiva Eldar - Ha’aretz - samedi 2 juin 2007.
Après la guerre de 1967, certains Israéliens affirmaient que les Territoires étaient “libérés”. D’autres, qu’ils étaient occupés...


[1] Extraits :
Cinq mois après la guerre, les frontières de 1967 sont abolies des cartes officielles et la colonisation des territoires conquis commence. Vous montrez que le gouvernement, dès le départ, masque cette politique. Quelle est votre explication ?
- Tom Segev : La clé, c’est l’euphorie. Souvenez-vous de la blague qu’on racontait alors en Israël. Deux généraux discutent. "On n’a rien à faire." "Faisons la guerre", dit l’autre. "Et que fera-t-on l’après-midi ?" Juin 1967 a généré l’idée que l’on peut "faire l’histoire" sans que personne ne puisse nous en empêcher. De plus, le fait que les Palestiniens ne se révoltent pas génère alors un sentiment d’impunité. Dayan conçoit l’"occupation éclairée". Enfin, la paix n’est plus une urgence. Israël entre dans une ère d’arrogance qui s’écroulera avec la guerre d’octobre 1973.

Pourtant, le 5 juin, Moshe Dayan déclare : "Ce n’est pas une guerre de conquête." A ce moment-là, il ment ?
- Tom Segev : Non, le 5 au matin, aucune décision de garder les territoires occupés n’est prise. L’appétit est venu dans l’euphorie d’une conquête si facile. Depuis, Israël n’a plus jamais voulu la paix sans chercher à préserver une partie des territoires.

Vous écrivez en conclusion que cette guerre est apparue au fil du temps comme "un irréparable désastre" pour Israël. En quoi fut-elle un désastre ?
- Tom Segev : Quarante ans après, Israël se retrouve dans un piège effroyable : il ne peut plus se retirer de Cisjordanie, et chaque jour rend plus difficile sa possibilité d’en partir. Ariel Sharon, qui croyait comme ses prédécesseurs qu’Israël peut toujours imposer les solutions qui lui conviennent, a cru pouvoir évacuer Gaza "unilatéralement". Mais faire comme si l’adversaire ne comptait pas, ça ne marche pas. On le sait depuis le premier jour. En 1967, dès sa victoire, Israël a détruit à Jérusalem-Est le quartier des Maghrébins et plusieurs villages, déplaçant les populations. L’écrivain Amos Kenan a immédiatement écrit que nous venions de poser les fondations du futur terrorisme. Depuis ce jour, Israël est allé d’erreur en erreur, s’enfonçant dans l’impasse.

[2] • Organisés par des associations pacifistes israéliennes, deux rassemblements doivent avoir lieu simultanément mardi après-midi, le premier à Tel-Aviv et le second dans le quartier palestinien d’Anata à Jérusalem-est. A Tel-Aviv, des manifestants doivent mettre en scène un barrage militaire israélien pour sensibiliser le public israélien aux restrictions souvent humiliantes subies par les Palestiniens aux plus de 500 points de contrôle établis par l’armée israélienne en Cisjordanie.
• Le groupe israélien anti-colonisation la Paix Maintenant a pour sa part choisi de manifester dans la ville palestinienne de Hébron, au coeur de laquelle sont installés quelque 600 colons juifs des plus extrémistes.
• Le principal rassemblement contre l’occupation côté israélien doit avoir lieu samedi à Tel-Aviv, coïncidant avec une série de manifestations prévues dans des dizaine de villes dans le monde, le 9 juin ayant été proclamée "Journée internationale de protestation contre l’occupation israélienne".
(D’après AFP - le 5-6-07)

30 mai 2007

Un grand mouvement de mobilisation se prépare ces jours-ci à l'occasion des 40 ans de l'occupation de la Palestine.
Et à propos du mur... cliquez sur cette image, qui deviendra lisible.




Les enfants brûlés de Gaza

Par Sylvain George Cinéaste  jeudi 10 juillet 2025 AOC International  Anéantir non seulement les corps des enfants, des femmes, des hommes,...