16 octobre 2025

3 podcasts pour comprendre l'origine du conflit israélo-palestinien et de la guerre à Gaza

RTBF -  La Première

11 oct. 2025 à 09:00

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Deux ans après l’attaque du 7 octobre 2023, et au moment ou un plan de paix se profile entre les deux camps, le podcast "Les Clés" a réalisé une série en trois épisodes qui retrace l’histoire du conflit israélo-palestinien, avec Vincent Lemire, historien, enseignant-chercheur et maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Gustave-Eiffel. Un rappel historique qui permet aussi d’analyser les enjeux actuels de la situation à Gaza.

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Par Sarah Poucet

En trois épisodes, Vincent Lemire repart aux origines de cet affrontement, à la fin du 19e siècle pour arriver jusqu’à la situation du 7 octobre 2023. Un rappel historique nécessaire pour bien saisir les enjeux de ce qu’il se passe à Gaza. En passant en revue cette longue histoire, on peut retenir trois dates clés qui ont servi de terreau à ce conflit ancestral et à la catastrophe géopolitique qui courre depuis deux ans de guerre dans l'enclave palestinienne.

1917, la déclaration de Lord Balfour : la promesse d'une terre pour deux peuples
Pendant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman s’allie avec l’Allemagne. La province de la Palestine, qui comprend les actuels territoires israéliens et palestiniens, fait partie de cet empire. Après la défaite allemande et le démantèlement de l’Empire ottoman, ce sont les alliés qui prennent en charge les populations de cet empire déchu et qui supervisent leur prise d’indépendance.
Les Britanniques se voient ainsi confier un mandat de la part de la Société des Nations qui comprend notamment la province de Palestine. Et avant même ce mandat, dès 1917, le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, fait une déclaration historique pour la région : il annonce en effet, dans une lettre, le soutien britannique à la création d’un foyer national juif tout en assurant que rien ne sera fait pour porter atteinte aux collectivités non juives existant en Palestine.
Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays.
À ce moment, Lord Balfour promet donc un même territoire à deux peuples différents, avec des conséquences dramatiques.
Cette déclaration, le 2 novembre 1917, est hautement stratégique dans le contexte de la Première Guerre mondiale. Lord Balfour a en effet un double objectif. D’abord, faire entrer les États-Unis dans la guerre aux côtés des Alliés, et ce grâce au soutien des communautés juives américaines. Ensuite, encourager les tribus arabes à se soulever contre l’Empire ottoman et se battre ainsi aux côtés des Britanniques. Ces deux objectifs seront donc atteints à court terme. Mais à long terme, c’est une catastrophe souligne Vincent Lemire : "Deux promesses contradictoires à deux peuples sur un même territoire ne peuvent donner qu’une catastrophe géopolitique dont on paye encore le prix aujourd’hui".
 

► Pour en savoir plus, écoutez l’entièreté du premier épisode de cette série spéciale des Clés ci-dessus ou sur Auvio.


Les Clés
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1947 : le plan de partage de la Palestine
En 1947, l’Assemblée des Nations-Unies discute d’un plan de partage du territoire palestinien entre Israéliens et Palestiniens. Des négociations qui suivent la décision britannique de quitter la région en mai 1948, après l’échec d’un apaisement entre les communautés.
Il est intéressant de se pencher sur la situation démographique de l’époque. En 1947, les Palestiniens représentent 70% de la population et détiennent 85% des terres. Or, le plan de partage proposé par l’ONU octroie 55% du territoire à un État juif. La communauté palestinienne refuse donc en bloc cette idée et pratique la politique de la chaise vide à l’ONU. À l’inverse, la communauté juive a beaucoup à gagner dans ce plan de partition et promet de l’appliquer.
Le plan de partage est finalement voté à l’ONU mais n’est pas reconnu par la communauté arabe. Ce plan leur fait perdre trop de territoires et demande de grands déplacements de population. L'insurrection arabe débute donc dès le lendemain de ce vote et se poursuit en guerre civile puis en guerre interétatique.
Au fil des combats et des années, Israël va conquérir de plus en plus de surface de sorte qu’aujourd’hui, le territoire que réclament les Palestiniens, ne représente plus que 22% de l’ensemble de la Palestine. Il est aussi très morcelé alors que la carte de 1947 prévoyait trois grandes zones palestiniennes reliées entre elles.

► Pour en savoir plus, écoutez l’entièreté du dernier épisode de cette série spéciale des Clés ci-dessus ou sur Auvio.

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2006 : l’élection du Hamas
Après l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995 et la mort de Yasser Arafat, ce sont les artisans de la guerre qui vont progressivement prendre le pouvoir, autant en Israël qu’en Palestine. Plus personne ne souhaite continuer le processus de paix lié aux accords d’Oslo.
En Israël, Benyamin Netanyahou devient Premier ministre en 1996. Fils d’un historien révisionniste, il a un rêve : une grande Israël qui s’étendrait de la Mer Méditerranée au Jourdain, voire même jusqu’en Égypte. Et pour y arriver, la seule solution est la force brutale. C’est ce qu’on appelle l’idéologie sioniste révisionniste.
En Palestine, le Hamas est créé au milieu des années 80. Il prend du temps à trouver ses adeptes, mais il profite d’un vide laissé par l’OLP. Lorsque Yasser Arafat s’engage sur la voie de la paix et accepte de limiter le territoire palestinien à 22% de la province initiale, l’OLP se détache de toute une frange de la population nationaliste qui refuse ce compromis et rêve d’une Palestine sur l’entièreté du territoire, sans Israël. La popularité du Hamas augmente au début des années 2000, au point que l’organisation remporte les élections législatives de 2006. Ismaël Haniyeh est nommé Premier ministre par Mahmoud Abbas et chargé de former un gouvernement. Sauf que ce succès électoral ne plaît pas au Fatah de Mahmoud Abbas, ni à la communauté internationale. Et c’est là qu’une erreur stratégique est commise selon Vincent Lemire : "Ismaël Haniyeh c’est la branche politique du Hamas, c’était plutôt quelqu’un de modéré. Le Hamas aurait pu à ce moment-là adhérer à l’OLP. […] Ça n’a pas été le choix qui a été fait. On a accepté les demandes de Mahmoud Abbas, d’étouffer le nouveau gouvernement palestinien. Et s’en est suivie une guerre civile très rapide mais très violente à Gaza en 2007. Et c’est le moment où le Hamas prend le pouvoir dans la bande de Gaza, ce qui nous amène directement à 2023".

► Pour en savoir plus, écoutez l’entièreté du dernier épisode de cette série spéciale des Clés ci-dessus ou sur Auvio.

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05 octobre 2025

GAZA: Transferts, Nakba et Riviera

DOSSIER : «Transferts»: de la Nakba à la Riviera 

GAZA: Transferts, Nakba et Riviera 

«Je pense que l'expulsion organisée d'un peuple tout entier est une forme de nazisme, en soi d'abord, mais aussi parce que cela se termine nécessairement par une extermination. Les organisateurs du "transfert" sont par conséquent bien pires que les exécutants du massacre et méritent pleinement le nom de "nazis juifs"».  

Israël Shahak, président de la Ligue israélienne des droits de l'Homme, Revue d'études palestiniennes, 1988/4 N° 29, p.111. 

par Marianne Blume 

Souvent, celui qui écrit sur la Palestine éprouve le sentiment dérangeant de se répéter, tant il est vrai que les événements d'aujourd'hui sont des répétitions, des approfondissements, des aboutissements d'une politique sioniste qui remonte à avant 1948. 

LE TRANSFERT : IDÉE VIEILLE COMME LE SIONISME Depuis la création de l'État d'Israël, la bande de Gaza a constitué un point noir pour les gouvernements successifs, que l'on rêve qu'elle disparaisse dans la mer comme Yitzhak Rabin ou que l'on veuille réduire drastiquement sa population ou la transférer comme Ben Gourion1• Néanmoins, en ces temps-là, si les scrupules n'étouffaient pas les dirigeants, pour autant ils étaient encore préoccupés par l'image d'Israël et pensaient que le nettoyage ethnique pur et simple ne serait pas permis par la communauté internationale. Depuis 

le 7 octobre 2023, tous les masques sont tombés et le transfert de plus de deux millions de Gazaouis fait partie du discours officiel. Et les Israéliens le trouvent légitime. Un sondage de mai 2025 montre en effet que 82 % des Israéliens juifs soutiennent le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza2• Soit 8 israéliens sur 1 O ! De quoi démystifier le narratif qui fait de Netanyahou le seul coupable. 

C'EST UN JOLI NOM, TRANSFERT 

Depuis Théodore Hertzl et la fondation du sionisme, les colons juifs, puis les Israéliens utilisent le terme de transfert quand il s'agit de chasser la population autochtone de sa terre. En effet, depuis le début, les sionistes ont pour politique «un maximum de terres avec un minimum d'Arabes ». Ainsi, en juin 1938, Ben-Gourion a déclaré lors d'une réunion de l'Agence juive: «Je soutiens le transfert obligatoire. Je n'y vois rien d’immoral.

”ON A PEU DIT COMBIEN LA VISION DE TRUMP POUR GAZA COÏNCIDAIT AVEC CELLE DE L'ESTABLISHMENT ISRAÉLIEN: PLUS QU'UNE VISION D'HOMME D'AFFAIRES, C'EST UNE VISION COLONIALE.”

Transfert sonne mieux qu'expulsion, bien sûr. Expulsion demande un agent. Transfert se suffit à lui-même. Allant plus loin dans la dissimulation destinée à garder Israël propre, certains tenants du transfert ont émis le souhait qu'il soit «volontaire» ou, du moins, qu'il apparaisse comme tel. C'est plus vendable sur le marché international. Aujourd'hui, en dépit des déclarations ouvertement génocidaires de nombre de responsables politiques, militaires ou même religieux, le discours sur l'expulsion de la population de Gaza conserve les termes de « départ volontaire ». Que l'on masque par des arguments humanitaires: dans une bande de Gaza complètement détruite, ne serait-ce pas mieux pour la population de s'en aller et de s'établir ailleurs? La fable d'un exil volontaire est matérialisée, en 2025, par le ministre de la Défense, Israel Katz, qui crée une nouvelle administration au sein de son ministère, pour faciliter «l'émigration volontaire» des Palestiniens de la bande de Gaza. 

Ce discours va de pair avec un discours beaucoup plus agressif qui avait déjà été utilisé lors des précédentes attaques contre Gaza: la menace d'une nouvelle nakba. En effet, la droite israélienne" est passée ces dernières années du déni de la Nakba à son utilisation comme une menace réelle contre les Gazaouis. En novembre 2023, Avi Dichter, membre du cabinet de Sécurité israélien et ministre de !'Agriculture, déclarait: « Nous sommes en train de déployer la nakba de Gaza.» Nakba dit bien expulsion, départ forcé de la population sans espoir de retour. La Nakba est devenue un plan d'action. 

 La boucle est bouclée: transfert et nakba signent l'annihilation de la population palestinienne de Gaza. Transfert? Non, nettoyage ethnique. 

UNE LONGUE HISTOIRE DE DÉPORTATION DES GAZAOUIS 

 Dès le 13 octobre 2023, un document fuite4: les 2,3 millions d'habitants de Gaza devraient être transférés dans la péninsule égyptienne du Sinaï afin de répondre à leurs besoins humanitaires. Le document suggère que les habitants y vivent dans des tentes avant d'y être installés de manière permanente et d'être empêchés de retourner dans la bande de Gaza. Comble d'arrogance, les pays européens sont appelés à « faire preuve de compassion, à aider les habitants de Gaza à s'orienter vers un avenir plus prospère » et, dans cet ordre d'idées, il ne s'agit pas de transfert car « Qui sommes-nous pour décider qu'ils n'ont pas le droit d'émiçrer?», précise un ancien responsable du Mossad5• 

En réalité, ce plan n'est pas nouveau6• Déjà en 1953, puis en 1967 et encore en 1971, il avait été question de transférer la population de Gaza en tout ou en partie en Égypte ou ailleurs7• 

 Dernièrement, le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a proposé un plan pour établir sur les ruines de la ville de Rafah un camp -qualifié de « ville humanitaire »-, où devrait se concentrer à terme toute la population de Gaza, soit plus de 2 millions d'âmes. Il ne serait pas administré directement par l'armée israélienne mais par des organismes internationaux non identifiés. Le but ultime étant l'émigration. «Volontaire», bien sûr

ET TRUMP VIENT COURONNER LE TOUT 

 Déclarant que la bande de Gaza est un chantier de démolition, il décide qu'il faut la nettoyer et « construire des logements à un autre endroit où ils (les Palestiniens) pourraient peut-être vivre en paix pour une fois» (sic). Les médias ont insisté sur sa vision de promoteur immobilier, on a mis l'accent sur sa mégalomanie puisqu'il déclare prendre le contrôle de la bande de Gaza. Mais on a peu dit combien sa vision coïncidait avec celle de l'establishment israélien: plus qu'une vision d'homme d'affaires, c'est une vision coloniale. On dispose de l'indigène jugé gênant et son territoire considéré comme un vacuum est modelé par le dominant. La première vidéo de ce que serait la riviera de Gaza parle d'elle-même: des dollars qui volent, des bars, un casino, la plage, des gratte-ciel, Elon Musk, Trump, mais pas de Palestiniens, à part deux enfants échappés des ruines. 

 Le dernier plan en date, baptisé Gaza Reconstitution, Economie Acceleration and Transformation Trust (GREAT Trust), une élaboration chiffrée de la riviera de Trump, a été concocté par certains des mêmes Israéliens qui ont créé et mis en place la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël, outil du transfert de la population vers le sud. Le prospectus de 38 pages8 intitulé «D'un proxy iranien détruit à un allié abrahamique prospère », envisage une relocalisation dite temporaire de l'ensemble des plus de 2 millions d'habitants de Gaza, soit par ce qu'il appelle des départs «volontaires» vers un autre pays, soit dans des zones restreintes et sécurisées à l'intérieur de l'enclave pendant la reconstruction. Les Palestiniens n'y sont que des sujets et les seules images d'Arabes sont celles de gens du Golfe ou d'enfants à l'appartenance indéfinissable. Cette élimination des Gazaouis est orchestrée dans le détail sous la forme d'une bonne affaire pour les investisseurs. 

PENDANT CE TEMPS-LÀ, SUR LE TERRAIN  

On pourrait montrer les cartes successives des déplacements imposés par l'armée israélienne à la population de Gaza. Mais la décision de Netanyahou d'occuper la ville de Gaza change une fois de plus la configuration. Et là, les cartes sont mortes. Car, en fait, il n'y a pas un endroit de Gaza qui ne soit survolé par les drones de reconnaissance ou tueurs, pas un endroit qui ne soit bombardé, y compris quand on se trouve dans une zone dite « sûre», pas un endroit où les écoles, les hôpitaux et cliniques, les marchés, les lieux de réunion, les espaces agricoles soient épargnés. Alors, les cartes, elles ne disent que ce que veut dire Israël : dégagez, partez, faites de l'espace et concentrez-vous où nous l'avons décidé, jusqu'à nouvel ordre. 

Les Gazaouis sont assassinés. La famine sévit et tue. Les Gazaouis n'ont plus d'endroit où se réfugier. Chut! Le génocide suit son cours. 

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1 / Marianne Blume, « Gaza, vue d'Israël», Palestine n°?6, 2e trim. 2018. 
2/ Hay Hazkani et Tamir Sorek, "Yes to Transfer: 82% of Jewish /srae/is Back Expelling Gazans", Haaretz, 28 Mai 2025. 
3/ Meron Rapoport et Ameer Fakhoury, "How threats of a second Nakba went mainstream", +972mag, 23 juin 2022. 
4/ Marianne Blume, «Gaza, vue d'Israël», Palestine n°?6, 2' trim. 2018. 
5/ "Ram Ben Barak dit que ses propos sur /es réfugiés gazaouis ont été mal compris", fr.timesofisrael.com, 15 novembre 2025 
6/ Oter Aderet, "We Give Them 48 Hours to Leave': /srae/'s Plans to Transfer Gazans Go Back 60 Years", Haaretz, 5 décembre 2024. 
7 / « Sionisme : la politique de transfert des Palestiniens, des origines à nos jours», Beyrouth, Institut des études palestiniennes, 2006. 8/ Karen DeYoung et Cale Brown, "Gaza postwar plan envisions 'voluntary' relocation of entire population", The Washington Post, 2 septembre 2025. 

Introduction du dossier ”TRANSFERTS” : de la Nakba à la Riviera


INTRO
« Transferts » : de la Nakba à la Riviera 

«Transfert», «émigration volontaire», «relocalisation» ... Tout au long de !'Histoire d'Israël, ses dirigeants ont rivalisé d'euphémismes pour désigner le sort qu'ils entendaient réserver aux populations palestiniennes qui n'accepteraient pas de se soumettre: l'expulsion. Benyamin Netanyahou ne s'embarrasse pas d'autant de scrupules pour dissimuler ses intentions. Le nettoyage ethnique est désormais assumé ouvertement et prend les contours d'un génocide en mondovision, dont seuls quelques tartuffes feignent encore de douter de la réalité. 

Projet colonial de peuplement, le sionisme« réellement existant» a toujours caressé l'idée de débarrasser la Palestine de sa population indigène (pages 6 à 9). À Gaza, bastion de la résistance de longue date et épine dans le pied de l'occupant, Israël peut aujourd'hui rêver grand. Il se sait soutenu inconditionnellement par le président étatsunien Donald Trump, qui nourrit lui-même de sombres desseins néocoloniaux pour l'enclave, une fois celle-ci vidée de ses habitants: en faire la «Riviera du Moyen-Orient» (pages 10 à 13). 

Mais le reste du territoire palestinien n'est pas épargné. En Cisjordanie, les attaques conjuguées des colons et de l'armée font disparaître des villages palestiniens entiers, malgré la résistance héroïque de leurs habitants, notamment à Massafer Yatta, au sud de Hébron (pages 14 à 16). L'objectif officiel est désormais de concentrer la population dans des bantoustans isolés les uns des autres, menacés de subir, à terme, le même sort que Gaza (page 17).

Un premier article "Une obsession sioniste : se débarrasser des Palestinien", de Michel Stazewski, se trouve sur mon site de Larcenciel.

Un second article, GAZA : transfert, Nakba et Riviera, est repris ici. Il est écrit par Marianne Blume. En introduction, il reprend une citation de Israël Shahak, président de la Ligue israélienne des droits de l'Homme, (Revue d'études palestiniennes, 1988/4 N° 29, p.111) :

 «Je pense que l'expulsion organisée d'un peuple tout entier est une forme de nazisme, en soi d'abord, mais aussi parce que cela se termine nécessairement par une extermination. Les organisateurs du "transfert" sont par conséquent bien pires que les exécutants du massacre et méritent pleinement le nom de "nazis juifs"». 

Pour le reste du dossier, je vous recommande de voir directement PALESTINE, Bulletin de l'association belgo-palestinienne, n° 105 de juillet-août-septembre 2025.


B’Tselem et les médecins pour les droits de l’homme Israël: Israël commet un génocide dans la bande de Gaza

 https://www.btselem.org/press_releases/20250728_our_genocide

28 juillet 2025


Dans un nouveau rapport, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem décrit le développement d’un "régime génocidaire en Israël, œuvrant pour détruire la société palestinienne à Gaza". 
Physicians for Human Rights-Israel (PHRI)  a publié une analyse juridique et médicale documentant la destruction délibérée et systématique du système de santé de Gaza. Les deux organisations israéliennes appellent les Israéliens et la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour mettre fin au génocide, en utilisant tous les outils juridiques disponibles en vertu du droit international.

Le nouveau rapport de B’Tselem, publié aujourd’hui (lundi), déclare: «Un examen de la politique d’Israël dans la bande de Gaza et de ses résultats horribles, ainsi que des déclarations de hauts responsables politiques et militaires israéliens sur les objectifs de l’attaque, nous conduisent à la conclusion sans équivoque qu’Israël prend des mesures coordonnées pour détruire intentionnellement la société palestinienne dans la bande de Gaza. »

Le rapport présente des statistiques, des témoignages personnels et de la documentation qui brossent un sombre tableau d’une politique israélienne délibérée visant à détruire la société palestinienne à Gaza, parallèlement à l’incitation généralisée au génocide par les dirigeants politiques et militaires et dans le discours public israélien. B’Tselem avertit qu’Israël réplique déjà ses schémas de destruction et d’annihilation, actuellement mis en œuvre à Gaza, en Cisjordanie également – bien qu’à plus petite échelle – et qu’il existe un risque réel que le génocide se propage au-delà de la bande de Gaza.

 « Rien ne vous prépare à réaliser que vous faites partie d’une société qui commet un génocide. C’est un moment profondément douloureux pour nous », a déclaré le directeur exécutif de B’Tselem, Yuli Novak. Mais en tant qu’Israéliens et Palestiniens qui vivent ici et qui sont témoins de la réalité chaque jour, nous avons le devoir de dire la vérité aussi clairement que possible: Israël commet un génocide contre les Palestiniens. Notre génocide a un contexte", a poursuivi Novak. « Après des décennies de séparation, et de déshumanisation des Palestiniens, les horreurs de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 ont créé une profonde peur existentielle chez les Israéliens. Le gouvernement messianique extrémiste d’extrême droite utilise cette peur pour promouvoir un programme de destruction et d’expulsion. La vie de tous les Palestiniens, du Jourdain à la mer Méditerranée, est traitée comme sans valeur. Ils peuvent être affamés, tués, déplacés – et la situation ne cesse de s’aggraver. Le monde doit arrêter les crimes qu’Israël commet maintenant. »

Le rapport (https://www.phr.org.il/wp-content/uploads/2025/07/Genocide-in-Gaza-PHRI-English.pdf) de PHRI propose une analyse juridique et médicale détaillée de l’assaut militaire en cours d’Israël à Gaza, concluant que l’attaque répond aux critères du génocide en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, à laquelle Israël est signataire. 
L’organisation appelle également les communautés sanitaires et humanitaires du monde entier à agir d’urgence en réponse à la catastrophe humanitaire, qui exige une intervention immédiate et une solidarité mondiale.

 "Les preuves montrent un démantèlement délibéré et systématique du système de santé de Gaza et d'autres systèmes vitaux nécessaires à la survie de la population", indique le rapport de l'IRSP. 
« Cela comprend les attaques directes contre les hôpitaux, le blocage de l’aide médicale et des évacuations, ainsi que la tuerie et l’arrestation de personnel médical. Ce ne sont pas des dommages accessoires causés par la guerre – c’est une politique délibérée visant à nuire à la population palestinienne en tant que groupe. »

 « Israël détruit sciemment le système de santé de Gaza », a déclaré le Dr. Guy Shalev, directeur exécutif des médecins pour les droits de l’homme-Israël. « En tant que personnes qui croient en la sainteté de la vie, nous sommes obligés de dire la vérité: c’est un génocide, et nous devons la combattre. Pendant 22 mois, l'hôpital après l'hôpital a été attaqué, les patients se sont vu refuser un traitement vital et l'aide a été bloquée. Il s'agit d'un modèle de destruction clair et cohérent. Il est de notre devoir en tant que professionnels de la santé, et envers nos collègues de Gaza qui risquent leur vie pour sauver les autres dans des conditions impossibles, pour faire face à la vérité et faire tout notre possible pour les protéger. »

Les deux organisations critiquent sévèrement la communauté internationale, qui, que ce soit par un soutien actif ou par l’inaction, est complice des attaques d’Israël contre Gaza. Ils appellent les dirigeants du monde à utiliser tous les moyens disponibles en vertu du droit international pour arrêter le génocide d’Israël contre les Palestiniens.

https://www.btselem.org/about_btselem

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